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    Jean-Louis Comolli
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    César (édition 13)

    1988
    Nommé Meilleur court métrage dans : Pétition
    Commentaires
    • Didgy
      "Comment échapper à l'aporie d'une distinction à la fois nécessaire, réversible et impossible, entre le monde comme représentation et la représentation du monde? Tenté à la fois par un « rendu réaliste » du vivant, et par la production du monde comme scène, le cinéma s'interdit, en fait, de résoudre ce conflit.Va-et-vient. Désirs contradictoires chez le spectateur de cinéma, être duel, sujet divisé et dédoublé. Je veux la chose, son image, et le contraire de son image qui n'est pas retour à la chose même mais conscience de cette image comme chose à son tour. Je veux éprouver le vertige d'un basculement sans retour dans le spectacle - le devenir-toujours-plus-spectacle des sociétés marchandes - et croire à la ressource d'une résistance à cette spectacularisation du monde - résistance qui passerait, logiquement, par la réassurance d'une « réalité » du monde (d'une nonspécularité du monde). Peur de perdre une seule miette du spectacle (destin scopique du sujet-spectateur). En même temps, peur que tout ne devienne spectacle. Peur du monde sans représentation (sans possibilité de médiation, d'intercession, d'obliquité...). En même temps, peur du spectacle comme dimension contemporaine (dominante) de l'être au monde. Et pour conjurer cette dernière peur, demande - hystérique - de supposition d'une réalité « entière », « en tant que telle », « réelle », etc. Le spectateur ontologiquement renaissant à chaque nouvelle séance est dans la tentation paradoxale de refuser le destin spectaculaire des sociétés marchandes, pour postuler un « réel » inentamé, enfoui ou recouvert par le spectacle. Alors même qu'il est entré dans la division redivisée de la représentation, il se laisse porter par un rêve de plénitude et d'immanence, comme consolé d'un fantasme d'unité du monde et de l'homme, qualités qui lui paraissent d'autant plus désirables qu'il les sait obscurément entamées ou périmées par les langages, les interprétations, les écritures, les mises en signes et en formes... Ambivalence du cinéma. Cette dualité des désirs et des peurs est au départ de l'opposition fiction/documentaire; elle la fonde et la périme du même coup."Extrait de "Autour de L'Homme à la caméra. Dziga Vertov" par Jean-Louis Comolli paru dans "Voir et pouvoir L'innocence perdue : cinéma, télévision, fiction, documentaire", Éditions Verdier, 2004.
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