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    "La Vie d'Adèle" : Abdellatif Kechiche envisage un procès contre Léa Seydoux

    Abdellatif Kechiche vient de signer une longue et virulente tribune sur le site Rue89. Revenant sur les polémiques qu'il estime injustes, il vise notamment le journal Le Monde et l'actrice Léa Seydoux, en envisageant des suites judiciaires.

    La Vie d'Adèle n'est décidément pas un long fleuve tranquille. Quinze jours après la sortie en salles du film, célébré par la critique et plebiscité par le public (près de 600 000 entrées, un excellent score pour un long métrage privé d'une séance quotidienne en raison de sa durée), on pensait la polémique éteinte.

    Mais Abdellatif Kechiche a souhaité répondre aux critiques qui lui ont été adressées en publiant hier soir une tribune sur le site Rue89, intitulée A ceux qui voulaient détruire "La Vie d'Adèle"... Un texte long, virulent, passionné, qui ne fait pas dans la demi-mesure, et dans lequel sont particulièrement visés un journal (Le Monde) et une actrice (Léa Seydoux), qu'il considère comme responsables de la campagne de presse dont il estime avoir été victime.

    Quels sont les principaux arguments du réalisateur ?

    Polémique, chapitre 1 : le Festival de Cannes.

    Abdellatif Kechiche date le début de cette polémique à un article d'Auréliano Tonet publié dans Le Monde lors de l'ouverture du Festival de Cannes, "une sorte d’enquête de personnalité censée édifier les lecteurs à propos de mon caractère". Il conteste notamment les propos tenus dans cet article par Jean-François Lepetit, producteur de son premier long métrage, La Faute à Voltaire, et y voit une volonté de lui nuire à un moment particulièrement important de sa carrière ("Quelle urgence le poussait donc à faire part de si soudains états d’âmes ? ").

    Il vise ensuite un article publié par le quotidien pendant le festival et qui se faisait l'écho des critiques des techniciens concernant les conditions de tournage du film, "des  anecdotes de tournage » égrenées et déformées par les collaborateurs de monsieur Tonet pour tenter de donner consistance à de violentes accusations et au portrait de tyran qui les sous-­tend". Amer et radical, il lance : "Ce qui a été écrit et publié contre moi aurait détruit une fois pour toutes ma carrière de cinéaste si mon film n’avait pas été primé à Cannes."

    Polémique, chapitre 2 : un été brûlant

    Cette volonté de le "démolir", le cinéaste (qui a déclaré aux journalistes de Ru89 ne pas craindre d'être traité de paranoiaque) la voit aussi chez son actrice Léa Seydoux. Celle-ci a évoqué dans différentes interviews accordées cet été ses rapports difficiles avec le réalisateur sur le tournage. S'interrogeant sur ces déclarations, Kechiche les explique par... "une incohérence flagrante (à quel moment dit-­elle vrai : quand elle m’honore publiquement ou quand elle me conspue bruyamment ?) et au-­delà, surtout, une imposture perverse et une manipulation de la pire espèce".

    Très remontée contre sa comédienne ("pleine d'opportunisme", "star auto-proclamée du moment", "arrogance d'enfant gâtée"), il la menace d'un procès : "Elle a des obligations dont elle devra rendre compte et j’y reviendrai, moi. Il lui appartiendra de s’en expliquer devant la justice, car elle est aussi une personne majeure et comptable de ses actes". Il précise aussi qu'il "ne vise en rien" son grand-père Jérôme Seydoux, co-président de Pathé -et producteur de son troisième long métrage, La Graine et le mulet.

    Avant de conclure sur le "malaise grandissant" au sein du cinéma français ("Je ne vois d’ailleurs dans la polémique dont je suis aujourd’hui l’objet que l’épiphénomène de maux plus importants qui menacent cette liberté de créer et même la survie du modèle culturel et économique du cinéma français."), Kechiche aborde un registre plus personnel. "M'attaquer sur mes valeurs, c'est m'attaquer au plus profond", s'indigne-t-il, en rappelant qu'il est issu d'un milieu ouvrier. Il glisse au passage une réfèrence guère anodine à Coup pour coup, un film réalisé par le jeune Marin Karmitz à sa période maoiste  : Karmitz, fut l'employeur d'Auréliano Tonet, ex-journaliste à Trois couleurs (le magazine MK2), mais aussi le producteur de Kechiche sur Vénus noire ! Vous avez dit "grande famille du cinéma français" ?

    Les réactions de la presse

    Ce matin, les journalistes n'ont pas tardé à réagir à cette tribune très violente. Dans Libération, Didier Péron pointe une "théorie du complot", et note : "Dans sa fureur, Kechiche ouvre les vannes et en même temps, nous l’avons vérifié encore en le rencontrant pour une interview pour la sortie de la Vie d’Adèle, ne supporte pas que des choses, y compris désagréables pour lui, soient proférées." Sur Twitter, Aurélien Férenczi de Télérama, est estomaqué : "Comment Kechiche peut-il se plaindre ? La presse française lui a complaisamment tendu le micro, sans contester ses propos." C'est ce que souligne, sur un mode ironique, Thomas Sotinel, confrère d'Auréliano Tonet au Monde : "Quel étourdi ce #Kechiche, qui oublie les louanges dont @lemondefr a couvert La Vie d'Adèle."

    Affaire forcément à suivre ?

    JD

    Voir la tribune d'Abdellatif Kechiche sur Rue89

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