Dans la saga des Bourvil je mets celui-ci dans un registre particulier, non pas à cause de son côté théâtrale, d’autres de ses films sont construits ainsi, ni dans le noir et blanc, fréquent à l’époque encore, mais plutôt par son compagnon : Bernard Blier, dans un rôle inhabituel pour lui (et il s’en tire pas si mal), et le huis clos dans lequel ils évoluent.
En effet, tout (ou presque) se passe dans le magasin, avec la famille. Arriver à monter un petit mélodrame avec si peu de choses c’est fort. Il faut dire que la plupart des acteurs jouent juste, sans fioritures, avec un style un peu passé peut être mais qui reste appréciable. De Funès fait une apparition, une de ses 1ère car il était peu connu à l’époque et courait le cachet, alors que Bourvil était déjà une star. Le texte est bien écrit, on passe vite des rires aux larmes, du léger au dramatique, de la camaraderie à l’inimité, de quiproquos en aveux. D’ailleurs il faut avouer que les dialogues nous font ressentir pas mal d’émotions, mais la culpabilité et l’empathie ressortent le plus, on se sent mal pour chacun et ça c’est rare. Sinon un peu d’humour, des décors et des costumes qui collent au sujet, une histoire pas banale d’hussards qui
fautent et laissent accuser un villageois qui va donc devoir être exécuté sur fond de guerre napoléonienne
, c’est sympa en somme, surtout que la morale finale est bien faite.
Qu’est-ce qui cloche alors ? Le reste. Déjà c’est long, un peu mou, et si le sujet est lourd la construction ne l’allège pas un peu, au contraire. En effet, pas mal de longueur qui cassent la continuité du récit et n’apportent rien, plus une fin limite incompréhensible car allant trop vite (et du coup on ne distingue plus qui est qui) dans un ensemble bien plus lent, ça fait beaucoup. La musique est pas mal mais ne porte pas non plus le long métrage, et en finissant en queue de poisson on ne part pas sur une bonne impression. C’est peu me dira-t-on mais ça gâche considérablement l’ensemble, dommage.