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    Belzec
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Belzec" et de son tournage !

    Belzec, village de l'horreur

    Belzec est un village polonais à la frontière de l'Ukraine. Au coeur de ce village, au bout de la rue principale, à cinq cent mètres de la gare, fut construit entre le mois de novembre 1941 et le mois de mars 1942, le premier des trois camps d'extermination, avec ceux de Treblinka et de Sobibor, de l'Aktion Reinhard, le plan nazi d'extermination des Juifs du Gouvernement général (les Juifs des territoires de la Pologne occupée). Le centre de mise à mort de Belzec a fonctionné du mois de mars 1942 au mois de décembre de la même année. Sa destruction intégrale par les nazis, avec l'effacement des traces de l'extermination, eut lieu dans les premiers mois de l'année 1943, soit presque un an avant le démantèlement des camps de Sobibor et de Treblinka. La commission polonaise d'investigation sur les crimes nazis en Pologne mise en place en 1946 concluait dans son rapport qu'au moins six cent mille Juifs étaient morts assassinés au camp d'extermination de Belzec.

    La rencontre de Moscovitz avec le lieu

    Guillaume Moscovitz, le réalisateur de Belzec, évoque sa première venue dans le village polonais et la raison pour laquelle il a ressenti le besoin de faire le film. "Lorsque j'ai été à Belzec pour la première fois, en avril 2000, j'ai été, au sens propre, sidéré de voir qu'il n'y avait rien à voir, un petit bois, une forêt, des arbres, une clairière, finalement un paysage extraordinairement banal", raconte-t-il. "Mais cette nature avait quelque chose de tout à fait effrayant, de presque irréelle. Ces arbres avaient été plantés par les Allemands une fois l'extermination terminée pour nier l'existence du camp. Tout est parti de cette image et du lieu lui-même, de la confrontation avec la réalité de ce lieu. Cette image était la négation de la réalité, ces arbres plantés par les Allemands étaient la négation du crime, la négation de l'extermination. J'étais avec un historien qui me montrait où étaient les baraques, les fosses, les chambres à gaz... Il y avait l'image réelle – les arbres, la clairière – et cette image visible était la négation de l'image que produisait en moi le récit de l'historien. Il y avait dans le jeu de ces deux images, quelque chose d'hallucinatoire, de littéralement sidérant. C'est de cette confrontation avec la réalité de l'effacement, avec la violence de cette réalité qu'est né le besoin de faire ce film."

    L'enfant cachée

    Guillaume Moscovitz s'exprime sur le témoignage de Braha, une enfant juive cachée dans le village à l'époque du camp d'extermination : "Nous avons retrouvé Braha en Israël. La question s'est très vite posée du statut de son témoignage par rapport au reste du film. Rudolf Reder et Chaïm Hirzsman furent les deux seuls survivants du camp d'extermination de Belzec. Tous les deux étaient morts depuis longtemps lorsque nous avons commencé la préparation du film. Cette absence de survivants est un des points nodaux du film. Braha est une survivante, mais qui n'a pas vécu le camp, une survivante qui n'a rien vu, cachée dans un trou, retranchée du monde des vivants, cachée parmi les morts. Elle ne témoigne pas de l'effacement des traces de l'extermination ou de l'extermination elle-même, mais des effets, en elle, des disparitions collectives. (...) Son récit où elle raconte cette enfant cachée qu'elle a été, cette enfant retranchée du monde des vivants, est en quelque sorte à la fois le contre-champ des témoignages des habitants du village, et le contre-champ du camp d'extermination, de cette matérialité de l'extermination."

    Négation de vie et de mort

    Guillaume Moscovitz explique que "l'entreprise d'extermination des nazis ne s'arrêtait pas aux meurtres des vies, il continuait avec la destruction des morts. Il y a dans cette nature à Belzec, dans cette nature qui a poussé sur les cendres des cadavres juifs toute la volonté folle des Nazis de réduire les Juifs à cet état de nature, à cet état d'herbe blanche, la volonté de nier non seulement la vie, mais aussi la mort de ceux qu'ils avaient assassinés."

    L'influence du "Shoah" de Lanzmann

    Guillaume Moscovitz explique que le Shoah de Claude Lanzmann a été une grande influence pour lui : "Quand j'ai vu le film à sa sortie au cinéma en 1985, j'avais 16 ans, ce fut une expérience extrême, et je peux dire que ce film ne m'a plus quitté depuis. Lorsque Claude Lanzmann énonce son refus de comprendre, lorsqu'il dénonce l'obscénité absolue du projet de comprendre, il définit ce refus comme la seule attitude possible éthique et opératoire à la fois. Il parle de l'aveuglement comme "seule façon de ne pas détourner son regard d'une réalité à la lettre aveuglante, un mode plus pur du regard, la clairvoyance même". Ce refus de comprendre est l'exact contraire du renoncement, il garde hautes les exigences de savoir et de vérité, il est la seule manière de garder l'oeil ouvert, la seule façon pour le regard de faire face, la seule façon de ne pas perdre connaissance, au sens propre comme au sens figuré, dans le vertige qui nous saisit devant la violence de l'extermination."

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