Étant donné le nombre d'années séparant Hélène de Troie à Troie (2004), il ne serait pas judicieux de dire que le récent l'emporte, malgré l'apport des techniques modernes dont les images de synthèses. La sculpturale Rossanna Podesta est d'une beauté mythologique. Elle ne joue pas Hélène. Elle est Hélène, lui conférant une dimension de femme sensible, mais brave et un peu tragique ce dont n'était pas parvenu Diane Kruger, un peu trop plate. Jamais Pâris ne fut aussi bien incarné que sous les traits du séduisant Jack Sernas, qui donne à son personnage un côté courageux, mature et romantique. Le reste du casting est parfait à l'exception de Torin Thatcher, très mauvais choix pour interpréter Ulysse, n'ayant pas la gueule de l'emploi. Jouer les méchants sorciers du Septième voyage de Sinbad et de Jack le tueur de géants lui sied beaucoup mieux.
Ceux qui ont vu et aimé Troie regretteront sans doute que le personnage d'Achille ait un rôle de bien moindre importance dans ce film-là, mais ce détail importe peu par rapport à l'intrigue respectée. Car si le film de 2004 se concentrait en grande partie sur le personnage d'Achille, Hélène de Troie se concentre surtout sur l'histoire d'amour de Pâris et Hélène et parvient à la rendre belle et émouvante ce qui n'était pas le cas dans le film de Wolfgang Petersen où elle était traité de façon trop académique et nous laissait de marbre. Là où le film est fort, c'est dans la mesure où son scénario, son esprit même, sont fidèles au mythe d'Homère. Les dialogues sont également très bons, mieux que ceux de beaucoup de péplums actuels.
Orchestré par la musique magnifique de Max Steiner et réalisé avec soin par le talentueux Robert Wise, le film est visuellement beau, parfois impressionnant. La bataille avec les tours d'assaut est un grand moment, et la fin continue d'émouvoir. L'émotion ne concerne pas seulement l'amour entre Paris et Hélène, mais d'autres formes d'amour ou d'affection comme le fait qu'Hector choisisse de combattre Achille à la place de son frère pour faire éviter la mort à ce dernier.
Vraiment, j'aime beaucoup Hélène de Troie et je trouve dommage qu'il soit assez oublié de nos jours, notamment en France. Il mérite d'être redécouvert. Sans avoir la carrure d'un Quo Vadis ou d'un Dix Commandements, Hélène de Troie demeure un vrai beau péplum ainsi qu'une excellente adaptation de l'Iliade.