Je ne suis pas un fan des films à gros budget pour la simple et bonne raison que, la plupart du temps, le résultat est fainéant : très peu de recherches effectives, beaucoup d'argent dépensé, des acteurs plus ou moins dirigés (pour le peu de scènes qu'ils doivent faire eux-même, on ne va pas trop se fouler...), bref la plupart du temps c'est à ça qu'on arrive ! Le pire : c'est que ça marche ! Le public en redemande !
Avouons-le, les films de Spielberg jusque-là ne sont pas à assimiler à ce constat. « Jurassic Park » ne fait en effet pas partie du lot ! On décrit Spielberg, à raison, comme un visionnaire. Personne avant lui (ni après lui d'ailleurs) n'a pu atteindre le sommet qu'il a atteint. Beaucoup ont essayé, se sont vus portés par l'inspiration que leur prodiguaient ses oeuvres mais jamais personne n'a réussi à en approcher la qualité. Quel que soit le sujet abordé : Spielberg impose son nom (film pour enfants, science-fiction, horreur, comédie, etc...). Même « La liste de Schindler », fortement concurrencé par « Le pianiste » garde la première place en son genre.
Je disais donc que je n'approuvais généralement pas les gros budgets. Ceci dit, à budget égal : comparez un projet Spielberg à un projet J.J. Abrams par exemple, pour ne citer que lui... Vous constaterez un monde de différence ! On a vu ce que Spielberg pouvait faire avec trois fois rien : un chef-d'oeuvre « Duel ». Il fallait que ce grand monsieur travaille avec un budget plus conséquent ! Heureusement ce fut le cas et il nous a concocté des petits trésors.
Jurassic Park est victime de son statut culte ! J'ai vu ce film de très nombreuses fois enfant, je l'adorais comme tout le monde... Aujourd'hui, il est entré dans les moeurs, dans la « normalité », comme s'il avait toujours existé, donc sous-évalué. On ne se rend plus compte à quel point ce film est monumental, en avance sur son temps ! Ce film date de plus de 20 ans et ce qu'on voit à l'écran a gardé la même efficacité-crédibilité que lors de sa sortie ! Il vieillit et vieillira très bien ! Aujourd'hui j'ai grandi, cela faisait plus de 10 ans que je ne l'avais plus visionné, je l'ai regardé hier avec une certaine crainte. Une crainte de salir le souvenir que j'en avais. Dieu que j'avais tort ! Ce que j'ai revu dépassait mes attentes !
Le film propose deux parties très différentes : une première de l'ordre du rêve, de la magie, de la découverte, et une deuxième de l'ordre thriller ou du film catastrophe.
Très vite, nous rencontrons de nombreux personnages tous plus attachants les uns que les autres : d'abord le personnage de Sam Neill en paléontologue passionné. Il a la certitude de comprendre les dinosaures mieux que quiconque, les comparant souvent à des oiseaux. Ce personnage est encore plus certain d'une chose : il ne veut pas d'enfant ! Pourquoi ? Parce qu'il ne parvient pas à les comprendre, eux... Et puis il tient à sa liberté qu'il consacre à sa véritable passion : la recherche ! Sa femme, elle, partage sa passion pour les dinosaures mais désire un enfant. Il est d'ailleurs très amusant de voir ces deux personnages évoluer dans cette histoire qu'ils seront amenés à vivre ou plutôt à survivre en compagnie d'enfants. Le couple fonctionne très bien et Sam Neill trouve en « Jurassic Park » l'un de ses meilleurs rôles. Le personnage incarné par Richard Attenborough est rencontré ensuite ! Célèbre pour ses réalisations soignées, il a aussi à son actif une immense carrière d'acteur et donc un passé chargé d'expériences diverses qu'il peut mettre au profit de son rôle. Il incarne l'inventeur du Jurassic Park, rien que ça ! Un personnage rêveur qui a « dépensé sans compter » pour réaliser ses rêves. Ça ne vous rappelle pas quelqu'un ? Mais oui bien sûr : Spielberg lui-même. Spielberg a, en plus de ses oeuvres personnelles, financé énormément de projets dont il n'est pas le réalisateur ! Lui aussi a dépensé sans compter pour réaliser ses rêves ! Finalement, ce n'est pas un hasard si le choix s'est porté sur Attenborough pour le rôle. Quand on voit « Gandhi » par exemple, on ne peut qu'être émerveillé par la splendeur des plans. Attenborough est également un grand rêveur qui n'a pas hésité à prendre des risques financiers pour donner vie à des chefs-d'oeuvres ! Il joue en fait son propre rôle, sa passion cinématographique est simplement transposée en une passion pour les dinosaures. Il crève littéralement l'écran : cet homme finalement à l'origine du drame de l'histoire ne nous inspire que de la sympathie et une certaine... compréhension. J'en arrive enfin à parler du grand Jeff Goldblum ! Nul ne le conteste : il est génialissime ! Il amène l'humour nécessaire au film et quel humour, impossible d'oublier l'excellente réplique « Auriez-vous projeté de mettre des dinosaures dans votre parc à dinosaures ? », il parvient à switcher avec l'angoisse lors de la fameuse poursuite voiture vs T-Rex. Quelle performance ! On est sans cesse heureux de le voir à l'écran ! Ce n'est pas un hasard s'il hérite du rôle principal dans la suite « Le monde perdu ». Nous étions déjà tous certains de son talent depuis « La Mouche » de 86, il le confirme ici !
Que d'ingrédients mélangés pour notre plaisir ! Le tout accompagné par la musique culte de John Williams fidèle associé de Spielberg.
Côté crédibilité, le scénario a été travaillé afin qu'on ne puisse pas se poser ce genre de questions ! L'explication scientifique n'est jamais ennuyante, au contraire, celle-ci est captivante, finement abordée dans la partie « rêve et découverte » du film, elle est accompagnée de beaucoup d'humour. La partie thriller-catastrophe est impressionnante, elle commence par l'attaque du T-Rex et s'achève par
le « sauvetage » involontaire... du T-Rex
. Entre ces deux séquences, on nous sert des scènes d'anthologie : la fabuleuse scène dans la cuisine avec les vélociraptors (stressante à souhait), le passage de la clôture électrique, l'eau tremblante annonçant une approche hostile. Finalement ma seule note négative est dirigée vers le passage qui m'avait le plus choqué étant môme : celle du bras coupé... Elle n'apporte rien au film et... ce bras qui arrive sur l'épaule du personnage d'Ellie, il tombe d'où et pourquoi ? Seul passage inutile du film... Facilement pardonnable tant l'ensemble est grandiose !