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    Collection "Showrunners" : la réalisatrice au micro

    Vous avez toujours rêvé de savoir comment travaillaient Alan Moore, David Simon, David Shore, Ronald D. Moore ou encore Shawn Ryan ? A partir du 8 février, il sera possible de pénétrer dans l'antre de leurs créations, grâce à une série de 12 documentaires consacrée aux grands showrunners américains, qui sera diffusée sur Orange Ciné max. Rencontre avec Virginia Vosgimorukian, la réalisatrice et productrice de ces documentaires...

    AlloCiné Séries : Comment est né ce projet de documentaires au départ ? Vous intéressiez-vous depuis un moment aux showrunners ?

    Virginia Vosgimorukian : Je suis réalisatrice et productrice de la série, aux côtés d'Anthony Dubé, qui est également co-auteur. Nous sommes allés voir Orange pour présenter notre jeune société de production ( La Famiglia). Au cours de la conversation, ils ont découvert mon passé qui me lie pas mal aux Etats-Unis... J'ai eu une éducation américaine, j'ai travaillé avec les américains et je suis productrice depuis 20 ans. Ils avaient envie de faire une série documentaire sur les séries américaines et ils nous ont donc demandé si on avait envie de se pencher sur cette idée-là puis de revenir vers eux avec une idée et un axe. Évidemment, on a dit "OUI"... (Rires) Je suis extrèmement passionnée par les séries américaines et d'une façon professionnelle. Etant productrice moi-même, je décortique naturellement toutes les séries que je vois. Anthony pensait également qu'on était les personnes pour réaliser cette série de documentaires. Donc, on a réfléchi sur un vrai projet avec un angle et on est revenu voir la chaîne. On a pitché ce projet-là, sur le processus créatif des showrunners, et ils nous ont dit : "banco, on y va". Ils voulaient quelque chose d'extrêmement pointu, pour les experts.

    Et vous avez donné la parole à tous ceux qui entourent le showrunner...

    Cette collection, c'est un documentaire sur un showrunner et ses collaborateurs. On a demandé des interviews exclusives à chaque showrunner. On ne les a pas interviewés au sein d'un "press junket", parce que souvent ça se fait comme ça. Là, on a fait des interviews au minimum d'une heure et demie par showrunner. Et on a demandé à chaque showrunner de nous recommander trois à quatre de ses collaborateurs afin qu'on puisse les interviewer. C'était fait exprès de leur demander de nous citer des gens, de nous proposer eux-mêmes des noms. Parce que si vous voulez, l'idée de ces documentaires, c'est qu'au jour d'aujourd'hui - et c'est très bien - il y a un engouement autour des séries télé, il y a des experts sur le sujet, il y a des critiques... L'idée, c'était de les faire parler, eux. Dans ces documentaires, il n'y a pas de commentaires, pas de voix-off. Vous avez des interviews du showrunnner et trois, voire quatre de ses collaborateurs, qui vont évidemment parler de leurs séries phares et du processus créatif... Pêle-mêle, nous avons interviewé des auteurs, des réalisateurs, des compositeurs, des acteurs, des directeurs photo, etc. Tous nous ont dit - à la différence du cinéma américain et de ce qui se passe en France - que c'était l'auteur qui avait le pouvoir et qu'ils étaient tous là pour exécuter sa vision. Il faut que l'auteur ait une vision et qu'il arrive à la communiquer.

    Comment avez-vous choisi les douze showrunners qui figureraient dans ces 12 documentaires ?

    L'envie était évidemment de varier... L'idée, c'était de ne pas refaire à chaque fois la même chose. On est très content au jour d'aujourd'hui parce que, justement, on n'a absolument pas ça. On a fait un mélange hertzien / câble. Il fallait aussi faire un mélange des genres et, vous le savez très bien, dans les séries, on a le genre SF, le genre médical, etc. Nous sommes donc allés piocher dans des genres différents, dans du hertzien et dans le câble, dans des showrunners qui ont extrèmement d'expérience, dans ceux qui en ont moins. Mais, évidemment, tous ceux qui ont été retenus ont du succès, tous sont reconnus et comptent parmi les meilleurs de leur profession (ndlr : la liste des showrunners choisis se trouve en bas de page).

    Ce qui est bien, c'est d'avoir choisi, d'un côté, des showrunners qui sont dans le milieu depuis pas mal d'années, comme David Simon. Et de l'autre, des showrunners qui percent aujourd'hui et maintenant.

