Bordel, comme un tel film a pu sortir ? Code Hays par encore en vigueur ? Parce que bon, ça y va... Dans le film on a environ tout ce qu'il ne faut pas : filles qui se déshabillent et que l'on voit en petite tenue à plusieurs reprises (mais c'est toujours justifié, on a des infirmières qui se mettent en tenue de travail), des alcooliques, de la contrebande d'alcool, des contrebandiers sympathiques, de la violence faite aux femmes allant jusqu'à la faire saigner...
Je dois dire que j'ai été totalement surpris par ce film... Je ne savais rien du tout si ce n'est qu'il y avait Clark Gable (dans un tout petit drôle) et que c'était réalisé par le génial William Wellman. Et ça se voit, prenons par exemple la première entrée de Gable d'abord hors champ, puis on voit uniquement ses jambes, il se bat, jusqu'à que l'on voit ses oreilles décollées. Tout de suite ça introduit un personnage, laissant planer le doute lors de sa première apparition sur ses intentions bonnes ou mauvaises ? D'autant plus qu'il a l'air froid, mais qu'il vient quand même de sauver l'héroïne... Bref de quoi attiser la curiosité !
Et l'histoire en elle-même est plutôt simple mais bien amenée, au début on voit les pérégrinations de Miss Hart comme apprentie infirmière et on ne nous épargne pas grand chose, on ne sait pas ce qui va suivre, quelle sera l'intrigue, ni même s'il y en aura une. Et j'aime bien ça, ça ne correspond pas aux codes habituels du genre du policier. D'autant que nous avons là une héroïne... Bien que la situation semble assez grave c'est malgré tout un film plaisant et assez drôle avec deux seconds rôles (la copine infirmière et le bandit) assez sympathiques.
Le noir et blanc est vraiment beau et bien travaillé... Bref c'est un bon, voire très bon film ! Montrant encore que William Wellman en a sous le capot et qu'il est capable d'être un véritable audacieux, qu'il déborde d'idées toutes excellentes tout en sachant faire fi des conventions.
Voilà un film qui a une vrai teneur dramatique, l'histoire est assez terrible, mais tout est invraisemblable. On voit l'héroïne se débattre pour devenir infirmière, les quelques déshabillés de Miss Stanwyck sont très osé pour l'époque, le rôle de Gable n'est pas primordial, mais il joue le mauvais gars, il n'hésite pas à envoyer au tapis une femme d'un coup de poing. Ensuite tout est rocambolesque, malgré le sujet, plusieurs scènes portent à sourire. Bizarre mélange de mélo et de comédie, à moins que le réalisateur n'est pas fait exprès d'aller sur ce terrain. Gable, avec peu de présence, arrive tout de même à imposer sa stature.
Ce film, qui est le deuxième Pre code que je vois, est excellent ! J'adore le ton de ce film, qui mélange les registres. En premier lieu, on peut dire que c'est clairement une comédie, et une comédie vraiment brillante, où se rencontre un réel talent pour le comique de situation et une insolence jubilatoire, qu'il s'agisse d'aborder des sujets délicats, de dépeindre la bassesse humaine ou encore d'érotisme ! À côté de ça d'autres enjeux viennent se greffer mais chut ! Parlons plutôt de la magnifique Barbara Stanwyck ! Magnifique par son jeu d'actrice qui tient magistralement son rôle de nurse libre et sensible, magnifique aussi par le charme de ses sourires et mimiques, toujours pleins de douceur et d'élégance et aussi magnifique par sa taille de guêpe mémorable que le réalisateur n'hésite pas à nous offrir ! À côté d'elle ça joue très bien, pour l'ensemble des personnages, même les plus infimes et notamment le légendaire Clark Gable (bien qu'il faille s'accrocher pour comprendre tout ce qu'il dit quand on regarde en VO sans sous titre, vu son débit !) Bref, ce film est complet, bourré de qualités et d'une fraîcheur pre code exaltante ! A voir
Ce qui me frappe dans ce film de William Wellman ce n'est pas tellement les scènes de déshabillage des 2 infirmières qui ne sont pas du tout osées par rapport même à des films des années d'après code, mais le fait que ce film montre la violence des hommes sur les femmes, et la violence de certaines femmes sur des enfants. Bref des choses que l'on ne montre jamais même aujourd'hui et probablement que tout ces films du tout début des années 30 montraient et donc dénonçaient des faits bien plus politiques qu’une simple scène un peu déshabillée que montrera Hollywood dans les années post code jusqu'à aujourd'hui et je me dit que ce code Hays avait plus pour objectif l'autocensure politique et sociale que la simple vision de femmes en déshabillé que le cinéma US à multiplié tout au long des années 30, 40, 50 et 60. Pour cette découverte je donne 5 étoiles pour ce film révolutionnaire dans le sens politique du terme.