Alternant le bon (Sixième Sens, Signes, Le Village) et le moins bon (Incassable, Phénomènes, etc…) durant toute sa carrière, M. Night Shyamalan s'est imposé comme le réalisateur hollywoodien ayant une filmographie aussi compliquée que la prononciation de son nom. L'accueil réservé par le public sur ses dernières productions ayant été assez glacial, le cinéaste d'origine indienne s'est donc réfugié chez la Fox en tant show-runner et réalisateur du pilote de l'adaptation du roman Wayward Pines de Blake Crouch. Pour ouvrir le bal, Shyamalan démarre sa série par un gros plan sur les yeux injectés de sang d'Ethan Burke (interprété par Matt Dillon). Les bases sont posées et le spectateur entre dans un univers angoissant et froid, coincé entre le Twin Peaks de David Lynch et Le Prisonnier de Patrick McGoohan. Les scénaristes auraient très bien pu traficoter une histoire sympa autour de ces deux références, mais Wayward Pines préfère se construire tranquillement, augmentant le suspens d'épisode en épisode tout en se jouant des codes actuels des séries américaines. Autour de ce melting-pot intelligemment utilisé, le spectateur plonge dans une énigmatique histoire, cachant des sujets bien plus audacieux que ce que l'on pourrait croire. Les différents enjeux se partagent entre psychoses paranoïaques, mégalomanie d'un autocrate, craintes face à l'avenir, et appréhension d'une population face au monde extérieur. Prenez une part du 1984 de Georges Orwell, ajoutez une portion du film The Truman Show, une pincée du Assault de Carpenter, puis un cuillère de The Descent pour enfin obtenir la recette diaboliquement efficace de Wayward Pines. L'oeil habitué du spectateur formaté aux productions américaines s'accroche rapidement à ces quelques pistes pour finalement est bringuebalé par le scénario ciselé de la série. Au vue des moyens mis à disposition, les réalisateurs qui se succèdent derrière la caméra font quand même un bon boulot afin de proposer un spectacle correctement mis en scène (plutôt que de foncer tête de basse comme l'insipide Under the Dome). Au casting on retrouve quelques visages connus tels que Terrence Howard (Collision, Ray, Iron Man, Prisoners…), Juliette Lewis (Les Nerfs à vif, Une nuit en enfer, Natural Born Killers…) ou encore le britannique Toby Jones (La Taupe, Hunger Games, ou plus récemment Tale of Tales).
On pourrait reprocher à la série de s’essouffler un peu dans les deux derniers épisodes, puisqu'une bonne partie du mystère a été dévoilée et qu'il ne reste que le dénouement, mais Wayward Pines reste une série addictive et emplie de chamboulements. Un bon cru, qui s'impose comme la série de la rentrée, voire peut-être de l'année… Dans l'attente d'une saison 2, même si, pour le moment, la série est officiellement annulée, ce qui veut dire qu'elle n'ira pas plus loin que les dix épisodes de sa première saison.
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