Pour ceux qui n’ont pas vu l’oeuvre des frères Coen, polar atypique aux 2 Oscars, il s’agit de l’histoire d’un vendeur de voiture endetté du Minnesota, Jerry Lundegaard, qui va faire kidnapper sa femme par 2 malfrats, Gaear Grimsrud et Carl Showalter, dans le but d’extorquer une rançon à son beau-père, le richissime Wade Gustafson.
Le film se déroule sur un rythme lent, et la neige blanche du Minnesota glace complètement ce récit macabre teinté tantôt de légèreté, d’ironie voire de burlesque et tantôt d’une lourdeur, d’un cynisme et d’un pathétisme accablant.
Sur ce point, la série a réussi à reprendre cette ambiance. Les décors glaçants du Minnesota et du Dakota du Nord sont les mêmes, les références et les clins d’œil au film sont évidents. Mais ce qui nous prouve surtout cette filiation, c’est cette habileté à jouer avec les genres et à nous extraire de la légèreté et du comique de situation par un tableau glaçant d’une noirceur blanche (celle de la neige) et violente.
La série narre la rencontre entre Lester Nygaard (Martin Freeman), un assureur pitoyable totalement dominé par sa femme, et Lorne Malvo (Billy Bob Thornton), un tueur à gage psychopathe d’une froideur extrême. De cette rencontre va découler une série invraisemblable de meurtres que devront résoudre Molly Solverson (Allison Tolman) et Gus Grimly (Colin Hanks).
On fait très vite le lien entre le Jerry Lundegaard du film et le Lester Nygaard de la série : même maladresse, même manque de confiance en soi. Noah Hawley ira même jusqu’à introduire un sous-scénario d’enlèvement, clin d’œil évident au film. Et pour ceux qui l’ont vu , vous ferez le lien entre le Deus Ex Machina de l’épisode 4 et la fin du long-métrage (promis pas de spoiler) de telle manière que la série se plante non seulement comme une adaptation mais aussi comme une suite !
Ceci dit, retranscrire en série un chef-d’œuvre est-il suffisant ?
Évidemment non, mais la série fait fort en créant une identité propre, une interprétation personnelle là où l’on pensait que la vision des frères Coen était la seule possible. Le format série impose d’élargir les arcs narratifs des personnages et si l’on croit se perdre à un moment, tout est cohérent et l’on retombe sur ses pieds.
Si cela marche tellement, c’est sans doute grâce au personnage de Lorne Malvo et son interprétation magistral de Billy Bob Thornton, un des acteurs fétiches des Coen. Ce « méchant » totalement barré deviendra rapidement culte, j’en fais le pari.
Le reste du casting n’est pas en reste, avec notamment un Martin Freeman très habile dans une scène à couper le souffle du début de l’épisode 7. La musique renforce la puissance dramatique de la série et cela fonctionne à merveille.
Bref, c’était un pari osé, mais un pari réussi à mon sens.
Sachez que comme True Detective, Fargo est une anthologie et que l’on retrouvera donc une saison 2 sur le même thème mais avec une histoire différente et un casting différent.