Avant... et après "L'auberge Espagnole" : le diaporama commenté par Cédric Klapisch !

De ses vingt ans à ses quarante ans, de son arrivée à Barcelone à sa séparation avec Martine, de ses amours avec Wendy jusqu'à son départ coup de tête pour New York dans Casse-tête chinois, comment a évolué Xavier au cours de toutes ces années ? Cédric Klapisch revient avec nous sur l'évolution d'un personnage qui nous accompagne depuis 2002...

Xavier à 25 ans, à son arrivée à Barcelone (L'Auberge Espagnole) © StudioCanal

Aux origines de Xavier

"Au départ, Xavier est quand même loin de moi. Ca va de la manière de laquelle il s’habille à la façon dont il est : il y a plein de choses qui ne sont pas moi. C’est un personnage qu’on a créé, je dirais, moi et Romain [Duris], et ce personnage n’est ni moi ni Romain. Par contre, il y a des choses réelles qui sont liées à ma vie. Quand il part de Barcelone par exemple... J'ai suivi des études à New York et il y a eu une fête avec mes copains de là-bas et puis ensuite je suis parti de cette fête. J’ai décrit ce que j’ai vraiment vécu à cet âge-là. Mais, c’est quand même plus un personnage inventé.

"Xavier n'est ni moi, ni Romain Duris"

Xavier, du bébé à l'homme
"Là, clairement sur cette photo, il est jeune. C’est un bébé. Même s’il dit : "Ta gueule maman", c’est le fils à sa maman. C’est drôle de revoir cette scène au vu du troisième film parce qu’on voit bien que ce n’est plus le même bonhomme. Il est plus fragile, plus instable dans le premier, il ne sait pas où il va. J’aime bien le titre du film de Pascale Ferran, L'Age des possibles. C’est vrai que la vingtaine, c’est l’âge des possibles. Il essaie des choses, que ce soit amoureusement ou professionnellement. Au fur et à mesure des films, il affermit les choses et il n’a plus besoin de se prouver certaines choses."

Xavier à 30 ans dans Les Poupées russes © StudioCanal

"Xavier a plein de facettes et justement dans les trois films c’est une façon d’aborder toutes ces facettes à différentes époques. Dans Les Poupées russes par exemple, il y a un truc dont, moi, je me souviens à 30 ans. [Comme lui], j’étais souvent en train de mentir pour faire croire que j’étais plus professionnel que je ne l'étais. A quarante ans, Xavier n’est plus du tout menteur. Suivant son âge,  il va se comporter très différemment. Il est quand même très immature, très inconséquent dans les deux premiers films et plus responsable dans le troisième. C’est ça que j’aime bien dans ce personnage, c’est qu’il est très multiforme."

"Quand son éditeur lui dit : le bonheur, ça ne marche pas dans le roman... Je suis assez d'accord avec ça"

© StudioCanal

Xavier, l’écrivain
"Dans Les Poupées russes, il dit : "écrire c’est ranger le vrac de la vie". Il comprend des choses au fur et à mesure. C’était Camus qui disait : "Il y a un  temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre". Je pense qu’il y a un petit décalage entre ce qu’est un roman ou ce qu’est un film et la vie. On a envie que le roman ou un film, ce soit comme la vie mais ce n’est jamais comme la vie. C’est ce petit décalage que je trouve intéressant et dont je parle dans ces trois films. Il vit sa vie, il réfléchit à comment la mettre dans un roman et il voit qu’il y a des choses qu’il faut mettre dans le roman mais qui ne sont pas complètement comme la vie. Et en même temps pour qu’il y ait de la vie dans son roman, il faut mettre des choses vraies. Il y a un va et vient entre des choses qui marchent et ce qui ne marche pas dans le roman. C’est ce que lui dit à un moment son éditeur dans Casse-tête Chinois : "Le bonheur, ça ne marche pas dans le roman", je suis assez d’accord avec ça, il faut qu’il y ait du drame. Dans sa vie, il cherche le bonheur mais dans le roman, il ne vaut mieux pas le chercher…

"La vie est imprévisible, c'est ce que racontent ces trois films"

Xavier, celui par qui l'on s'évade

"C’est un jeu avec le spectateur ce personnage de Xavier. C’est pour ça que ce n’est pas moi en fait. C’est un personnage qui est lié au fait de provoquer des émotions chez le spectateur. Sa solitude, quand je vois cette photo de lui... Comment il vit le fait de voir ses enfants une semaine sur deux, comment il ne peut pas supporter l’idée qu’ils partent à New York et que lui ne suive pas, toutes les décisions qu’il prend et qu’il ne savait pas prendre dans les deux premiers films. Là, il prend des décisions même si elles sont difficiles à prendre, il les prend quitte à changer de vie, quitte à repartir à zéro, quitte à avoir moins d’argent… Il y a une dominante dans ces trois films, c’est que la vie est imprévisible, les trois films racontent ça. Au début il pense qu’il va travailler au Ministère des finances, mais il ne va jamais travailler au ministère des finances… La vie vous fait faire des détours."