    Exactement. Comme par exemple, les showrunners de Damages, qui sont des jeunes. Et vous citez David Simon, il est justement un exemple atypique et c'est pourquoi on se devait de l'avoir dans la Collection. C'est un showrunner très atypique, très très différent des autres parce qu'à la base, c'est un journaliste. Il fait des séries parce qu'il a estimé qu'en tant que journaliste, il ne pouvait plus faire son métier... Donc, ses œuvres à lui, que ce soit Treme ou The Wire, c'est hyper spécifique et extrèmement différent de ce que font les autres.

    Et justement, vous avez remarqué des différences flagrantes dans leur manière de travailler, dans leur processus créatif ?

    Ah oui, absolument. Et ça, on le développe... A travers les douze documentaires, il y a deux choses qui les distinguent. Il y a le processus mécanique... La mécanique, c'est la base : sept jours de préparation, huit jours de tournage, trois jours de montage avec le monteur, quatre de montage avec le réalisateur, sept jours de montage avec le producteur... Le producteur va arriver avec ses auteurs huit semaines avant que la production démarre, etc. Tout cela, c'est de la mécanique. Et à côté de cela, il y a la part qu'ils appellent "organique". Ils le disent tous : c'est la part la plus importante, c'est la part de coup de chance, de timing, de l'imprévu, de l'inattendu, de quelque chose qui surprend mais qui est une partie importante de ce qui fait le succès de la série. Certains disent même : "Une série pour qu'elle soit bonne, il faut de l'organique et pour qu'elle soit extraordinaire, il faut qu'elle soit à 80% organique." Ils disent aussi : "il n'y a pas de recette. S'il y avait une recette, ce serait facile et toutes les séries que je ferais seraient des séries à succès." Certains décrivent cette part d'inconnu comme le "Fairy Dust", qu'on pourrait traduire par la "poussière d'ange". Comme si de la poussière d'ange était tombée sur cette série. C'est-à-dire que c'était le bon showrunner, avec le bon casting, au bon moment et avec la bonne écriture. Il y a cet élément qui est de l'ordre de la création. Ce ne sont pas des mathématiques... Après, chaque showrunner a sa particularité. Par exemple, lorsque j'ai interviewé David Shore (ndlr : le showrunner de Dr House) et que je lui ai demandé ce qui était le plus important pour qu'une série soit un succès, il m'a répondu : "C'est pas compliqué, c'est le script, le script et rien d'autre." Puis, on a des gens comme Clyde Phillips (ndlr : Dexter) qui vont dire : "Le succès d'une série, c'est l'écriture, c'est le casting, c'est le montage, c'est la musique." C'est quelqu'un qui va être porté sur tous les départements de la création. Vous avez quelqu'un d'autre, comme Ronald D. Moore, qui va vous dire : "Pour qu'une série soit un succès, il faut avoir une vision et un objectif par rapport à la série que tu es en train de produire. Il faut vraiment que tu aies quelque chose à dire." Après, on va avoir Alan Ball qui va expliquer que pour lui, son rôle, c'est l'écriture, c'est le casting et c'est le montage. Le reste, il le dit lui-même : "Moi, je ne peux pas. Ne me demandez pas d'aller voir un devis, un budget, de faire de la logistique. J'ai quelqu'un qui s'en occupe, moi j'en suis incapable." Mais, il y a d'autres showrunners qui vont dire : "Il faut que tu saches faire ça aussi, parce que sinon tu n'arrives pas au bout." On en a certains aussi qui, comme David Shore, vont dire : "Si tu veux changer le "le" en "un", je veux que tu me passes un coup de fil et je te dirais si tu peux changer le "le" en "un". Après, il y a les showrunners de Damages qui vont vous dire : "Le script c'est un blueprint". En français, le "blueprint", c'est une base - comme lorsqu'on construit une maison - c'est le plan en fait. Eux, ils disent que le script est important mais que ce n'est qu'un plan. Ensuite, au moment du tournage, on a des acteurs qui sont vivants, qui respirent, qui pensent avec un réalisateur. Ils vont créer quelque chose et il faut leur laisser cette liberté-là.

    A quel moment vous avez pu rencontrer les showrunners de "Damages" ? Au moment de la saison 3 ou au moment de l'écriture de la saison 4 ?

