Avis : Pola X - Page 2

4ème long métrage de Leos Carax et adaptation d'un roman d'Herman Melville.
Le film nous raconte l'histoire d'un jeune auteur qui découvre un jour l'existence de sa soeur, s'ensuit une fuite engendré par un amour incestueux interdit.
Après les Amants du Pont Neuf, on pouvait s'attendre à ce que Carax nous livre à nouveau une histoire d'amour dramatique, et c'est le cas. Seulement, là ou les Amants était, selon moi, une vraie réussite, aussi bien visuelle que narrative, Pola X nous entraîne dans un voyage sans grand intérêt. De plus, le film se voudrait glauque, via des effets de noir très stylisé, seulement celui-ci s'embourbe vite dans ses propres effets de style et sa narration lente et parfois confuse.
Le film a, à l'époque, choqué à cause de sa scène de sexe non-simulée, qui, finalement, n'a rien de choquant ni de marquant et qui au final ne reste q'une scène parmi les autres : trop stylisée et assez inintéressante.
Malgré tout, on retiendra l’interprétation de Guillaume Depardieu, qui excelle en dépressif amoureux de sa soeur et enclin au suicide.
Au final, on ne retiendra ce film que parce que celui-ci est l'oeuvre d'un cinéaste à part, bien que moins bonne que ses autres réalisations.

Quand le Paradis devient l'Enfer et que l'Enfer devient le Paradis, cela donne... Pola X. Un film d'une beauté inouïe et d'une sensibilité enchanteresse. Là où un autre cinéaste aurait pu se perdre, Carax se retrouve pour nous offrir l'un des plus beaux poèmes du paysage cinématographique français. Chaque scène possède sa sensualité : une odeur, un contact charnel, une vision maléfique... Leos Carax fait moins appel à notre bon sens qu'à nos sens. Pola X est une oeuvre emplie d'affects, de couleurs, de sensations. Impossible de ne pas penser au Rêve Familier de Verlaine en le regardant : ce même trouble évoqué par les images, cette réminiscence semblable qui vous hante longtemps après le visionnage. Certes, le film commence comme un beau conte de fées... Mais il se termine comme un cauchemar brutal, sans aucune échappatoire. Guillaume Depardieu, beau comme le diable, trouve là un rôle magnifique aux côtés d'une actrice russe légèrement agaçante ( seul défaut mineur ). C'est toujours un plaisir de voir Laurent Lucas, confondant de naturel et de cynisme. Leos Carax signe donc un chef d'oeuvre à la fois pudique et charnel, harmonieux et chaotique, dans lequel Pierre s'évapore tel un anonyme, une ombre, un fantôme, perdu dans l'infernal Paradis de son existence. Pola X redonne ses lettres de noblesses au cinéma français. Certains pourront le considérer comme hermétique alors que c'est là toute sa force : Tout ce qui est profond demande un voile, disait Nietzsche...

Encore beaucoup de bruit pour rien un film empesé, boursouflé, des dialogues forcés, des scènes souvent ridicules.
O étoiles comme ça on pourra vraiment parler de réalisateur maudit.

C'est Rivette je crois qui disait que ce film était le plus beau vu (selon lui) des années 90.
Dit comme ça on peut simplement se dire que c'est l'avis d'une personne, une seule, et que finalement ça ne veut rien dire.
Pour autant, plus le temps passe, plus je me dis que tous les films de Carax ont le potentiel d'un chef d'oeuvre. Le potentiel, qui plus est est exploité, il est dans chacun de ses films, et je me dis que si toutes les personnes avaient la chance de voir tous les Carax, chacun pourra trouver celui qui lui convient le mieux et trouver son chef d'oeuvre, son Carax.

