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    Festival de Cannes : les Palmes de la discorde !

    De la Palme... au napalm : toutes les Palmes d'or cannoises n'ont pas donné lieu à d'aimables consensus, loin s'en faut. La preuve avec ces quelques exemples.

    1997 : la présidente Vs. son jury

    Icône nationale, Isabelle Adjani connut une difficile présidence, acceptée sous condition de participer à la composition du jury... qu'elle se mettra pourtant à dos. Après avoir exigé de ses jurés qu’ils assistent tous avec elle aux projections les plus matinales, qu’ils débriefent très (trop) régulièrement et même se conforment à son régime alimentaire plutôt drastique, la star, qui souhaitait récompenser Atom Egoyan pour De beaux lendemains, allait tomber sur plus habile qu’elle dans l’exercice délicat de la composition de palmarès...

    Au tour de vote préliminaire, L'Anguille de Shohei Imamura se détachait facilement, mais le juré Nanni Moretti ne renonçait pas pour autant à faire du lobbying pour son chouchou, l’Iranien Abbas Kiarostami (Le Goût de la cerise). La présidente et son juré unirent alors leurs forces pour obtenir une Palme ex-aequo… mais pas la même : si Isabelle Adjani s’assura du vote ex-aequo, elle n'en fit pas autant pour "verrouiller" l’identité du second lauréat. Plus finaud à ce petit jeu, Nanni Moretti bascula ensuite sur Imamura et permit en retour au Goût de la cerise de se hisser en tête, ex-aequo. Des manœuvres (cinéphiliques) qui lui vaudront d’être décrit comme un "Machiavel" par Adjani, dont le protégé récolta "seulement" le Grand Prix.

    Au rayon ex-aequo, l’édition de 1980 présidée par Kirk Douglas avait également vu le président opposer sa volonté (avec une certaine réussite, cette fois) à celle de ses jurés. Un Kirk Douglas dont la petite histoire veut qu’il ait été désigné à la tête du jury à la suite d’un malentendu, la proposition étant au départ destinée à Douglas Sirk, et la personne chargée de la transmettre ayant cru nécessaire de corriger une coquille... La star hollywoodienne imposa donc un ex-aequo à ses jurés afin de primer Que le spectacle commence !, téléphonant même aux Etats-Unis la nuit précédant le palmarès pour annoncer que le film de Bob Fosse avait gagné. Un répit dont profitèrent les jurés pour exprimer leur désir de revoter et de donner la palme au seul Kagemusha d’Akira Kurosawa. Pour éviter une telle issue, Kirk Douglas expliqua alors être indisposé et s'enferma dans sa chambre d’hôtel. S’ensuivit une cérémonie ubuesque avec un président Favre Le Bret totalement aux pâquerettes, multipliant les gaffes dans les annonces, et un Kurosawa qui vint seul chercher sa moitié de Palme, en l’absence de Bob Fosse.

    Trois ans plus tard, en 1983, un autre cinéaste japonais triomphe… aux dépens d’un compatriote : mal informé ou un peu sourdingue, un journaliste confie à l’équipe de Furyo qu'il a entendu dire que le film allait être palmé… avant que La Ballade de Narayama de Shohei Imamura n’emporte la mise. Un peu plus tôt, le Nostalghia du dissident Tarkovski avait pour sa part dû être écarté de la course suite aux pressions du très soviétique juré Serguei Bondartchouk, tandis que L'Argent de Robert Bresson avait traversé quelques turbulences suite à la présence au générique de la fille du ministre de la Culture d’alors, Jack Lang, supposée avoir facilité le financement du film. Les deux réalisateurs se partageront un éphémère "Grand Prix du cinéma de création", en guise de consolante.

    Ci-dessous, la bande-annonce de "L'anguille"...

     

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