    Pendant l'écriture de la saison 4. Et on a interviewé Glenn Close aussi. Et ca, c'était formidable. Il y a une question que je me posais toujours concernant les acteurs et j'ai pu lui poser. C'était : "Comment  tu construis un personnage quand tu ne sais pas où il va arriver ?" Son explication était géniale... A la base, Glenn Close, c'est une actrice de longs-métrages, et quand elle dit "oui" sur un script, elle sait où va son personnage, où il démarre et comment il va terminer. Du coup, à la base de cela, elle dit "oui" ou "non" à un long-métrage. Quand un acteur rentre dans une série - et tout le monde le sait - l'acteur ne sait pas ce qui va arriver à son personnage et il dit "oui" sur la base d'un pilote. Ce qui est déjà un niveau de confiance énorme. Quand Glenn Close a accepté Damages, elle disait "oui" à la possibilité de jouer ce même rôle pendant six ans. Ce qu'il faut savoir, c'est que les showrunners de Damages ne croient pas dans les "backstories". Ils disent que c'est trop réducteur. Ils refusent de créer des backstories pour leurs personnages. Mais, Glenn Close, le premier truc qu'elle a fait lorsqu'elle s'est intéressée au rôle de Patty, c'est d'aller voir les showrunners pour leur demander : "Mais sa mère, c'est qui ? Et son père ?". Et ils lui ont dit : "Ben, on ne sait pas". Ce à quoi elle a répondu : "C'est pas grave, je vais l'écrire moi-même !". Mais, ils ne voulaient pas, ils lui ont dit : "Non, non, s'il-vous-plaît, ne faites pas ça !". Elle ne comprenait pas pourquoi et ils lui ont expliqué : "Parce que c'est réducteur, nous on veut avoir la possibilité au fur et à mesure qu'on avance de découvrir tous ces évènements-là." Parce que dès que tu décides et que tu fixes que, par exemple - j'invente - la mère de Glenn Close l'a laissée enfermée toute seule dans sa chambre à l'âge de 10 ans, ça veut dire quelque chose et ça réduit ce que tu peux faire avec le personnage. Glenn Close a accepté, c'était la première fois qu'elle travaillait un personnage comme ça et elle m'a dit qu'elle était allée voir un coach. Une femme de cette envergure-là, une actrice comme ça... Elle s'est décidée à aller voir un coach. Le même que celui que James Gandolfini avait pris pour Les Soprano. Elle est allée voir ce coach pour savoir comment jouer ce rôle sur lequel elle avait très peu d'infos et dont elle ignorait les tenants et aboutissants. Au final, elle a confié que c'était extrèmement libératoire car le coach lui avait dit : "Il faut que tu aies confiances en tes auteurs et il faut que tu vives l'instant." Et elle m'a dit : "C'est ça la vie". Donc, tu es en train de jouer la vie."

    Parmi ces 12 showrunners, est-ce qu'il y en a un qui vous a tout particulièrement, tout personnellement marquée ?

    Oh non, cette question est terrible... Je me la suis posée avant mais je n'ai pas encore pris de décision (rires) ! Bon, je peux dire que Ronald D. Moore m'a énormément touchée, vraiment... Parce que déjà, Battlestar, c'est une oeuvre exceptionnelle et en plus de ça, c'est quelqu'un d'extrèmement honnête et direct et d'une façon simple. La raison pour laquelle il a fait Battlestar, c'est tellement puissant que ça vous prend en pleine gueule. En gros, il l'a fait à cause du 11 septembre. Et quand on parle à toute son équipe, on voit toute la passion qu'il y avait derrière cette oeuvre. Deux de ses anciens auteurs qui travaillent aujourd'hui sur la plus grosse franchise, Les Experts, m'ont dit : "J'ai encore 8 mois de contrat, la seule chose que j'attends c'est qu'il me rappelle pour que je bosse avec lui." Et pour moins ! Car on est d'accord, ils ne vont pas gagner plus que ce qu'ils touchent avec Les Experts.

    Combien de temps le processus entier vous a pris ? Mise en place, organisation des interviews, tournages, etc. ?

    On est partis quatre fois aux Etats-Unis. Il doit y avoir 45 jours de tournage, je pense. Et avec tout le processus de mise en place, un an et demi pour le tout...

    Vous avez rencontré des difficultés ?

