Huit aventures sans dialogues où l’on retrouve toute la vivacité créative des studios britanniques ainsi que leur art jubilatoire du pastiche. Un délice.
A louvoyer entre ces deux hypothèses, « Par amour » finit par se sentir à l’étroit, comme piégé par son devoir d’ambiguïté. Dommage car son postulat était alléchant et Cécile de France, très juste en mère aimante.
Plus inspirée dans sa peinture naturaliste du melting-pot prolétaire belge et du petit monde crapoteux du tueur pédophile – rebaptisé Dedieu et incarné par Sergi López – que lorsqu’elle veut faire (cinéma de) genre à coups de personnages grotesques et d’envolées mystico-sacrificielles, cette descente aux enfers de l’auto-justice et du complotisme d’Etat vaut pour son grain vintage et pour Anthony Bajon.
La réussite de l’ensemble doit beaucoup au formidable Laurent Lafitte. Malgré l’engagement sans limite de son personnage, il infuse le film de sa présence relâchée et malicieuse, de ses manières d’éternel touriste crépitant de pudeur et d’intelligence.
Sur le fil du risible (la fin y sombre), ce faux thriller érotique et vraie satire des rapports de pouvoir s’amuse de la morale pour tirer le portrait d’une femme névrosée, fragile et monstrueuse, soutenue par l’empathie narquoise de la réalisatrice Halina Reijn et une Nicole Kidman au sommet.
Adapté du livre témoignage de Marcelo Rubens Paiva, le nouveau film de l’auteur de « Carnets de voyage » est une plongée asphyxiée dans les pires heures de l’histoire du Brésil du XXe siècle. Salué par un succès public dans son pays, il s’agit sans doute de son meilleur film (...).
Le texte est beau – « Les films, estime Desplechin, n’ont cessé d’accueillir les vaincus » –, le montage, agile, et l’étau se resserre sur un cinéaste essentiel, Claude Lanzmann, auteur de « Shoah ».
Polar mettant en scène une course contre la montre entre un ex-flic et une organisation criminelle, le film de Rodolphe Lauga diffusé sur la plateforme américaine met en vedette Guillaume Canet. Le spectateur n’y perdra pas son latin mais plutôt 95 minutes de sa vie.
N’ayez crainte : non seulement le film relève son défi de clarté, mais il se savoure comme un bon thriller d’espionnage, bourré de détails qui tuent, d’archives accablantes et de personnages hauts en couleur, au premier rang desquels l’ancien président, infatigable cabot se débattant dans le déni. Dommage que Yannick Kergoat s’en tienne au format d’un long-métrage.
Ce film sensoriel s’accroche aux gestes (il peint, elle cuisine) pour faire le lien entre les deux personnages, et le bruit étouffé des pas sur la neige fait écho à la pudeur d’un homme aspiré par son art et sa mélancolie (Roschdy Zem, immense), et d’une jeune femme (Bella Kim) appliquée à se réconcilier avec une figure paternelle défaillante.
Le cinéaste compose ici une élégie du mâle (majoritairement blanc) américain sans jamais nous émouvoir. Mais c’est sa vision nostalgique et « mausolée » de l’Amérique qui agace le plus.
On devine l’enthousiasme du réalisateur à sa manière compulsive de ciseler ses effets, mais à trop en faire (épate visuelle, surenchère des rebondissements), « Six Jours » manque d’épure et de spontanéité.
Dans cette ode à l’indépendance et à l’espièglerie, la beauté faussement naturaliste du dessin évoque avec justesse la perte tragique de l’innocence. Superbe.
Passé un premier quart d’heure efficace, le film se délite dans une surenchère permanente (de moyens, de personnages, de stars, de facilités narratives), autant de symptômes d’une fuite en avant et d’un crash annoncé – exemple, le plantigrade du titre, déclencheur de l’intrigue dès les premières secondes, passe tranquillement par pertes et profits.