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    Rencontre avec les amoureux du "Plus beau jour de ma vie"

    Les "jeunes mariés" Hélène De Fougerolles et Jonathan Zaccaï se sont livrés à quelques confidences sur la comédie "Le Plus beau jour de ma vie", en salles ce 5 janvier. Morceaux choisis...

    L'une est à l'affiche, en ce début d'année, de trois films : Le Plus beau jour de ma vie (le 5 janvier), Innocence (le 12 janvier) et Les Gens honnêtes vivent en France (le 2 mars). L'autre est une valeur montante du cinéma français, tournant en 2005 sous la direction de Jacques Audiard (De battre mon coeur s'est arrêté) et Anne Fontaine (Les Kangourous). Malgré cette actualité chargée, Hélène De Fougerolles et Jonathan Zaccaï ont tenu à exprimer leur enthousiasme pour Le Plus beau jour de ma vie, comédie sur le mariage signée Julie Lipinski, en salles ce 5 janvier. Rencontre avec les deux tourtereaux du film.

    AlloCiné : Vous occupez pour la première fois de votre carrière la tête d'affiche d'une comédie grand public. Est-ce pour vous une forme de consécration ?

    Hélène De Fougerolles : Je ne vis pas cela comme une consécration, mais j'ai la satisfaction d'avoir enfin trouvé un film qui me ressemble. Jusqu'à maintenant, on m'attribuait des rôles qui correspondaient à l'image que je renvoyais, la blonde, évanescente, bourgeoise, alors qu'en fait j'adore me marrer, je suis une rigolote (rires). Ce film me tient très à coeur, car il donne à voir aux gens une part de moi que je n'ai jamais montrée en tant que comédienne.

    Jonathan Zaccaï : J'ai encore des choses à prouver. Ce qui est agréable, c'est d'être dans un film qui vous accorde un capital sympathie facilement perceptible pour le public. Pour moi, la consécration, c'est de commencer une année où derrière moi et devant moi il y a des choses qui se contredisent les unes les autres, c'est de brouiller les pistes. J'y arrive plus ou moins et je suis content de ça.

    On vous sent particulièrement à l'aise dans ce registre...

    H. De F. : C'est vrai, je suis plus à l'aise dans la comédie, mais ça ne m'empêche pas de tourner des films plus intimistes avec Jacques Rivette par exemple (Va savoir). J'ai la chance de ne pas avoir été cataloguée et de pouvoir sauter d'un genre à l'autre. Il y a des metteurs en scène très intéressants, venant d'univers différents, qui ont l'intelligence de me proposer des rôles inattendus. Jacques Rivette ou Lucile Hadzihalilovic, la réalisatrice d'Innocence, auraient pu être vaccinés à vie en me voyant dans Le Raid ou Fanfan la Tulipe, mais il n'en a rien été.

    J. Z. : Mon genre de prédilection, c'est la comédie romantique. Dans Le Plus beau jour de ma vie ou Le Rôle de sa vie, je me sens comme un poisson dans l'eau, parce qu'il y a l'humour du personnage et des situations. C'est plus simple de passer d'un drame comme Les Revenants à une comédie que l'inverse. Quand je suis arrivé sur le tournage du film d'Audiard, le virage était plus compliqué, j'ai vite compris que je n'étais pas dans le même type de film (rires).

    Parlez-nous de votre vision du mariage...

    H. De F. : A vingt ans, je voulais à tout prix trouver le prince charmant. Forcément, il fallait qu'il soit fidèle, gentleman, intelligent. Le pauvre garçon avait une pression d'enfer. Aujourd'hui, j'ai trente ans, je pense que je suis un peu moins naïve, idéaliste et que le mariage est plutôt de l'ordre du détail. Je ne m'en ferai plus une montagne.

    J. Z. : Je pense que le mariage n'est pas une étape essentielle pour réussir sa vie. C'est plus une question d'héritage culturel. Mais je comprends tout à fait le rêve des filles de mettre en cérémonie cet amour-là.

    Quelles ont été les difficultés rencontrées pour la construction de vos personnages ?

    H. De F. : Au départ, je n'arrivais pas à incarner Lola. Ce rôle m'était tellement personnel. Il est beaucoup plus facile de camper la Pompadour (Fanfan la Tulipe) ou une perverse manipulatrice et nymphomane (Mortel transfert). J'ai finalement trouvé la clé du personnage dans la vulnérabilité. Au fond de moi, j'avais toujours envie de pleurer, de donner à Lola un petit côté Caliméro.

    J. Z. : Arthur, ce personnage emprunt d'un romantisme effréné, était assez proche de moi. Je le sentais très bien au niveau du comportement, je comprenais le trajet de ce gars. Je l'ai construit dans une nonchalance impressionnante, j'avais l'impression d'être une arnaque complète (rires). Je ne crois pas vraiment à la construction du personnage, je n'ai d'ailleurs toujours pas compris ce que c'était. J'imagine quantité de choses sur la façon dont je vais pouvoir entrer dans l'histoire, c'est par ce biais que je m'approprie le personnage.

    Parlez-nous de votre collaboration avec Julie Lipinski, une jeune réalisatrice qui signe ici son premier long métrage ?

