Bien que né en Tchécoslovaquie en 1926 et ne comptant que neuf films à son actif, Karel Reisz est encore aujourd’hui considéré comme un réalisateur important du cinéma britannique. Une réputation largement justifiée tant sa courte filmographie est passionnante. C’est en 1960 en tant qu’initiateur du « Free cinema » (moins renommé et prétentieux que la Nouvelle Vague française mais largement aussi passionnant) aux côtés de Tony Richardson, John Schlesinger et Lindsay Anderson qu’il se fait connaître avec « « Samedi soir, dimanche matin » où se révèle Albert Finney. Film d’un réalisme frontal sur la vie tout à la fois rude et monotone du prolétariat anglais. Après un remake réussi mais passé inaperçu de « La force des ténèbres » de Richard Thorpe (1937), il aborde la comédie loufoque sur fond de confrontation sociale avec « Morgan, fou à lier » qui est pour beaucoup, considéré comme son chef d’œuvre. David Warner encore débutant incarne avec bonheur l’un de ces personnages complétement en décalage ou en rébellion face à leur environnement qui peupleront la filmographie de Reisz. Morgan Delft, fils de prolétaires entièrement convaincus par l’émancipation à venir grâce au communisme, est un peintre plutôt doué qui a su séduire Leonie (Vanessa Redgrave), une très riche héritière, grâce à son particularisme fait tout à la fois d’excentricité comportementale et de créativité artistique. Mais la jeune femme a fini par se lasser de ce qui pour ses parents comme pour le voisinage ressemble à un dérèglement psychiatrique relevant d’un traitement à suivre d’urgence. Le divorce est donc facilement prononcé en faveur de Leonie qui envisage d’aussitôt se remarier avec un homme (Robert Stephens) plus en rapport avec ce qu’exigent les mœurs inhérentes à sa condition sociale. Le jeune homme que Reisz nous a présenté au zoo en observation d’un gorille va alors se déchaîner pour tenter de séduire à nouveau Leonie en décuplant de manière outrancière et parfois pathétique ce qui avait pu le séduire lors de leur rencontre. L’effort est parfois récompensé de succès, Leonie continuant d’être séduite par l’extravagance de Morgan qui carbure à fond, permettant à Karel Reisz d’utiliser fort à propos les recettes du « slapstick » tant l’énergie du grand dégingandé qu’est David Warner est étourdissante. N’arrivant pas à se stabiliser intellectuellement et émotionnellement, Morgan est médusé par le comportement animal qui ne s’embarrasse d’aucune retenue de représentation. Une attitude qu’il entend faire sienne de manière un peu enfantine et chabraque qui n’est pas de tout repos pour ceux qui passe à sa proximité. En particulier Leonie et son nouveau fiancé. Karel Reisz complétement en phase avec ses deux acteurs (Prix d’interprétation à Cannes pour Vanessa Redgrave en 1966) ose tout, à la manière de Morgan, en faisant preuve d’une inventivité de très bonne facture comme ce parallèle avec la scène finale de « King Kong » (Robert Schoedsak et Merian Cooper en 1931) quand Morgan entreprend de récupérer sa belle en escaladant le mur de l’hôtel où elle fête son remariage. Des trouvailles de ce type « Morgan, fou à lier » en fourmille sans aucune faute de goût mais est aussi empreint de poésie comme souvent chez Reisz notamment lors des scènes touchantes où tel l’enfant qu’il est resté, Morgan se réfugie chez sa mère, interprétée par une formidable Irene Handl. Karel Reisz était un grand réalisateur. Qu’on se le dise ! Bien que né en Tchécoslovaquie en 1926 et ne comptant que neuf films à son actif, Karel Reisz est encore aujourd’hui considéré comme un réalisateur important du cinéma britannique. Une réputation largement justifiée tant sa courte filmographie est passionnante. C’est en 1960 en tant qu’initiateur du « Free cinema » (moins renommé et prétentieux que la Nouvelle Vague française mais largement aussi passionnant) aux côtés de Tony Richardson, John Schlesinger et Lindsay Anderson qu’il se fait connaître avec « « Samedi soir, dimanche matin » où se révèle Albert Finney. Film d’un réalisme frontal sur la vie tout à la fois rude et monotone du prolétariat anglais. Après un remake réussi mais passé inaperçu de « La force des ténèbres » de Richard Thorpe (1937), il aborde la comédie loufoque sur fond de confrontation sociale avec « Morgan » qui est pour beaucoup, considéré comme son chef d’œuvre.
David Warner encore débutant incarne avec bonheur l’un de ces personnages complètement en décalage ou en rébellion face à leur environnement qui peupleront la filmographie de Reisz. Morgan Delft, fils de prolétaires entièrement convaincus par l’émancipation à venir grâce au communisme, est un peintre plutôt doué qui a su séduire Leonie (Vanessa Redgrave), une très riche héritière, grâce à son particularisme fait tout à la fois d’excentricité comportementale et de créativité artistique. Mais la jeune femme a fini par se lasser de ce qui pour ses parents comme pour le voisinage ressemble à un dérèglement psychiatrique relevant d’un traitement à suivre d’urgence. Le divorce est donc facilement prononcé en faveur de Leonie qui envisage d’aussitôt se remarier avec un homme (Robert Stephens) plus en rapport avec ce qu’exigent les mœurs inhérentes à sa condition sociale.
Le jeune homme que Reisz nous a présenté au zoo en observation d’un gorille va alors se déchaîner pour tenter de séduire à nouveau Leonie en décuplant de manière outrancière et parfois pathétique ce qui avait pu la séduire lors de leur rencontre. L’effort est parfois récompensé de succès, Leonie continuant d’être charmée par l’extravagance de Morgan qui carbure à fond, permettant à Karel Reisz d’utiliser fort à propos les recettes du « slapstick » tant l’énergie du grand dégingandé qu’est David Warner est étourdissante. N’arrivant pas à se stabiliser intellectuellement et émotionnellement, Morgan est médusé par le comportement animal qui ne s’embarrasse d’aucune retenue de représentation. Une attitude qu’il entend faire sienne de manière un peu enfantine et chabraque qui n’est pas de tout repos pour ceux qui passe à sa proximité. En particulier Leonie et son nouveau fiancé.
Karel Reisz complètement en phase avec ses deux acteurs (Prix d’interprétation à Cannes pour Vanessa Redgrave en 1966) ose tout, à la manière de Morgan, en faisant preuve d’une inventivité de très bonne facture comme ce parallèle avec la scène finale de « King Kong » (Robert Schoedsak et Merian Cooper en 1931) quand Morgan entreprend de récupérer sa belle en escaladant le mur de l’hôtel où elle fête son remariage. Des trouvailles de ce type « Morgan » en fourmille sans aucune faute de goût mais est aussi empreint de poésie comme souvent chez Karel Reisz notamment lors des scènes touchantes où tel l’enfant qu’il est resté, Morgan se réfugie chez sa mère, interprétée par une formidable Irene Handl. Karel Reisz était un grand réalisateur. Qu’on se le dise !