Et indéniablement Pola X peut faire partie de ceux-là. Alors oui la note prouve bien que ce n'est pas un chef d'oeuvre pour moi, pour la simple raison que Carax va tellement loin qu'il m'a été difficile d'être totalement "dedans". Mais il suffit d'y être, et dans ce cas-là Pola X est un trip auquel on a rarement le droit de voir dans un film.
Il y a une telle audace chez ce réalisateur, c'est bluffant. Un tel sujet, la manière dont il est exploité, c'est typiquement le truc que je trouverais normalement "too much", et Carax fait du too much, mais à sa sauce ça passe crème.
Alors oui c'est ultra WTF, des séquences longues incompréhensibles, des moments d'égarement où l'on est en plein dans le délire de Carax, mais quand on regarde le film dans sa globalité, le sujet traité, qui somme toute est très classique, et même peut-être trop pour un cinéaste type Carax, eh bien non il se donne à fond, nous emmène dans le délire du héros, finalement il y a tous les hauts que le génie appelle et certains bas qui vont avec, comme dit plus haut, et c'est ce qui m'empêche d'être unanime sur ce film ; l'idée est pourtant là, car l'audace, le talent, l'impétuosité de Carax, qui s'allie avec ce scénario presque théâtrale (une simple lutte des classes, histoire prise et reprise depuis fort longtemps), pour nous donner un film extrêmement original, un Carax quoi, qui sort des sentiers battus, et qui nous éblouit de son génie.

Un film singulier. Un peu long parfois, un peu confus aussi. Mais globalement intéressant. Noir, très sombre, et froid. Porté par un Guillaume Depardieu excellent, transcendé, tout bonnement génial. Pola X ou comment montrer la décadance d'un homme, des gens autour, de toutes ces vies bousculées. Léos Carax nous présente ces personnages complexes d'une manière originale, un peu décalée. On en sort changé, marqué par ce film qui est une épreuve, une expérience pour le spectateur.

Pierre est un écrivain à succès vivant aux côtés de sa douce et jolie fiancée dans un château en pleine nature, allusion probable au conte de fées. Pourtant, Pierre va se détourner de cette vie dorée pour accompagner dans des pérégrinations erratiques, clochardisantes, une jeune fille mystérieuse, réfugiée bosnienne et comme incarnant les malheurs du monde.
On se perd en conjectures devant la complexité de récit de Leos Carax, devant les effets de style de sa mise en scène, les intentions obscures du scénario ou l'énigme des personnages. En tout état de cause, le personnage de Guillaume Depardieu apparait le double de Carax dans ce qui pourrait être une parabole sur la création artistique.
La mystérieuse Isabelle révèle au jeune auteur de romans merveilleux, jusqu'alors bien au chaud dans son romantique cocon, la nécessité d'épouser la misère et les maux de cette fin de siècle. C'est à la fois la condition pour écrire une oeuvre majeurs et le devoir d'engagement de tout créateur. Fortement symbolique (voir notamment les modes opposés qu'expriment les deux jeunes femmes du film), parfois poétique et onirique (l'évolution de Pierre comme dans un cauchemar), le film est ambitieux mais hautain dans son expression artistique ampoulée, sa rhétorique sans simplicité et parfois maladroite. La sophistication du récit et le cheminement brouillé, déroutant, des personnages, outre qu'ils agacent, laissent le plus souvent le spectateur hors du drame.

Ce film est une “modernisation” d'une oeuvre de Melville (l'écrivain, pas le réalisateur) mais pas complétement : les enjeux semblent dater d'une autre époque, le romantisme aussi, une époque où l'aristocratie pouvait vivre sans se soucier des banalités de ce monde, mais aussi une époque où attraper froid pouvait être mortel. Ce décalage est osé et est selon moi l'intérêt majer du film. Guillaume Depardieu est très bon dans son rôle. Pour le reste on est tout de même un peu déçu du manque d'idées du réalisateur de Boys Meets Girls. Le temps de quelques travellings suivants le pas de courses des êtres animés par l'amour, l'ancienne ardeur semble renaître puis se rééteint. Dommage.

juste "PIERRE tu est Mon Frere il faut Me croire , Pierre!!!"
C'est a dire Deseperant