Juillet 2011, je viens de découvrir cette série qui a bien plus de 6 ans, en intégralité dvd, vo sous-titrée. Je confirme qu'elle rejoint le panthéon Oz, the shield, and co... Une des meilleures séries jamais réalisée, même si elle prend un peu longtemps à s'installer, du fait de son approche centrée en grande partie sur la mise en place d'une ambiance, sa présence n'oublie pas cependant de rester permanente au fond de nos âmes affectives avides d'histoires fortes. Par le style on est très éloigné du must du genre, à savoir the master Sergio Leone, mais par le fond, le démontage/torpillage de l'idéologie de la naissance nationale américaine, ça se rejoint magiquement, notamment avec le dernier épisode de la saison 3. Une 4 de qualité aurait pu, why not, se greffer derrière, mais loin d'avoir un goût d'inachevé ces 3 là se referment parfaitement en spirale, laissant nos héros à leurs fêlures défauts et tares personnelles. Sans pitié. Le premier épisode est trompeur et laisse présager un banal affrontement entre un shérif chevalier blanc, et une pourriture charismatique dont le magnétisme en fera la vedette incontesté de cet univers, et bien plus souvent que le shérif névrotique aveuglé, la voie de la lucidité. Ça parle des fondements d'une société moderne et de ceux de l'être humain en communauté: sexe, travail harassant, survie, esprit de groupe/troupe grégaire, alcool, vices, sens du devoir et de la moral, religion, rôle de la femme, putes, solitudes existentielles, amour propre et brutalité des actions et sentiments, racisme, races, religion(s), sacré, mysticisme, argent, pouvoir, domination, meurtre, sang caché, institutions étatiques supérieures, corruption, justice, amitié, conflits d'intérêts, destin à accomplir, pragmatisme réaliste, perte froide du rêve de la conquête de l'ouest et de soi-même, mythes collectifs, illusions communes et mensonges personnels, inconscient et refoulement, lenteur impitoyable du temps qui passe, etc, etc. On obtient un côté fresque assez inédit. Ian MacShane, dans un format télévisuel, impose un des rôles les plus marquants de l'oeuvre frictionnelle en images made in usa des ces dernières années, peaufinant la maturation de son alter ego Swearengen. Pas un exemple à suivre, mais plus qu'à méditer; à savourer. Pleinement. La matière est là. La révélation artistique de l'absence de mythe valable révèle la grandeur de ceux qui subissent ce trucage au quotidien, les américains, en y substituant un autre mythe romanesque, de meilleur tenu, à condition de le voir: Deadwood. God bless Amrica, en attendant la prochaine chute fracassante du dollar, la dernière arnaque immense meurtrière de leurs élites, pendant que s'achève les siècles dominateurs technologiques donc politiques de l'Homme Blanc, depuis les grandes découvertes portugaises dont l'esprit s'incarna en plus concentré et donc visible, dans cette fameuse conquête de l'ouest avec ses coups de feu colt ou smith et wesson résonnant dans nos enfances, naïves comme il se doit.