    H. De F. : On s'était rencontrée cinq ans avant pour quelque chose qui n'avait pas abouti. On avait fait deux, trois beuveries avec des copines et puis on s'est revue à l'anniversaire d'un copain en commun et elle m'a parlé de son projet. Pour des raisons financières, elle a fait faire des essais à d'autres comédiennes. Je me suis battue pour le rôle et j'ai passé toutes les auditions nécessaires. Je me suis accrochée comme une tique (rires). Je n'ai pas eu le rôle parce qu'on se connaissait, je l'ai vraiment gagné ! Julie sait mettre l'ambiance sur le tournage. On a le même âge, les mêmes rêves et aspirations. Le personnage de Lola, c'est elle en quelque sorte. On se ressemble sur plein de points, la façon de parler, de s'habiller.

    J. Z. : Julie nous a merveilleusement mis en confiance, c'est la première qualité que je recherche chez un cinéaste. Elle a su créer une atmosphère et nous a donné une marge de manoeuvre énorme. Un film est selon moi aussi important que la manière dont on le fait. Et là, ces trois mois de tournage ont été de vraies vacances. Elle est d'un positivisme déroutant, il est impossible de la déprimer. J'aime beaucoup les gens qui travaillent dans l'humour et la légèreté.

    Avez-vous appris sur le métier d'acteur au contact de comédiens vétérans comme Michel Duchaussoy, François Berléand, Eva Darlan et Marisa Berenson ?

    H. De F. : Ce sont de gros dinosaures. Sur le tournage, on pensait d'abord qu'ils allaient nous dévorer (rires). En fait, ils ont le talent qui va avec la modestie. Ce ne sont pas des gens qui sont là pour vous donner des leçons. Nous, les jeunes, avions un peu le dessus. Il n'était pas question qu'on se laisse écraser par le talent de ces gens-là. Berléand nous jetait du pain, on finissait souvent avec des tranches de jambon dans les poches, c'était n'importe quoi (rires). Avec eux, on n'avait pas besoin de se mettre dans un état de souffrance pour trouver la concentration.

    J. Z. : C'était un bonheur de jouer avec eux. Je n'ai pas appris dans un sens direct, mais j'ai été sidéré par la capacité de détente et la décontraction complétement incompréhensible de François Berléand. C'est un ouragan sur un tournage, et puis cette nonchalance avec laquelle il enchaîne les rôles, quand je vois le résultat, je ne peux être qu'admiratif. Michel Duchaussoy m'a également parlé de ses expériences. Etre en tête d'affiche, ce n'est pas important pour moi, c'est plutôt de côtoyer des gens comme ça.

    Que pensez-vous de la petite séquence animée dans le film ?

    H. De F. : Ce dessin animé s'explique par un manque de moyens. On devait partir aux Caraïbes filmer les aspirations de Lola, mais le producteur, pour des raisons de budget, n'était pas de cet avis. Julie a finalement trouvé cette idée de la séquence animée. J'ai trouvé mon personnage hyper mignon, et je me suis entièrement retrouvée avec le petit grain de beauté (rires).

    J. Z. : En revanche, le mien, je ne l'ai pas trouvé ressemblant du tout ! Mais le dessin animé m'a bien fait rire. On reconnaît plus facilement les autres que soi-même dans ce genre de saynète.

    L'envie d'une carrière internationale ?

    H. De F. : Depuis que je suis jeune maman, je pense moins à une carrière internationale. Il y a quelques années, je voulais essayer toutes les expériences possibles. Le métier d'acteur me permettait de voyager à travers le monde et de découvrir des univers hallucinants. Maintenant, je privilégie ma petite fille : elle passe avant tout. J'ai refusé dernièrement de tourner un film en Inde, parce qu'elle avait 6 mois et que je ne pouvais pas l'emmener avec moi.

    J. Z. : Steven Spielberg m'a proposé récemment de jouer un rôle de traducteur dans son projet sur les JO à Munich (Vengeance). Mais je ne sais pas encore si le film se fera... Je suis bilingue et je rêve de défendre le cinéma européen. Si j'ai la possibilité de tourner aux Etats-Unis, pourquoi pas. Mais je reste européen dans l'âme et je n'éprouve pas le rêve américain.

    Et vos projets pour 2005 ?

    H. De F. : Je m'apprête à tourner au mois de janvier E = mc², un docu-fiction anglais avec Cameron Diaz. Ce téléfilm traitera de la manière dont on est arrivé à cette fameuse formule de Einstein. Je serai la physicienne et mathématicienne Emilie du Châtelet, qui était aussi la compagne de Voltaire. Elle devait se déguiser en homme pour avoir accès à l'éducation et à la culture.

    J. Z. : Je vais bientôt réaliser un court métrage qui s'appellera Y'a pas de quoi. Il s'agira d'une comédie sur un acteur raté. Sinon, dans le Audiard (De battre mon coeur s'est arrêté), je joue un arnaqueur dans l'immobilier, tandis que dans Les Kangourous, j'incarne le mari photographe d'Isabelle Carré.

    Propos recueillis par Guillaume Martin

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