Malheureusement pour lui, Juan Solanas ne s’appelle pas Terry Gilliam, Christopher Nolan ou encore Peter Jackson. Plein d’ambition, le jeune cinéaste se lance la tête en avant dans l’adaptation d’un script pas piqué des verres qui voit la deux mondes se côtoyer, l’un d’en haut, l’autre du bas. Tout est ici question de gravité, une notion fondamentale que Solanas lui-même aura parfois omit de prendre en considération, cela pouvant être paradoxale du fait qu’une grande partie des faibles richesses d’Upside Down viennent de cet effet de gravité inversée. Sans doute trop ambitieux, le réalisateur, au même titre que ses acteurs, Kirsten Dunst et Jim Sturgess, se seront fourvoyés en passant écrire l’histoire. Oui, un tel film, bien réalisé, suffisamment développés, aurait mérité une attention toute particulière.
S’il évoque un monde pour le moins curieux, donc très ciné génique sur le fond, Juan Solanas n’en fait cependant que le théâtre d’une histoire d’amour qui voit deux entités séparées par le bon sens et les mœurs légales tenter de se rapprocher l’une de l’autre. L’homme du monde d’en bas étant amoureux de la femme du monde d’en haut, comment faire pour les réunir? Ecrire avec les pieds? Cela n’étant sans doute pas la solution, et pourtant. Oui, alors qu’on peut aisément se montrer sévère avec le travail de Solanas, c’est parce que le cinéaste aura gâcher l’énorme potentiel d’un tel sujet. L’inversion des gravités ne devient qu’illusoire face à cette romance anodine qui contraint le scénariste et le réalisateur à dépasser les limites pour faire battre les cœur. Tellement occupés à faire de retrouver ses personnages, Solanas aura bafouillé sur les principales qui régissent son concept. Oui, que l’on ne soit pas d’un tel monde n’empêche pas le sang de monter à la tête alors que tout est rattraper par sa propre gravité.
La guimauve d’un tel film est d’autant plus malvenue qu’artistiquement, Solanas n’aura pas été à la hauteur du budget. Sans doute par opportunisme, le cinéaste aura choisi les teintes blafardes, les contrastes étriquées et une optique arrondie au bon sens, à la qualité visuelle d’un Inception, pour ne pas en citer d’autres. Pire encore, les effets visuels d’Upside Down sont en grandes partie d’une qualité non seulement discutable mais carrément à flanquer aux oubliettes. Une explosion de lumière criarde, de fonds d’écrans peu ragoûtant venant corrompre toute tentative de faire le spectacle en confrontant le haut et le bas. Mais c’est finalement dans l’évolution des personnages, lors de quelques scènes d’action, que Solanas démontre toutes ses faiblesses de créateurs. Pour parler franchement, quelques séquences sont au bas mot catastrophiques.
Ne jetons toutefois pas toute nos pierres au faciès de l’équipe du film qui aura tout de même esquissé la possibilité de vendre du rêve. Le concept est par-dessus-tout, ses défauts majeurs, une formidable source d’imagination, sans compter sur un petit lot de séquences fortes amusantes qui voient les personnages diverses s’amuser de la gravité. Les séquences tournées en intérieur sont, qui plus est, à l’inverse de celles extérieures, très attrayante pour l’œil, sans compter sur une très faste notion du comportement des objets dans cette univers étrange. Du bon mais beaucoup de mauvais pour Upside Down, un film mal accueilli à sa sortie, un fait on ne peut plus compréhensible. 07/20