Ayant un peu plus que huit ans d'âge mental, je n'avais pas prévu d'aller voir "Iron Man". Mais après une adaptation mollassonne d'Agatha Christie et un drame psychologique dépressif, et devant l'incurie de l'offre cinématographique, week-end de quatre jour oblige, pourquoi pas ?
Stan Lee, le créateur d'Iron Man (entre autres), explique la génèse du personnage : "Ce qui m'a poussé à créer un personnage comme Iron Man, c'est que je voulais tenter quelque chose qui change du super-héros habituel. En 1963, il incarnait tout ce que les jeunes lecteurs de l'époque ne portaient pas dans leur coeur : c'était un industriel qui inventait des machines de guerre. Je me suis dit que j'allais m'arranger pour que les jeunes le trouvent attachant en faisant de lui un type intéressant, riche, élégant et séduisant."
D'ailleurs, dans la version originale, ce n'est bien entendu pas en Afghanistan que Tony Stark était enlevé, mais au Viet-Nam, même si en 2004 Marvel Comic a réécrit sa génèse en plaçant l'épisode fondateur dans un pays d'Asie indéterminé. Donc, Iron Man est né d'une volontée de réhabiliter les marchands d'armes américains. Pourtant, au début de cette version cinématographique labellisée par Marvels Comics, Tony Stark nous est présenté comme un mélange de Charlie Wilson (pour le whisky et les petites pépées) et de Yuri Orlov (pour le cynisme mercantile), et s'il est indubitablement riche, élégant et séduisant, son intérêt moral demeure plus que douteux.
Mais suite à sa captivité dans une grotte afghane (le chef des terroristes est chauve et glabre, et toute référence religieuse est gommée, mieux vaut avoir un ennemi vénal que fanatique), Tony Stark découvre que ses armes servent aussi aux ennemis de l'Amérique, et ça, ça le troue (littéralement, d'ailleurs, puisqu'il se trouve équipé d'un pacemaker high tech) ! La naïveté étant une vertu américaine, on ne lui reprochera donc pas d'avoir ignoré ce que savent six milliards de terriens.
Au delà de la modernisation du contexte international, cette énième adaptation d'un super-héros de comics est très fidèle à l'histoire originelle, y compris les personnages de Yinsen, Rhodes, Potts et Obadiah. L'intérêt (relatif) de cet opus-là réside non pas dans ses ressemblance avec ses collègues de Marvel (Spider-Man, Superman et autre Batman) : super-pouvoirs, trahison d'un proche et super-baston finale contre son double, mais bien plutôt les différences avec la trame canonique. Ainsi, les duels sont assez peu nombreux, et on passe beaucoup plus de temps à voir Tony Stark tâtonner dans son labo à essayer de mettre au point son armure à mi-chemin entre Robocop et le Géant de Fer, qu'à le suivre dans des combats manichéens.
Du coup, et en l'absence d'un adversaire de la taille d'un Joker ou le Bouffon vert, on a le temps de s'intéresser au jeu à la limite du cabotinage de Robert Downey Jr, qui réussit à rendre sympathique un vendeur de mort, et peut-être plus encore dans sa période sans scrupule. Accompagnée par Gwyneth Paltrow qui campe une sorte de Miss Moneypenny assez savoureuse, il parvient à combler la légère indolence du scénario et le manque de surprise de ce nouvel avatar du genre préféré des studios en manque de créativité.
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