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    Cannes 2014 : que retenir du palmarès ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    La victoire de Nuri Bilge Ceylan, des favoris au rendez-vous, les Dardenne et la France bredouilles... Que retenir du palmarès de cette 67ème édition du Festival de Cannes ?

    Jacovides-Borde-Moreau / BestImage

    Clap de fin pour le 67ème Festival de Cannes. Le jury de Jane Campion a en effet rendu son verdict et décerné la Palme d'Or à Winter Sleep du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan. Voici ce qu'il faut retenir de ce palmarès.

    Palme d'Or : Ceylan dans la continuité

    Son nom circulait avant même le début de la compétition. Et pour cause : dans cette section, Nuri Bilge Ceylan c'est trois prix pour quatre participations, avec deux Grand Prix du Jury dans le lot (pour Uzak et Il était une fois en Anatolie). Rapproché au cinéma d'Ingmar Bergman, pour sa beauté visuelle, Winter Sleep a donc permis au cinéaste de faire mieux que son modèle en intégrant le clan des palmés. Il succède ainsi à Şerif Gören et Yılmaz Güney, premiers réalisateurs à recevoir la Palme d'Or avec Yol en 1982, et ce pile l'année où l'on célèbre le centenaire du cinéma turc.

    Les favoris au rendez-vous. Ou presque.

    Outre Winter Sleep, bon nombre de favoris se retrouvent au palmarès de ce 67ème Festival de Cannes, à commencer par Mommy et Leviathan, qui revenaient avec insistance dans les traditionnels pronostics depuis quelques jours, et sont respectivement repartis avec le Prix du Jury et celui du Scénario. Même chose aussi du côté de l'interprétation, puisque Julianne Moore (Maps to the Stars) et Timothy Spall (Mr. Turner) sont les heureux élus, sans grand surprise.

    Le comédien britannique dame toutefois le pion au trio de Foxcatcher, et notamment à Steve Carell, même si le Prix de la Mise en Scène remis au réalisateur Bennett Miller récompense aussi ses qualités de directeur d'acteur. Et donc sa distribution de façon détournée.

    Si la majorité des favoris étaient au rendez-vous sur la scène du Théâtre Lumière, quelques-uns d'entre eux ont surpris par leur absence : la claque Timbuktu, Still the Water de Naomi Kawase, qui ne devient donc pas la deuxième réalisatrice à recevoir la Palme d'Or, et surtout les Dardenne. Chouchous de la presse française selon le Film Français, Deux jours, une nuit est en effet le premier film des deux frères à repartir bredouille de la Croisette, alors qu'ils auraient pu être les premiers à recevoir une troisième Palme d'Or. Y aurait-il une malédiction Marion Cotillard ?

    Christine Plenus

    La France fanny sur la Croisette

    Car oui : pour sa troisième participation d'affilée à la Compétition, la comédienne est autant repartie les mains vides que les films dans lesquels elle jouait (De rouille et d'os, The Immigrant et, donc, Deux jours, une nuit). Mais elle n'est pas la seule. De la même façon qu'il y a deux ans, lorsque Nanni Moretti avait présidé le jury, la délégation française est repartie bredouille :  aussi bien The Search et Sils Maria que Saint Laurent, qui aurait toutefois pu se distinguer avec sa mise en scène ou l'interprétation de Gaspard Ulliel.

    L'Hexagone sauve néanmoins l'honneur grâce à Party Girl : présenté en ouverture d'Un Certain Regard, le premier film de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis s'est en effet vu remettre la Caméra d'Or des mains de Nicole Garcia qui a décrit le long métrage comme "sauvage, généreux et mal élevé."

    Surprises, surprises

    Tièdement accueilli au moment de sa présentation, Les Merveilles ne semblait pas être le mieux placé des films pour figurer au palmarès. Sauf qu'Alice Rohrwacher s'est hissée jusqu'au Grand Prix du Jury, à la surprise quasi-générale. A peu près la même que celle qui a étreint les festivaliers lorsque Jean-Luc Godard a reçu le Prix du Jury pour Adieu au langage. Car si la rumeur d'un trophée se faisait de plus en plus insistante à mesure que la cérémonie de clôture approchait, cet opus avait majoritairement irrité ses spectateurs.

    Récompensé pour la première fois de sa carrière dans cette section, Jean-Luc Godard a partagé ce Prix du Jury avec Xavier Dolan. Si les deux hommes ne se sont pas retrouvés côte-à-côte, pour cause d'absence du premier, le trophée a cette année eu des allures de symbole, en revenant au doyen ET au benjamin de la compétition. Un clin-d'oeil doublé d'une petite surprise (déception ?) pour ceux qui voyaient déjà Mommy beaucoup plus haut dans le palmarès, mais qui n'a pas empêché le prodige québecois de faire preuve d'une grande émotion.

    Shayne Laverdiere

    Grande première réussie

    Avec Alice Rohrwacher (Les Merveilles) et Bennett Miller (Foxcatcher), Xavier Dolan fait néanmoins partie de ces cinéastes qui ont réussi leurs premiers pas dans la compétition, et que l'on pourrait donc revoir dans une édition future. Parmi les bleus de cette cuvée 2014, seul Abderrahmane Sissako (Timbuktu) et Damian Szifron (Les Nouveaux sauvages) sont repartis bredouilles, malgré la très bonne impression laissée par leurs longs métrages respectifs. A charge de revanche ?

    Notons enfin que cette cérémonie de clôture a été marquée par le nouveau show de Quentin Tarantino, venu remettre la Palme d'Or 20 ans après l'avoir remportée pour Pulp Fiction, mais surtout par le départ de Gilles Jacob. Accueilli par une standing ovation lorsqu'il est venu remettre la Caméra d'Or aux côtés de Nicole Garcia, le désormais ex-président du Festival est reparti sous une salve d'applaudissements alors qu'un "Au revoir les enfants" s'affichait sur les écrans. Ce non sans avoir glissé "Vous savez à quel point vous comptez pour moi" à Jane Campion, qui reste donc la seule réalisatrice palmée à l'issue de cette 67ème édition.

    Nuri Bilge Ceylan au micro pour "Winter Sleep", en salles le 13 août :

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