Un petit bijou d'interprétation et de cynisme. Topaze est probablement le chef d'œuvre de Pagnol, avant qu'il imprègne ses œuvres suivantes de moralisme et de pleurnicheries. Ici Pagnol jette un regard lucide sur la nature humaine, lucide mais tellement vrai et quasiment universel quoiqu'en dise la foule des "pas moi" ! Gasnier a eu l'intelligence de raccourcir la pièce sans en édulcorer quoique ce soit et de la rendre cinématographique. Aux côtés de Jouvet débutant au cinéma mais déjà grand, nous avons une sémillante Edwige Feuillère, le trop rare et talentueux Paul Pauley et dans un petit rôle le toujours bienvenu Pierre Larquey et on se régale et on en redemande !.
Adaptation de la pièce de Pagnol. Un professeur, trop honnête, victime d'un directeur borné, devient à la suite d'une rencontre, un homme riche et puissant, mais qui a laissé sa morale de côté. Il devient alors admiré de tous, même de ceux qui auparavant l'avaient rejeté. Assez bonne adaptation, qui vaut surtout pour le jeu des acteurs (Jouvet, Larquey, Feuillère), car la réalisation est plutôt plate, bien qu'il existe de bonnes séquences. Un film d'acteurs, donc. Quant au thème principal : morale et réussite sociale, il est toujours d'actualité.
Version 1932 de Louis Gasnier, d’après la comédie de Marcel Pagnol avec un Louis Jouvet excellent dans le rôle du naïf, un humour latent et une charge véhémente contre le pouvoir et l’argent. Dialogues savoureux mais montage pataud.
On connait le sujet de Pagnol, précisément à travers l'adaptation que l'auteur lui-même tourna avec Fernandel 20 ans après cette version. L'intègre Topaze est mis à la porte de la pension Muche en raison même de sa probité et de sa loyauté; puis, prêtant son concours d'homme de paille à un élu corrompu, il se résoudra à devenir un affairiste véreux. Aboutissemnt logique, selon Pagnol, considérant une société où l'argent et les compromissions favorisent la réussite bien plus sûrement que l'honnêteté et la vertu. La version de Louis Gasnier est condensée et, par conséquent, elle étaye moins le propos de Pagnol, en même temps qu'elle atténue la forme théatrale du sujet. Historiquement, ce "Topaze" reste surtout lié au premier rôle au cinéma de Louis Jouvet, lequel, dès lors qu'on juge la réalisation de Gasnier très quelconque, est l'attraction du film. Jouvet n'est pas sans mérite: les coupes opérées dans le texte par le metteur en scène entament l'intérêt de son personnage. Dans une très raccourcie première partie du film (la meilleure de la pièce, y compris dans la version avec Fernandel), Jouvet impose la silhouette cocasse d'un brave type effacé et osseux, mal engoncé dans un costume trop court. La suite est plutôt décevante, où le comédien subit des scènes bavardes dans lesquelles transparait rarement la saveur des textes de Pagnol. Le film, alors, n'est pas loin d'être ennuyeux.