    Au début, pour démarrer le projet, nous sommes passés par les canaux officiels. Ils ne répondaient même pas... Ils ne faisaient même pas l'effort de vous dire non. Ensuite, on a dû passer par des canaux différents. Avoir les premiers, c'est ce qui a été le plus dur. On a fait la démarche de dire qu'on refusait l'interview si on n'avait pas une heure et demie au minimum. Sinon, ça ne sert à rien, car les 20 premières minutes, ils vous répondent de la manière dont ils sont habitués à répondre. Là, c'était une vraie conversation. Une fois qu'on a eu les premiers, ils en ont parlé autour d'eux, et cela a été plus évident d'avoir les autres. Prenons Bryan Cranston, qui est un acteur reconnu par tout le monde. Tout le monde pensait qu'on ne l'aurait pas. Non seulement il a dit oui mais en plus, il n'était disponible qu'à un créneau horaire spécifique, sauf qu'à la même heure, je devais rencontrer un showrunner. Et je ne pouvais pas décaler le showrunner... J'ai dû dire à l'attachée de presse que je ne pouvais pas. Le seul autre créneau horaire auquel je pouvais, c'était 7h30 du matin... C'était super tôt ! Je pensais donc qu'il dirait non... Mais, il est quand même venu le matin, je l'ai remercié et il m'a dit que c'était important pour lui et qu'il tenait à participer. Parler du métier, parler du processus, c'était important pour lui. Quand vous entendez comment il a créé son personnage, c'est énorme. Vous voyez Walter White prendre forme, prendre vie quand il vous le décrit. Comment il a pris ce personnage, comment il l'a perçu, à quoi il est arrivé... Cet acteur-là, c'est quelqu'un qui a appelé AMC avant de démarrer pour dire : "J'ai lu le scénario, il est énorme. Je veux une garantie, je veux que vous alliez au bout de ça, je veux la garantie que vous n'allez pas le dénaturer." Chez AMC, la réponse qu'on lui a donnée c'est : "On va vous envoyer un DVD, c'est une autre série qu'on va mettre à l'antenne. Regardez et rappelez-nous derrière." Et ils lui ont envoyé Mad Men.

    On dit parfois qu'un showrunner est le "papa" des acteurs et de l'équipe. Une sorte de figure paternelle vers qui se tourner. Est-ce que vous avez ressenti ça en parlant avec leurs collaborateurs ?

    Je ne dirais pas que ce sont des figures paternelles, à part Carlton Cuse peut-être pour Lost. Ce que tout le monde veut faire par rapport à eux, c'est comprendre leur vision pour leur donner ce qu'ils veulent. Ils travaillent tous pour arriver à concrétiser la vision du showrunner. Il y a un respect énorme du showrunner. Après, cela va même plus loin. Il y a des gens qui sont critiques car ils estiment que les showrunners ont trop de pouvoirs. Une des auteurs qui travaillent avec Alan Ball nous disaient : "C'est un truc de fou le rôle du showrunner. Un auteur par définition c'est quelqu'un habillé en pyjama devant son ordinateur qui n'arrive à parler à personne et qui écrit. Et là, tu demandes à un auteur de parvenir à communiquer aux autres, à 200 personnes, sa vision et ce qu'ils doivent faire." Elle nous disait qu'un showrunner était une race à part. Et elle n'a pas tort là-dessus. Par rapport à la France, on adore dire "les auteurs, les auteurs". Oui, mais ce ne sont pas que des auteurs. Ce sont des auteurs qui sont aussi producteurs. Il y a même une scénariste qui a travaillé avec Jason Katims qui nous a dit qu'elle avait essayé d'être showrunner, mais que c'était hyper dur et qu'elle n'en avait pas été capable. Et c'est une femme qui écrit super bien ! Juste parce que tu es un très bon auteur ne signifie absolument pas que tu feras un bon showrunner. Loin de là. Ce qui ressort aussi, c'est la façon dont le showrunner gère le "Writers' Room". Il y en a qui vont dire - et ils sont très honnêtes là-dessus : "C'est le processus où l'on va s'engueuler. Et c'est normal de s'engueuler parce que ce que je veux dans une salle avec des auteurs, c'est des façons d'écrire différentes et des visions différentes. Par contre, l'important pour moi, c'est que derrière, on puisse tous aller boire un verre." Le processus exige de la discussion, il exige des désaccords et après, c'est le showrunner qui va trancher et qui va dire : "Ok, on suit ton idée. On ne suit pas la tienne, on fait ça, on ne fait pas ça." S'il n'y a pas de passion, pas de discussions, il n'y aura pas un bon résultat derrière.

