Représentatif de ce vent de modernité qui souffle sur le cinéma états-unien de la fin des années soixante par son montage affranchi des conventions classiques et sa liberté de ton, Bushman accroît encore davantage l’importance de ce moment cinématographique qui n’a pas livré tous ses secrets. Il ne s’agit pas là, loin s’en faut, du seul mérite de cette œuvre à découvrir.
Shane Atkinson [...] réussit surtout le pari de nous faire rire de la tragédie des mœurs américaines, tout en distillant une leçon de vie sur la façon dont ce risible individualisme efface dangereusement les frontières entre bien et mal.
« Le déserteur » saisit avec virtuosité l’instant décisif où tout bascule, là où le patriotisme belliqueux s’évanouit dans une conscience de l’intolérable, hurle un désir si naturel de vie sans guerre, d’un destin sans connivence avec la haine et la détestation de l’autre, un film aussi défaitiste qu’optimistepile à l’heure des grandes interrogations de notre temps.
L’envoûtement que produit ce premier long métrage délicat, inspiré autant d’un fait réel que du premier épisode du "Décalogue" d’Andrej Kieslowski, repose sur une quête d’indicible au cœur des réflexions contemporaines sur le retour à la spiritualité.
Entre le regard passéiste et idéalisé de l'enfance et celui mortifère et complaisant des deux quinquagénaires [...] un pensum, sincère à n’en pas douter, mais insupportable et prétentieux sur les liens secrets et fusionnels d'une fratrie nostalgique d'un Éden perdu.
Le meilleur du film tient dans le portrait très intelligemment dessiné de cette jeune femme qui voit dans le métier d’avocate, une forme d'émancipation de son milieu social en tant que fille d’immigrés, une ouverture au monde, avant de se prendre en pleine face une réalité autrement plus violente.
Premier long métrage des cinéastes d'animation hongrois Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó [...], "Sky Dome 2123" réactualise sublimement un certain cinéma d'anticipation alliant vigueur politique et réflexion métaphysique, la première servant de véhicule pertinent à la seconde.
Au bout de ce voyage (ponctué par Smalltown Boy de Bronski Beat), émouvant, instructif et vivifiant, se dessine également une œuvre clé de voûte quant à la filmographie d’un artiste éclectique.
Étonnant bien qu’imparfait ce premier long métrage de Delphine Girard, oscillant entre le thriller et l’étude sociologique, construit, à travers ces différentes trajectoires, une zone grise assez stimulante.
Une volonté anti spectaculaire irrigue le film qui privilégie la précision discrète de la mise en scène afin de dépeindre l’étouffement lent et progressif de son héroïne.
En prétendant épouser la forme du conte de fées, "Riddle of Fire" convoque une constellation de genres dans une mosaïque particulièrement onirique, où s’entremêlent souvenirs, fantasmes et symboles propres au rêve : un hommage à l’enfance, par la peinture de son incommensurable imagination, de ses propres lois et et propres croyances.
Ce qui se présentait [...] sous les meilleurs auspices mute au fur et à mesure que le film avance en une déception cuisante, oeuvre prometteuse dans ses vingt premières minutes avant de chuter dans le commun puis dans le fond du panier d'un genre lui-même fondamentalement inégal.
Plus qu’une expérience limite, apatride, qui perturbe le jugement critique, "Zaman dark" est un film symptôme issu de vingt années de somatisations cinématographiques et à l’impossible descendance.
Alex Garland condense le temps dans un blockbuster total, à l’analyse éloquente d’une nation en déliquescence. La fresque ne s’autoproclame pas comme telle, elle s’impose par sa variété de points de vue et par sa capture plurielle des instants.
Avec son premier film, Mark Jenkin s’annonce d’emblée comme un cinéaste très prometteur du cinéma britannique contemporain, et attise la curiosité quant à la suite alléchante de sa filmographie.
Derrière le paravent du cinéma d'horreur, Michael Mohan aborde de réelles interrogations d'ordre philosophique, somme toute pas si éloignées de celles que se posait le film "Benedetta" de Paul Verhoeven (2021), dont "Immaculée" pourrait être une sorte de petit cousin de série B moins porté sur la sexualité des sœurs et le puritanisme des dévots que sur l'inextinguible quête de pouvoir de ceux qui ont une emprise spirituelle sur les âmes perdues.
Une famille porte finalement en lui une démarche toute lanzmanienne, l'aspect massif mis à part, différence de proportions cohérente au regard des sujets que chacun aborde : Lanzmann exhume les traumatismes de l'Histoire quand Angot aborde son histoire traumatisée.
Rejouant une forme d'utopie héritée des années 70, Rodrigo Moreno assume la naïveté de son propos ainsi qu'un émerveillement quasi enfantin devant le destin atypique de Moran et Ramon, deux inoubliables personnages de fiction, qui réinventent une idée d'un cinéma d'aventure, libre et solaire.