Avis sur Liens d'amour et de sang

Davantage associé à ses films d'horreur Fulci est pourtant loin de se limiter à ce genre qui lui a fort réussi la preuve avec Béatrice Cenci un film historique pas loin d'être magnifique. On peut faire quelques reproches à ce film son style parfois série B (mais série B de luxe) et une utilisation peu judicieuse des allers-retours dans le temps pour la clarté du récit mais Fulci sait raconter et mettre en scène avec un talent certain ce récit historique cruel (d'ailleurs le film comporte séquences sanglantes), certaines scènes sont d'une réelle beauté.

J'attendai beaucoup de ce film et j'ai été un peu déçu... Moin violent qu'on me l'avait fait paraitre, le film reste un bon drame historique qui se laisse regarder sans ennui

Jeune aristocrate du 16ème siècle, Beatrice Cenci devint célèbre pour avoir fomenté l'assassinat de son père, une sinistre crapule. Ce qui conduisit le gros de sa famille à l'échafaud. Son personnage historique inspira de nombreuses tragédies & peintures, ainsi que ce film de 1969, qui retrace assez fidèlement les événements.
Lucio Fulci n'était à l'époque pas encore le parrain du gore. Pour autant, il avait déjà un certain sens de la cruauté, dépeignant ces événements de manière pessimiste.
Car "Beatrice Cenci" n'épargne pas grand monde. Loin de l'image fine et raffinée qu'elle renvoie souvent, la Renaissance italienne est ici présentée comme une ère où s'enchaînent coups bas et machinations. Nos protagonistes sont davantage des meurtriers du dimanche que des héros tragiques. Tandis que quand ils ne sont pas dépravés en orgie, les corps sont soumis aux viols, exécutions, ou tortures !
L'occasion pour Fulci de livrer tout de même quelques scènes sanglantes. Et le réalisateur sait aussi construire son ambiance, avec des grands angles et des doubles focales qui mettent en avant les bassesses des personnages et la violence des situations. Tout en exploitant de bons décors & costumes.
Le montage a semble-t-il fait couler par mal d'encre. Car il faut dire que le choix est osé : le récit est présenté de manière complètement éclatée, avec des allers-retours dans le temps. Un procédé qui demande toute l'attention du spectateur, afin d'imbriquer peu à peu les pièces de l'intrigue. Cela pourra embrouiller ceux qui ne connaissent pas du tout l'histoire des Cenci, et perdre ceux qui regardent le film d'un oeil. Mais pour ma part, je salue l'énorme effort de montage pour que l'ensemble demeure cohérent, et j'ai apprécié cette construction qui donne plus de suspense que je n'imaginais.
Je terminerai en parlant des acteurs. Les jeunes et beaux Tomas Milian et Adrienne Larussa sont souvent vendus sur les affiches du film. Néanmoins c'est clairement George Wilson qui se taille la part du lion, excellent en aristocrate vicelard !

Un petit film des débuts de Lucio Fulci comme réalisateur quand il n’était pas encore devenu le spécialiste du « gore » à l’italienne. A priori l’histoire de Béatrice Cenci est un classique du cinéma italien traité de façon récurrente au fil des décennies. Le scénario est embrouillé au possible et il faut s'accrocher lors du prologue pour comprendre qui complote contre qui. La présence de quelques grands acteurs français comme Georges Wilson ou Raymond Pellegrin rehausse un peu le prestige du film mais ne lui confère pas un intérêt supérieur. Bref tout ceci est fort moyen mis à part quelques plans intéressants qui nous montrent que Fulci n’est pas manchot avec une caméra. Le plus du DVD demeure les bonus où deux interviews de Lucio Fulci nous montre comme souvent chez les metteurs en scène italiens une propension à la dérision et surtout à l’absence de langue de bois. Si après avoir entendu Fulci on n’a pas compris qu’il n’aime pas son comparse Dario Argento c’est qu’on est sourd. Pourquoi tant de rancœur ? Un peu de jalousie certainement car n’en déplaise à Fulci c’est bien Argento qui a réalisé « Suspiria » ou « Les frissons de l’angoisse ». Le propos du film est de nous montrer que déjà au moyen-âge l’état savait manipuler la vérité à son profit ce qui reste un peu court pour justifier un film tout entier.

Lucio Fulvi qui s'essaie au drame historique... J'étais curieux de voir le résultat. On retrouve son goût pour la violence et pour l'ambiance pesante même si on est encore loin de ses classiques d'horreur. Niveau costumes et décors, c'est certes loin du niveau des géants d'Hollywood mais ça reste convaincant. Et le film a l'avantage de traiter ses personnages sans manichéisme. Il n'y a ni gentils ni méchants et tout cela évoque un Game of Thrones avant l'heure. Cependant, la narration décousue du film et les flash-back pas toujours bien intégrés à l'intrigue m'ont fait par moment sortir de l'action du film.

Très bonne réalisation de Fulci pour ce film historique d'une femme s'opposant à son père empereur et bourreau. Une tragédie réussie avec une belle mise en scène