Chaque soir a neuf heures
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soniadidierkmurgia

1 282 abonnés 4 232 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 12 janvier 2022
Jack Clayton (1921-1995) a commencé sa carrière sous la houlette d’Alexander Korda (patron de studio et réalisateur) comme garçon de courses, puis monteur, pour devenir à son retour de la guerre producteur associé. Après deux courts-métrages, il réalise son premier long métrage avec « Les chemins de la haute ville » en 1959, drame social qui lui vaut une nomination à l’Oscar mais surtout permet à Simone Signoret d’être la première actrice française à décrocher la précieuse statuette. On ne pouvait rêver meilleurs débuts. Dans la foulée, il réalise avec « Les innocents », une adaptation du « Tour d’écrou » d’Henry James qui encore aujourd’hui fait référence dans le genre des films de maison hantée. A la suite, sa filmographie parcimonieuse se limitera à sept réalisations en près de trente ans de carrière. Dès « Les innocents », il montre son intérêt pour l’évocation du monde de l’enfance et de ses mystères qu’il mettra au centre de films comme « Le mangeur de citrouilles » (1964) ou « La foire des ténèbres » (1983). "Chaque soir à neuf heures" , une nouvelle de Julian Gloag a été présentée à Jack Clayton par un de ses amis proches. Le réalisateur est aussitôt emballé par le sujet dans lequel il peut voir une connexion avec « Les innocents ». La MGM acquiert les droits pour Clayton qui confie la rédaction du scénario à Jeremy Brooks. Le résultat, lui paraissant trop long et trop proche de la nouvelle, il confie à sa femme, Haya Harareet, actrice et écrivaine la mission de resserrer le récit et surtout de concocter une fin plus en cohérence avec le propos développé en amont. Le projet est donc lancé avec l’idée de faire de Richard Burton, le père des sept enfants de l’histoire. Mais le cachet de la star à prévoir fait reculer la production. C’est alors Dick Bogarde qui est choisi pour tenir un rôle plutôt à contre-emploi dont il se sortira très honorablement face à des jeunes acteurs très convaincants et déjà présents seuls à l’écran depuis près d’une heure. Dans une banlieue de Londres, vivent sept enfants avec leur mère malade et agonisante. Convertie à une déclinaison intégriste de la religion chrétienne indéfinie (le refus de se faire soigner peut faire penser aux témoins de Jéhovah), spoiler: elle a éduqué sa progéniture dans le culte du repli sur soi et de l’auto-suffisance. Quand elle meurt, il ne faut donc pas très longtemps pour que l’aînée, Elsa (Margaret Brooks) consciente de l’éclatement probable de la fratrie dans les orphelinats de la région, convainc ses frères et sœurs de dissimuler aux autorités la mort de leur mère et de continuer ainsi leur vie routinière. Après avoir enterré leur mère dans le jardin et y avoir dressé un sanctuaire à sa mémoire, les sept enfants se réunissent tous les soirs à neuf heures selon un rite étrange qui conduit la cadette Diana (Pamela Franklin) en transe à entrer spirituellement en contact avec la défunte pour recueillir ses consignes face aux décisions qui sont à prendre
. Le sujet parfaitement inhabituel par les questions qu’il soulève et le cadre dans lequel les personnages évoluent est admirablement traité par Jack Clayton qui s’y entend comme personne pour tirer le meilleur de ses jeunes acteurs. Aidé de son chef opérateur Larry Pizer, il parvient à créer une atmosphère très troublante où alternent candeur et rêverie des enfants avec une cruauté brutale consécutive à un apprentissage des rapports sociaux inachevé ou pas même commencé pour les plus jeunes. L’instinct de survie des enfants est minutieusement observé qui par la force du collectif et le recours à la ruse leur permet de venir à bout de la plupart des imprévus, y compris l’arrivée impromptue d’un père jusqu’alors inconnu qui va forcément modifier l’équilibre précaire qui s’était installé. La question centrale du film tient peut-être dans la capacité de résilience de cette jeune fratrie très hiérarchisée où les caractères semblent déjà très affirmés , pouvant peut amener à se demander si dès l’enfance chacun d’entre nous n’a pas déjà inscrites en lui, les principales limites et inclinaisons de son comportement futur. Moins célèbre que « Les innocents », « Chaque soir à neuf heures au moins aussi troublant et sans doute même plus inquiétant, montre un réalisateur au tempérament artistique affirmé et en pleine maîtrise de ses moyens qui aura préféré une production ramassée à l’appel des sirènes hollywoodiennes auxquelles il n’aura répondu qu’une fois pour la réalisation d’un « Gatsby le magnifique » (1974) ambitieux mais sans doute un peu trop lisse.
tomPSGcinema

804 abonnés 3 323 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 22 décembre 2019
Film de Jack Clayton que je visionne à chaque fois avec un très grand plaisir, "Chaque soir à neuf heures" possède une interprétation absolument magistrale de la part des jeunes comédiens et comédiennes, où l'on retrouve notamment Margaret Brooks, Mark Lester et Pamela Franklin. Mais ce n'est évidemment pas la seule qualité de ce long-métrage qui possède également une histoire bien touchante, une réalisation qui ne manque pas d'émotion et aussi une musique très mélancolique que l'on doit au grand compositeur George Delerue.
Cineseba
Cineseba

