Proclamée autant que décriée, Game of Thrones est un bijou télévisuel. Malgré une perte de qualité évidente tout au long de sa production, ça reste une série qui procure des sensations marquantes, et ose là où personne n’avait osé avant elle.
En effet, comment rester indifférent devant ces tragédies, complots et manipulations, qui rendent la série si imprévisible ? Il faut dire que les scénaristes n'y vont pas avec le dos de la cuillère, et proposent quelque chose d'inédit dans l'audiovisuel. Déjà, et c'est à souligner, l'écriture est très bonne. Que ce soit pour le scénario ou les dialogues, les premières saisons restent des exemples d'écriture. Certes, les livres étaient un bon support pour commencer, mais les scénaristes se débrouillent très bien, en témoigne la saison 1 qui en 10 épisodes introduit parfaitement les enjeux et les personnages. Personnages complexes, jamais manichéens et hauts en couleurs
(Oberyn Martell, à jamais le personnage le plus populaire pour si peu de temps à l’écran)
. Leur psychologie est si retorse, qu'on finit par en aimer certains tout bonnement détestables
(coucou Cersei et son père)
. Au fil des saisons, l'intensité monte, et on a droit à des moments chef d'oeuvresques tel que
la bataille de la Néra, celle du mur, les affrontements avec les marcheurs blancs, la bataille des bâtards et tant d’autres
... Heureusement, la série ne bascule pas dans l'héroïc fantasy facile en nous balançant de l'action et des effets spéciaux à tout va (comme The Witcher), et
les moments marquants passent souvent par des trahisons ou des joutes verbales (les morts des Stark, de Joffrey, le procès de Tyrion...).
Mais malgré ses nombreuses qualités et ses moments épiques, GOT n'est pas dénuée de défauts. Tout d'abord, beaucoup de personnages sont tout bonnement inutiles
(Riccon, Podrick, Myercella, les Martell et surtout Bran, le pire d'entre tous)
. En résulte donc des longueurs assez exaspérantes; car si le scénario est bien bouclé, il faut admettre que certaines intrigues pâtissent d’un manque de maîtrise. On peut penser
à Dorne en saison 5, mais surtout aux marcheurs blancs, gâchis ultime de la série, surtout quand on voit la manière dont les scénaristes faisaient monter la tension au fil des saisons.
. De plus, bien que ça soit surtout visible en saison 7 et 8, on a parfois des gros problèmes de temporalité : là où certains personnages parcourent le continent en un mois, d'autres semblent le faire en quelques jours à peine. Enfin, la série suit un schéma un peu redondant à la longue. Si l'on comprend l'idée de faire de l'épisode 9 le climax de chaque saison, ce schéma est pénalisant pour certains épisodes qui n'ont qu'un rôle transitoire, notamment dans la saison 2, et des longueurs se font parfois ressentir.
Bien évidemment, ce sur quoi tout le monde s’accorde, c'est que la série perd en qualité après la saison 4. Si le ton est toujours sérieux dans les saisons 5 et 6, on se perd malheureusement un peu dans les intrigues ; mais en contrepartie ces deux saisons ont chacune de très bons épisodes de fin. Tout a été dit sur les saisons 7 et 8, qui sont pour moi les deux saisons à jeter. Le rythme très (trop) lent que prenait la série dans ses débuts oblige les scénaristes à accélérer la cadence, au détriment évident de la cohérence et du réalisme. En résulte deux saisons certes belles visuellement (et encore), mais vraiment naze scénaristiquement, jusqu'à nous offrir un final en toute logique décevant.
Pour résumer, saisons 1 à 4 incroyables, saisons 5 et 6 bancales sur certains points, mais pas complètement, et saisons 7 et 8, un gâchis.