Je vais être sincère, cette série n'est pas sans mérite, mais elle est tellement poussive que j'ai décroché en route. Pour ce que j'en ai vu ( les trois premières saisons tout de même), la série m'a semblé partir avec de sérieux atouts, avant de s'essoufler très vite.
Je vais me permettre une analyse. Si mon intérêt s'est émoussé au fur et à mesure, je me demande si ce n'est pas à cause d'un usage maladroit du "cross media". A force de s'éparpiller dans tous les genres (romans, BD,etc.), il est devenu impossible de saisir non seulement les enjeux des épisodes, mais aussi le pourquoi des évolutions des personnages. Pour vous donner une idée, le résultat donne l'impression de ne voir qu'un épisode sur quatre: nouveaux personnages introduits sans explications, développement démesuré d'intrigues secondaires, insistance excessive sur le "contexte" (ou mythologie de l'univers)...
Et comme si ça ne suffisait pas, cette série souffre également de ses propres limitations: budgétaires d'abord, mais pas seulement. Je pense pouvoir dire sans froisser personne que les acteurs de cette série ne sont pas tous excellents. C'est ainsi, et normal pour une série à la base amateur. C'est gênant, mais pas honteux. Mais les acteurs sont aussi parfois absents, et là ça devient problématique. D'après l'auteur lui-même, les épisodes sont écrits en fonction des disponibilités d'untel et untel. Et bien je vais vous dire, l'écriture et l'intérêt s'en ressentent!
Je terminerai en soulignant combien l'écriture justement, qui selon moi est l'élément crucial, est fautive. Commençons par les personnages. Ils ont des qualités, mais ils sombrent assez vite dans leur propre caricature. D'une Gaïa cupide à un Sparadrap imbécile, tous les personnages finissent par se résumer à un trait de caractère, d'une manière de plus en plus simpliste. Les rares épisodes où l'auteur essaie de rompre cette monotonie (je pense notamment aux épisodes où l'on se joue du virilisme d'Omega Zell) se révèlent malheureusement gratuits et artificiels: Tenshirock le hacker hacke, ridiculise le personnage d'untel, et dès l'épisode suivant c'est comme s'il ne s'était rien passé. Les personnages sont, en somme, prisonniers d'eux-mêmes, incapables de changer, d'évoluer, et au final d'exister.
L'histoire, quant à elle, garde de l'intérêt tant que nous découvrions le monde d'Olydri. Cela fait, ses règles posées, et les motivations des personnages étant aussi simplifiées que leur personnalité, les épisodes deviennent assez répétitifs. Insérer une intrigue principale aléatoire à chaque saison, dont la moitié des épisodes ne tiendra même pas compte pour faire dans le gag, cela me semble contre-productif. La série gagnerait à se concentrer soit sur l'épique ( ce à quoi elle tendait de plus en plus selon moi), soit sur le comique, car elle a démontré son incapacité à concilier les deux: le souffle épique de l'aventure ne dépasse pas le courant d'air d'un couloir fermé, et le comique est de plus en plus laborieux.
J'allais oublier de parler des apparitions de célébrités. Célébrités toute relatives, bien entendu. Nous parlons ici d'animateurs ou de chroniqueurs de jeux vidéos. Il serait idiot de croire que je pourrais leur reprocher ce genre de pratiques. Non, ce que je leur reproche, c'est que précisément ses apparitions ne s'insèrent que très mal dans la trame: tantôt, c'est un testeur célèbre qui s'essaie à "Horizon", tantôt c'est un chroniqueur qui incarne un personnage secondaire en forme de clin d'oeil, mais à chaque fois la progression dramatique en pâtit, tout particulièrement si vous ne connaissez pas la personne en question. Auquel cas, vous vous demanderez simplement la raison de cet aparté de l'histoire. A tous les égards, et encore une fois en raison de l'écriture, je dirais que cette façon de faire est une erreur.
En définitive, il me semble que la volonté de son créateur, M. Fournier, de toucher tous les médias tout en en gardant le contrôle (je souligne qu'il est à l'écriture du scénario de tous les supports) lui a fait perdre en créativité ce qu'elle a gagné en visibilité. Mais si chacun y trouve son compte...
Mais rappelons-nous que, dans l'art plus qu'ailleurs, toute complaisance se paie.