Une série coup de poing à ne pas manquer, qui relate la quête identitaire et l'émancipation individuelle, à travers l'histoire d'amour chaotique de Connell (interprété brillamment par Paul Mescal) et Marianne (Daisy Edgar Jones), de la fin du lycée aux premières années de fac.
Les 2 atouts majeurs de cette série résident dans le jeu des acteurs et dans la mise en scène.
Les 2 acteurs, tout d'abord, sont prodigieux de vérité, habitant si intensément leur rôle que la frontière entre réalité et fiction s'efface pour nous emporter. La mise en scène, ensuite, sobre et réaliste, appuyée par des plans serrés, nous fait entrer dans l'intimité des personnages et nous accroche psychologiquement au travers de mécanismes d'identification et de projection.
La complexité des personnages ajoute à l'envoutement: si Marianne semble dotée d'une certaine assurance, c'est pour mieux masquer son difficile rapport à l'altérité, dégradé par des rapports familiaux dysfonctionnels et un rejet de ses pairs, qui vont la mener à des comportements extrêmes (masochisme). De son côté, Connell, le beau gosse populaire, est tiraillé entre son besoin d'appartenance groupale, qui domine son libre arbitre (le regard des autres compte plus que son propre regard sur lui-même) et une sensibilité profonde, qu'il n'arrive ni à formuler, ni à exprimer. On comprend son choix d'étudier les lettres, comme une potentielle catharsis.
Cependant, je relève 3 points faibles:
- si la série nous tient par son rythme hypnotisant sur les premiers épisodes, la constance de cette lenteur sans rupture de tempo peut au final agacer.
- la répétition récurrente rupture/reprise de la relation amoureuse, dans un jeu du chat et de la souris parfois maladroitement amené, peut également lasser (manque de crédibilité entre certains passages)
- enfin, et c'est le point plus le plus embarrassant, le réalisme brutal des scènes de maltraitance et de la lente descente de Marianne dans un masochisme malsain (de l'épisode 7 à 9; pour l'épisode 9, âmes sensibles d'abstenir...), sont particulièrement perturbants.