L’Esclave libre de Raoul Walsh (1957)

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En 1957, alors que sévit encore le code Hays – qui impose un certain nombre de règles de censure liées à des enjeux d'ordre moral –, Raoul Walsh réalise une adaptation du roman L'Esclave libre (Band of Angels dans sa version originale) de Robert Penn Warren. Amantha, jeune héritière fille d’un planteur esclavagiste, découvre à la mort du père que sa mère était une esclave et qu’elle est mulâtresse. Vendue comme esclave, elle est recueillie par le propriétaire d'une plantation qui se prend d'affection pour elle, avant que les deux tombent passionnément amoureux l'un de l'autre et qu'éclate la guerre de Sécession. 

Si, d'un point de vue critique, le film a beaucoup souffert la comparaison avec Autant en emporte le vent (la guerre de Sécession comme toile de fond, une héroïne féminine, la présence de Clark Gable dans le rôle-titre masculin...), il aborde des problématiques taboues de manière parfois très frontale et Walsh s'affranchit audacieusement du code Hays. En effet, on rappelle que le code déclare notamment que "le métissage est interdit". Cela implique que les relations sentimentales et sexuelles entre Noirs et Blancs ne pouvaient a priori être montrées que s'il s'agissait d'un viol, comme c'est le cas dans Naissance d'une nation. 

Aussi, malgré une grande liberté dans le traitement et les dialogues, Raoul Walsh n'a d'autre choix que de faire interpréter le rôle d'Amantha par une actrice blanche, c'est donc Yvonne De Carlo qui est choisie. De fait, la pratique qui consistait à faire interpréter le rôle d’un Noir ou d’une Noire par un acteur blanc ou une actrice blanche a été longtemps répandue et vient directement de la tradition théâtrale nauséabonde des Blackfaces, caricatures stéréotypées et racistes.