Ouaouh, brillantissime ! J’ai regardé ce film un peu par hasard, et un peu pour Kirsten Dunst qui est une actrice qui m’avait surpris dans Spider man et, il y a bien plus longtemps dans Small Soldier. D’abord, que les choses soit claires, il ne s’agit pas d’un film historique, Sofia Coppola l’assume, et il n’y a donc aucun jugement à porter sur le caractère anachronique de plusieurs éléments du métrage. Marie-Antoinette brille surtout par ses personnages. Tous magistralement interprétés, le couple Marie-Antoinette – Louis XVI (incarné par Jason Schwartzman) est vraiment brillant. Terriblement actuel, il est surtout terriblement émouvant, et le soin apporté à leurs relations par Sofia Coppola confine au génie. Bravo madame ! Les deux acteurs sont d’ailleurs sur le haut du panier (d’un casting époustouflant, plus à l’écran que sur le papier), Schwartzman parvenant à traduire toutes les ambigüités de son personnage (sans tomber dans les excès, connaissant les caricatures nombreuses sur Louis XVI). Kirsten Dunst ne déroge pas à la règle, elle est toujours aussi investie dans ses rôles, et là je dois dire qu’elle livre sa meilleure prestation (je n’ai pas encore vu Melancholia). Radieuse, continuellement émouvante, elle traverse le métrage, lumineuse, dans un film qui n’a pourtant rien de terne. Le scénario est très bien trouvé, et ne cherche pas à faire un biopic sur le personnage principal. Sofia Coppola comme souvent mène avant tout son travail sur les émotions et les sentiments, et cela dépoussière complètement l’approche traditionnelle des personnages historiques, souvent vu au travers de la Grande Histoire, et non de la petite, c'est-à-dire la leur. D’où le fait que Sofia Coppola arrête son métrage bien avant l’exécution du couple royal (un peu dommage car je crois que voir Kirsten Dunst monter les marche de l’échafaud aurait été aussi puissant émotionnellement que la fin d’Agora). Visuellement le film est magnifique, sucré et coloré à souhait, c’est un bijou de texture, de couleurs, de parfums, de goûts, bref il parle aux sens. Bien sur c’est du rocaille poussé à l’extrême, mais c’est là le mythe du « XVIIIème siècle », le siècle des plaisirs, de la joie de vivre, du libertinage, de la démesure, et ce n’est pas nouveau comme image d’Épinal. Visuellement c’est un film qui rend heureux. Les décors sont de toutes beautés, les costumes soignés à l’extrême, et la mise en scène de Coppola et virevoltante. Du tout bon. Au final Marie-Antoinette est parfait. Rythmé, doté de personnages parfaitement ciselés, impeccable du point de vue formel (la musique dont je n’ai pas parlé, pour ma part colle très bien au style du film), c’est une vraie perle. Détonnant, il fait passer un excellent moment, et, avec l’image salies (parfois à juste mais souvent à mauvais titre) du couple royal, un portrait un peu plus élogieux et humain était presque d’intérêt national. Dommage qu’il faille compter sur les américains pour utiliser aussi intelligemment notre histoire !