Si le film fait habilement la cartographie de la ville en cheminant entre les différents foyers de mémoire, McQueen peine à articuler ses ambitions plastiques à son projet historique.
Dans la chambre à coucher comme sur le court, le film ne laisse jamais ses acteurs interagir librement : même les scènes en principe les plus dépouillées finissent inévitablement noyées sous une musique envahissante.
Le basculement plus franc dans la fantasy réduit paradoxalement l’imagination des personnages, mais aussi celle de la mise en scène, obligée de laborieusement boucler tous les fils de l’intrigue.
Le documentaire, d’abord ancré dans une trajectoire très intime, élargit sa portée et nous renvoie à une conception presque primitive du cinéma comme pouvoir absolu des images, capable non seulement d’enregistrer des souvenirs, mais aussi de transporter des corps, des histoires et même un pays tout entier aux quatre coins du monde.
Le film explore d'une façon plus retorse qu’attendue la pulsion macabre qu'il met en scène. Si "Civil War" est d'abord une guerre des images, Garland en questionne la terrifiante photogénie plutôt que de se vautrer dans le sensationnalisme.
Non seulement "Knit's Island" restitue avec beaucoup d'acuité l’expérience hybride que constitue l’immersion dans un jeu vidéo, mais il confirme aussi que les espaces numériques sont décidément propices aux déambulations mélancoliques.
La cinéaste délaisse la dimension potentiellement la plus intéressante du récit (comment s’émanciper en faisant le commerce de sa propre image ?) au profit de scènes doloristes beaucoup plus attendues.
Ce choix de privilégier les fusillades aux problèmes pratiques faisant le sel des films de Clouzot et de Friedkin pourrait au fond se justifier, s’il n’était toutefois pas desservi par la mise en scène faussement musclée de Julien Leclerc.
En ouvrant les vannes pour faire jaillir la part refoulée du récit, la noirceur du faux dénouement achève de faire du film un nouveau sommet dans l'œuvre d'Hamaguchi.
À l’image du décor central, sorte de mille-feuilles qui permet d’additionner des couches de sous-intrigues, le scénario ajoute artificiellement des pistes interprétatives pour cultiver sa profondeur d’apparat.
L'écriture du film est plus verrouillée qu’il n’y paraît, la faute à une succession de situations sursignifiantes qui ramènent schématiquement chaque séquence à la condition sociale de ses protagonistes.
Sans queue ni tête, Drive-Away Dolls croule sous les références, voire l’autoréférence, en livrant une caricature défraîchie des comédies comptant déjà parmi les moins inspirées des frères Coen.
Pas de vagues traite ici d’un sujet passionnant et sans doute jamais vraiment abordé au cinéma : le langage du prof. Mais au lieu de le déplier dans toute l’étendue qu’il mérite, le film plaque sur lui les constats déclinistes des enquêtes éducatives (et des émissions de Pascal Praud).
Si le cadre du récit historique met encore plus en lumière la pulsion académique pour le sujet qui innervait déjà La Vie invisible d'Eurídice Gusmão, on a du mal à croire qu'il s'agit du même cinéaste.