Avis sur Le Bourreau

"Le Bourreau" de Luis García Berlanga, a l'air d'une inoffensive comédie de mœurs, un rien satirique, sauf que le protagoniste, un employé des pompes funèbres, est forcé de reprendre le métier de son beau-père, qui part à la retraite : il devient le nouveau bourreau de la Cour de Madrid. Dans ces années-là, sous le régime franquiste, c'était l'exécution par étranglement, au garrot, qui était pratiquée. Berlanga et Azcona (scénariste et collaborateur de Carlos Saura ou de Marco Ferreri) ont eu la grande intelligence de doser leur satire pour maintenir un effet de réalité dans lequel le rire, subtil, se double toujours d'un sentiment d'effroi. Il en résulte un film très singulier et audacieux, au ton quasi comique, apparemment modeste, mais d'une grande pertinence. Pour ne rien gâter, "Le Bourreau" qui est coproduit par l'Italie, a pour acteurs principaux : Nino Manfredi et José Isbert, un célèbre comédien espagnol dans le rôle du bourreau. Remarquable en tout point.

En arpentant une prison dans le cadre de son travail, José Luis (Nino Manfredi), employé des pompes funèbres, rencontre Amadeo (José Isbert), le bourreau qui y exerce, puis sa fille Carmen (Emma Penella) qu’il épousera. Installé dans l’appartement de fonction de son beau-père, José Luis devient bourreau malgré lui pour éviter l’expulsion.
Dans cette comédie ironique et insolente, le réalisateur Luis García Berlanga joue habilement d’un humour noir et macabre. Bien que fortement opposé à la peine de mort, le cinéaste espagnol n’en fait pas son propos principal dans Le bourreau. Il questionne plus volontiers la soumission de l’homme à la société car, si la sécurité matérielle de José Luis est assurée c’est au détriment de sa liberté… Fidèle à ses habitudes, Luis García Berlanga traite son sujet avec distance ce qui ajoute une touche sarcastique au film et transgresse sciemment les tabous associés à la mort.
Dans l’Espagne franquiste, Le bourreau est un symbole et son message est idéologique. Ainsi n’entendons-nous pas de la bouche d’Amedeo à destination de son beau-fils que « là où il y a une loi, quelqu’un se doit, agréablement ou non, de la faire respecter ».

Pas mal, un sujet traité de manière original, des bons passages comme la scéne de l'exécution finale, excellente. Après ça tourne un peu rond tout de même.

Le thème de la peine de mort, adroitement traité sur un ton léger qui ne fait que renforcer le discours.
Un homme ordinaire, fossoyeur, sans trop de personnalité, se trouve entrainé par faiblesse et soumission aux événements qui vont le conduire malgré à devenir bourreau et appliquer le garrot à un condamné à mort espagnol.
Au delà de l'illustration de la barbarie du geste, est pointée la barbarie de la société et de tous les rouages, jusqu'au bourreau, nécessaires à son application/
Les personnages sont bien campés, ce sont finalement des personnes ordinaires avec leurs petitesses et leur banalité.
Le N&B est magnifique
Il y a des scènes absolument réussies, celles du début avec la découverte de ce petit homme vieillissant sa valise à la main qui vient de faire son œuvre, et celle forte de la fin, où le nouveau bourreau est trainé vers le lieu d'exécution par le directeur de la prison comme le condamné l'est par le personnel pénitentiaire
Un film qui date (1965) mais n'a pas vieilli. Un film rare et fort.

"El Verdugo" de Nino Manfredi. Un vrai petit délice de film qui dépeint avec humour l'ambiance de l'Espagne de l'époque. A voir sans modération.

Nino Manfredi époustouflant de bout en bout du film. Criant de vérité, il crève l’écran.
Pourtant très direct, franc et naturel, pas du tout naïf, tout le monde le manipule lui faisant miroiter des situations illusoires .
Il se retrouve dans un piège qui se resserre de plus en plus, prisonnier du système, ses illusions s’évanouissant au fur et à mesure, jusqu'à l'obliger à accomplir l'exécution finale, ce qu'il exècre au plus haut point.
Bravo pour les arguments capables progressivement de l’influencer malgré lui, aux scènes et aux évènements qui se succèdent dans un ordre opportun.
Nino Manfredi, un Italien Romain, parfaitement métamorphosé en espagnol.
Quel talent ! Et pourtant, il ne fait pas partie des acteurs italiens les plus connus.