Commencement presque abstrait tant la blancheur du désert de sel irise tout : c'est comme au théâtre, parfois on n'a besoin rien de plus que du texte, et de quelqu'un pour le proférer. Dans l'épure, on atteint une puissance, lavée de tout superflu, on git au cœur de ce dont il s'y agit : un homme, une femme, l'enfant. Mais ici le décor est essentiel. Tellurique. La glace, le feu, les roches volcaniques, désertiques, les ciels lourds, chargés, le "silence" des étendus, des souffles, et des visions : l'enfant dont le visage émerge d'une anfractuosité de la grotte, tel un putto, ou joufflu sur son nuage mousseux ; un cercle de feu ; le chant de Nico ; Pierre Clémenti qui chevauche nu sa monture, un carquois rempli de flèches, la bride dans une main, un arc dans l'autre, qui fait don d'un âtre portatif à l'Enfant de la Nature ; la séquence du geyser ; aucun sous-titre ; aucune autre médiation que la parole, la poésie ; elle ne peut pas vivre sans lui ; comme toujours, le contexte personnel (couple) et politique, immédiat après-révolution