Précédée d'une énorme réputation, l'adaptation du recueil de romans Fantasy Le Trône de Fer de Georges R.R. Martin entendait bien marquer l'Histoire de la télévision, en plus d'entériner la domination de la chaîne HBO sur les autres. Les Sopranos, Sur écoute ou bien Six Feet Under sont autant d'exemples de sa réussite. Et Game of Thrones se présentait comme le pari le plus fou de l'année 2011 sur le petit écran.
En terme d'ambition (budget allant de 50 à 100 millions de dollars par saison), d'ampleur (décors imposants, effets spéciaux, des centaines de figurants) ou de scénario (adapter une saga littéraire toujours en cours d'édition).
Pour ainsi dire, c'est peut être l'une des plus belles réussites télévisuelles de mémoire d'homme. En moins d'une seule saison, Game of Thrones parvient à envoyer au tapis toutes les pseudos sagas d'Heroic Fantasy ayant voulu marcher (en vain) sur les traces de Tolkien. Vu la matériau original, porter un grand coup ne tenait pas de la prouesse certes, mais encore fallait-il l'exécuter. Et les créateurs David Benioff et D. B. Weiss ont décidé de lui donner une bien belle allure. Ample, sauvage et ambigüe, GOT réduit joyeusement en morceaux ses prédécesseurs en la matière (à l'exception du Seigneur des Anneaux), en n'hésitant pas à restituer la violence barbare des combats et le sexe cru. Et évidemment, en rappelant d'un épisode à un autre qu'aucun des personnages n'est à l'abri d'un cruel destin.
Malgré les multiples contraintes, on ne peut que saluer la décision de ne pas avoir édulcoré le propos ou les personnages. Car sous son intrigue principale, voyant différentes familles nobles s'entre-déchirer pour conquérir le royaume des Sept Couronnes alors que la menace d'un hiver de plusieurs années approche, amenant avec lui de bien redoutables créatures, se mêlent de multiples destins qui vont tous avoir un rôle à jouer dans ce que sera le monde à venir. Et autant le dire tout de suite, choisir lequel à notre affection et lequel ne mérite qu'abjection ne va pas être des plus aisés. D'un épisode à un autre, les bourreaux de l'épisode X peuvent devenir les "héros" d'épisode Y, décapitant le manichéisme avec une subtilité imparable. Et à ce titre, les interprètes confèrent une duplicité des plus étonnantes à leurs personnages.
Sean Bean compose un Eddard Stark grandiose, malgré un rôle finalement réduit, qui hante toute la série. Peter Dinklage s'impose comme la grande surprise de GOT. Humour, finesse et précision; l'interprète crève l'écran dans le rôle de Tyrion Lannister. Ils sont suivis de près par un groupe d'interprètes qui parviennent tous à un même degré d'excellence. Michelle Fairley, Richard Madden, Lena Headey, Nikolaj Coster-Waldau, Sophie Turner, Maisie Williams, Jack Gleeson , Charles Dance, Emilia Clarke,...entre (très nombreux) autres.
Chaque saison offre son lot de temps forts, de temps morts, de révélations fracassantes en destinée(s) fracassée(s); on n'a presque pas le temps de souffler, et l'addiction vient vite. Et c'est tant mieux. On tient l'une des périodes les plus prolifiques en matière de séries anthologiques (Game Of Thrones donc, mais également House of Cards, True Detective,...). Et quelque chose me dit que ce n'est pas près de s'arrêter.