48 abonnés 623 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 26 février 2021
« Wouah ! Le film : « Chaque soir à neuf heures » m’a laissé à bouche par le côté très tragique dans le destin de 7 enfants de 4 à 13 ans, qui, pour ne pas être envoyés à l’orphelinat séparément, décident de garder le décès de sa mère malade, secret, de l’enterrer dans le jardin et .. de continuer leur vie comme si de rien n’était ! Leur père Charlie, absent depuis plusieurs années, réapparaît brusquement ... les enfants vont vite s’apercevoir Charlie n’est pas un mec bon, il est opportuniste ... Les enfants se rendent compte alors que leur fragile équilibre est menacée par cette arrivée ! Mais oui, on dirait un conte cruel !

Ce beau film m’a frappé par sa violence psychologique mais aussi sa sobriété, sa mise en scène objective qui filme sans jugement le quotidien des enfants orphelins. On suit impuissant leurs réactions contrastées entre elles selon leur âge et leur caractère, face à la mort de leur mère ! Les enfants les plus âgés sont plus désorientés, ils essaient de maîtriser la situation alors que les plus petits ne saisissent pas vraiment ce que la disparition de leur mère signifie ... ils réagissent tous différemment ! Mais, ils forment une incroyable osmose entre frères et sœurs ! Le casting des enfants est vraiment très bien choisis ! Leur interprétation est absolument haut à la barre ! Wouahou ! Ils sont spontanés, attachants et innocents ! L’enfant Mark Lester, âgé de 9 ans, m’a le plus impressionné par l’intensité palpable de ses émotions !

La séquence avec l’acteur Dick Borgarde menaçant les enfants devant la cheminée est d’une puissance incroyable ! Très dure, cette séquence ! Le jeu des lumières et la projection des couleurs sont superbement orchestrés ! On se croirait devant le film d’Alfred Hitchcock ! Assez réaliste, tout de même ! Le film « Chaque soir à neuf heures » est à la fois un conte cruel et un drame social. Il y a des thèmes : l’exploitation des enfants, la maltraitance envers eux et la suspicion d’inceste. Eh oui, c’est osé, c’est une très sombre confrontation entre le monde de l’enfance et le monde des adultes ! Le personnage de Dick Bogarde, le père indigne est monstrueux ... Enfin, ce film a de belles images ... tellement envoûtant par une formidable cohésion de la fratrie livrée à elle même face aux adultes ! Très saisissant jusqu’à la fin ! A découvrir et à revoir ce film ! J’ai beaucoup aimé ce film !
Jean-François S
Jean-François S

57 abonnés 668 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 30 octobre 2022
Six ans après son chef-d'œuvre "Les innocents", Jack Clayton tourne à nouveau avec des enfants. Et on passe de 2 à 7 cette fois ! Il va encore une fois exploité avec brio la faille de l'enfance laissée en jachère sans cadre familiale, tout comme il l'avait fait dans "Les innocents". Mais entre temps, un autre film aura marqué ce thème en Angleterre : "Sa majesté des mouches" de Peter Brook, qui narrait l'histoire une bande d'enfants rescapés d'un naufrage et qui était livré à eux-mêmes sur une île déserte. Peut-être que "Chaque soir à 9 heures" aura souffert d'être sortie après le film de Peter Brook sur un sujet avoisinant. Car il n'eut aucun succès en Angleterre, ne sortira que 6 ans plus tard en France et, à ce jour (2022), reste toujours inédit en vidéo !

Et pourtant tout est réunit pour être un chef-d'œuvre. Un casting extraordinaire, une réalisation subtile, une ambiance feutré, un scénario mêlant drame, trahison, manipulation, un peu de surnaturel, flirtant avec l'inceste... Non vraiment. Pourquoi ce film reste aussi méconnu ? Incompréhensible...
inspecteur morvandieu
inspecteur morvandieu

48 abonnés 3 077 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 18 décembre 2024
A la mort de leur mère, depuis longtemps malade et alitée, sept enfants prennent possession de la maison et, sous l'autorité de l'ainée, s'organisent pour cacher le décès et s'éviter l'orphelinat.
De cette situation insolite et triste, Jack Clayton tire un film grave, sensible et touchant. Fort bien secondé par l'interprétation solide de ses jeunes comédiens, Clayton, à la direction d'acteurs parfaite, met en scène un univers de l'enfance à la fois singulier -l'autogestion des orphelins, leur sévère éducation religieuse- et général, entre candeur et mots d'enfants. Le ton est juste, qui décrit de façon réaliste la débrouillardise de gamins livrés à eux-mêmes.
L'apparition, à mi-film de spoiler: leur pseudo père
(Dick Bogarde, excellent) ouvre une nouvelle perspective. Ce Charlie Hook au paternalisme insincère n'est sans doute qu'un noceur, un type cupide. C'est du personnage de Bogarde que proviendront les explications à nos interrogations concernant la fratrie.
Au terme de cet étonnant huis-clos, dans une demeure ancienne comme irréelle, le réalisateur résumera son sujet par un dernier plan particulièrement émouvant. Tout au long du film, sa rigueur détourne le cinéaste du mélodrame.
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