Ayant un gros penchant affectif pour Delmer Daves je vois sans doute plus les qualités de ce film que ses défauts, les deux en réalité doivent s’équilibrer. Pourtant, il n’a pas d’excuses pour ces derniers car il aurait pu facilement corriger quelques détails de son scénario avec l’aide d’amis bienveillants. Le plus gros reproche concerne Alan Ladd qui tient ici son pire rôle, il contredit à lui seul les propos humanistes de Daves tant il est peu crédible et 60 ans plus tard cela se ressent encore plus. La scène tragique de la négociation de paix est surréaliste, elle aussi aurait du être modérée. Tous les autres acteurs sont excellents et bien dirigés, notamment les deux femmes parfaitement à leur place. La grande qualité du film provient de sa mise en scène liée aux déplacements des cavaliers et à l’incorporation judicieuse des extérieurs, Daves y excelle comme en témoigne les lointains et le combat dans le torrent. Le scénario est de bonne qualité tant il est à la fois documentaire, riche d’enseignements sur la nature humaine, sans concessions (les scènes de massacre des colons sont traumatisantes) et qu’il finit par déboucher sur la paix une fois le prix du sang payé. Charles Bronson tient en Captain Jack un rôle qui lui convient à merveille, il compose ici un personnage de brute stupide, bouffie d’orgueil, fasciné par la violence, faible devant ses mauvais conseillés. Il le rend crédible de bout en bout.