Bodyguard : secrets de tournage

En l’espace de deux semaines, Bodyguard est devenu le nouveau drama le plus regardé en Grande-Bretagne en 2018, avec un démarrage réunissant 6,8 millions de téléspectateurs sur BBC One. La chaîne a ainsi réalisé sa meilleure audience pour une série télévisée anglo-saxone depuis 2011. Un succès fulgurant qui ne s’est pas essoufflé, puisque le sixième et dernier épisode a rassemblé en moyenne 10,4 millions de téléspectateurs, avec un pic à 11 millions lors des cinq dernières minutes. Il faut remonter à Downton Abbey pour rencontrer un tel audimat.

Le français Thomas Vincent, qui a déjà travaillé sur Borgia, Tunnel ou encore Versailles, réalise les trois premiers épisodes.

Richard Madden retrouve le créateur Jed Mercurio pour la seconde fois. En effet, il avait tourné sous sa direction dans le téléfilm Lady Chatterley's Lover en 2015. L’acteur, révélé au grand public dans la peau de Robb Stark durant trois saisons de Game of Thrones, s’avère conscient des privilèges que lui octroient sa notoriété : "Je devrais toujours auditionner pour certains rôles. Mais heureusement, plus vous travaillez, plus les gens peuvent vous imaginer dans un la peau d’un personnage. Pour ce projet, j’ai simplement parler avec Jed autour d'un café plutôt que d'essayer de l’impressionner."

Vétéran d’Afghanistan, le personnage de David Budd, incarné par Richard Madden, souffre du syndrome de stress-post traumatique. Un sujet cher aux yeux du créateur Jed Mercurio : "Nous avons estimé qu’il était important d’insister sur le fait que c’était une maladie traitable et que les personnes atteintes doivent saisir toutes les opportunités pour se faire soigner. En l’occurrence, si David déclare son état, cela implique une pause dans sa carrière, qu’il préfère éviter. Nous avons donc essayé de trouver un juste équilibre entre la sensibilité de ce sujet, et le courage de faire face aux spécificités de ce personnage."

Afin de se préparer au rôle de David Budd, Richard Madden a notamment été aidé par des policiers et conseillers, avec lesquels le créateur Jed Mercurio a l’habitude de travailler pour mener ses recherches. L’acteur a également pu échanger avec des gardes du corps qui ont travaillé pour des hommes politiques ou des célébrités. "Ils m’ont donné quelques gestes et un aperçu de leur état d’esprit. (…) C’est épuisant, car ils sont dans un état d’anxiété constant. Il ne faut pas être n’importe qui pour faire passer la sécurité de quelqu’un d’autre avant la sienne.", raconte-t-il. Quant aux relations entre protecteurs et protégé(e)s, Richard Madden affirme : "Même si la série dramatise les situations et les enjeux, Bodyguard reflète justement l’intimité imprévue qui se noue entre les agents et les personnalités dont ils ont la charge. Ils peuvent en devenir très proches."

Pour son rôle de Julia Montague, l’actrice Keeley Hawes s’est inspirée de l’ex-ministre de l’Intérieur britannique, Amber Rudd, qui était encore en poste au début du tournage de Bodyguard. "Je l’ai beaucoup regardée sur YouTube. Au moins, il y a des femmes qui font ce travail maintenant, parce que jouer ce genre de rôle était inhabituel pendant longtemps. Alors que je regardais des vidéos, je suis tombée par hasard sur une interview de sa soeur qui parlait de leur enfance. C’était très émouvant, parce que vous ne pensez pas à ces personnes de cette façon. Cela m’a ouvert les yeux et j’ai commencé à la voir en tant qu’être humain.", raconte-t-elle.

Dans le premier épisode, le personnage de Julia Montague a une brève interview avec le commentateur politique et présentateur de télévision britannique Andrew Marr. La comédienne Keeley Hawes s’est alors entraînée à parler comme les politiciens : "C’est fascinant car lorsqu’un politicien vous parle, il ne s’agit pas vraiment d’une conversation, en particulier dans ces cas-là. Ils ne cessent de vous dire ce qu’ils veulent que vous entendiez. La question suivante ne les intéresse pas, car c'est peut-être une question à laquelle ils ne veulent pas répondre, alors ils vont digresser, vous donner un os à ronger. Et ils sont très doués pour ça. Enfin, quelques-uns en tout cas."

Outre l’intensité du tournage - six jours sur sept, 14 heures sur 24 pendant cinq mois et vers la fin, en plein hiver londonien - Richard Madden a été particulièrement marqué par la scène où son personnage doit déjouer un attentat terroriste dans un train : "C’est l’ultime séquence que nous avons filmée. Au dernier moment, nous avons perdu le permis de tourner à Waterloo station et nous avons dû abandonner l’idée de placer cette confrontation à bord du métro. Nous nous sommes repliés sur le train, ce qui n’était pas plus mal car beaucoup plus de personnes utilisent le train que le métro, qui reste une expérience très londonienne. Ce changement de calendrier m’a en réalité aidé car je pouvais me glisser sans problème dans la tête de David, y compris un David hors mission, je le connaissais bien !"