    Ces collaborateurs sont devenus vraiment importants dans nos documentaires. Déjà, parce que d'une part, on ne les entend jamais. On entend les showrunners de temps en temps, mais pas les autres. Au début justement, on ne voulait pas d'acteurs parce qu'on ne fait qu'entendre les acteurs. Finalement, on en a pris quelques uns mais vous verrez, à chaque fois, ils ont une vraie légitimité. Ils ne sont pas dans le documentaire juste parce qu'ils sont acteurs. D'avoir entendu ces collaborateurs qu'on n'entend jamais, cela a amené encore autre chose. Vous imaginez, le showrunner est à la tête d'une entreprise de 200 personnes, donc c'est normal, il parle dans des termes très général. C'est logique : Plus haut dans la pyramide vous êtes, moins précis et moins dans le détail vous allez être. Et justement, les collaborateurs ont amené le détail. Parce que le showrunner peut vous dire "une salle d'écriture, j'aime la mener comme ça. J'embauche des gens pour telles raisons... " Et derrière, les collaborateurs vont donner des exemples spécifiques par rapport à ce que le showrunner vous a dit. Car s'il a choisi ces personnes-là, c'est qu'il s'agissait de belles rencontres. Donc, quand vous les entendez, vous vous rendez compte que le tout marche, que tout est logique. Par exemple, dans le documentaire sur Alan Ball... Il explique que lorsqu'il a embauché ses auteurs pour True Blood, il en a embauché cinq, ce qui veut dire qu'ils sont six auteurs au total. Alan Ball écrit deux épisodes par saison. Et chacun des auteurs en écrit aussi deux, ce qui fait douze épisodes par saison. Il ne voulait pas rencontrer 10 000 personnes, il voulait vraiment en rencontrer très peu. Deux des auteurs qu'il a embauchés, je les a interviewés. Les deux ignoraient pourquoi ils avaient été embauchés, tout en étant tout content de bosser avec lui. C'était leur rêve. Alan Ball vous explique ensuite et il le dit précisément : "Moi ce que je cherche dans les histoires, c'est du drama et de la comédie. Moi, j'estime que les deux, ça marche ensemble. L'un ne peut pas exister sans l'autre." Derrière, tu as les deux auteurs qui ne savent pas pourquoi ils ont été embauchés mais l'un d'entre eux, Alexander Woo, va dire que ce qu'il adore, c'est écrire les parties comiques et drôles et qu'il adore écrire pour le personnage de Lafayette. De son côté, l'autre auteur nous a dit qu'il adorait écrire pour faire pleurer. Donc, eux ne savent pas pourquoi Alan Ball les a embauchés mais quand tu entend Alan Ball et son désir d'avoir de la comédie et du drama, tu comprends.

    C'était pensé d'avance...

    Oui mais d'un autre côté, je ne sais même pas si c'est complètement réfléchi. Parce que concernant Alan Ball, ils m'ont tous dit que c'était quelqu'un qui vit les choses simplement, qui dit : "J'aime ça, j'aime pas ça, je veux bosser avec lui, je ne veux pas bosser avec lui." C'est naturel chez lui. Il n'aime pas les complications et estime que les choses doivent se passer simplement avec beaucoup de respect. Chaque showrunner fonctionne d'une façon différente et a une équipe autour de lui qui fonctionne aussi de manière différente.

    Vous envisagez une sortie en DVD ?

    J'espère bien... On a un distributeur, on est en phase de signature de contrat mais on n'a pas encore signé. Il est emballé par la série. Jusqu'à maintenant, ceux qui ont visionné les documentaires, ils voient le premier, ils aiment, ils voient le deuxième et ils sont impatients de voir le troisième. Parce qu'on l'a vraiment réfléchi en terme de collection. Chaque documentaire tient tout seul, mais ce qui est vraiment intéressant, c'est de les voir tous. Chaque documentaire amène autre chose. Ce sont des 26 minutes et on ne peut pas tout traiter en 26 minutes. Donc, il y a un axe spécifique par documentaire. On ne raconte pas tout mais il y a un vrai parti pris...

    Propos recueillis par Raphaëlle Raux-Moreau, le 07 janvier 2011

    La liste des douze showrunners de la collection :

    - Vince Gilligan : showrunner de Breaking Bad

    - Alan Ball : showrunner de True Blood et Six pieds sous terre

    - Clyde Phillips : showrunner de Dexter

    - Meredith Stiehm : showrunner de Cold Case

    - Shawn Ryan : showrunner de The Shield

    - Jason Katims : showrunner de Friday Night Lights

    - Glenn Kessler, Todd A. Kessler, Daniel Zelman : showrunners de Damages

    - David Shore : showrunner de Dr House

    - David Simon : showrunner de The Wire

    - Ronald D. Moore : showrunner de Battlestar Galactica

    - Carlton Cuse : showrunner de Lost

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