Mini-série en 9 épisodes sur le parcours de l’Equal Rights Amendment durant les années 1970, Mrs America est une série savoureuse.
Passage assez ou peu méconnu de l’Histoire américaine, le combat pour l'égalité des sexes s’avère passionnant. Tout d’abord grâce à ses personnages (majoritairement féminins), pugnaces, obstinées, malignes, souvent drôles, courageuses et authentiques. Si deux camps opposés s’affrontent durant la décennie, on est loin d’un simple crêpage de chignon entre femmes. Croyant chacune fermement aux principes pour lesquels elles se battent, on assiste à une course effrénée pour ratifier -ou empêcher, selon le camp- au plus vite la ratification d’un Amendement qui serait historique pour le pays.
Bâtons dans les roues, coups bas, rabaissements par médias interposés, appuis de grands noms politiques (des hommes) et débats enflammés, la mission n’est pas de tout repos. On plonge alors avec ces personnages dans un quotidien pressant fait de manigances et de stratégies. Même si on ne comprend pas tout à la politique, l’histoire est parfaitement compréhensible. Le premier gros point fort de la série étant son scénario. Le lapse de temps raconté (une décennie) dans la série est découpé en 9 épisodes qui racontent et résument parfaitement les péripéties de l’époque. Les dialogues sont excellents, pointus, précis et bien écrits, ils sont aussi souvent très drôles ; un régal.
Par ailleurs, les dialogues et les punchlines ne seraient pas aussi bons si le jeu et le timing du casting n’étaient pas aussi bien interprétés. Majoritairement féminins chez les personnages principaux, le casting est très bon. Si l’ensemble est très bien, Cate Blanchette en Phyllis Schlafly est super, on retiendra les performances de Tracy Ullman (Betty Friedan) ou de Margo Martindale (Bella Abzug) qui ne mâchent pas leurs mots. Cependant, l’interprétation de Rose Byrne, toute en justesse, en Gloria Steinem est superbe et vole la vedette au reste du casting.
De part leur quotidien fait de hauts et de bas, on suit des personnages qui ne sont pas tout blancs ou tout noirs. Chacune ayant des traumas et des déceptions. Seules, insultées, méprisées, jamais prises au sérieux, elles se battent coûte que coûte dans ce monde qui ne leur fait pas de cadeaux. On se demande d’ailleurs comment les conservatrices de Phyllis Schlafly (et elle-même) peuvent se battre autant contre un amendement qui pourrait leur donner des libertés ‘égales’ aux hommes. Car le combat mené par ces personnages semble plus personnel que politique. Pour faire plaisir ou attirer la sympathie des hommes (de leurs maris ?) et/ ou pour se faire remarquer. On s’aperçoit que pour certaines de ces femmes délaissées le besoin de reconnaissance est important. Malheureusement pour elles, ce n’est jamais assez.
Malgré leurs divergences d’opinion, on ne nous présente jamais un seul point de vue. Les auteurs divaguent entre chaque camps et chaque personnage, ce qui apporte de la profondeur au récit. On fait preuve de sympathie pour elles et leur cause qui mobilise tout un pays et l’opinion publique. Et on peine aussi avec elles. Finalement, le combat transcende leur rivalité politique et on remarque que chacune porte en elle une fêlure, si ce n’est un but.
La conclusion est amère et nous laisse croire que ce combat fut mené en vain. Une bonne analyse sur ce destin épuisant. Enfin, le plan final est une grande réussite ! Le faire durer durant quelques instants intensifie ce sentiment d’abandon et d’échec et un retour à la vie ‘normale’. Une bonne surprise.