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    Intouchables, raciste ? Fight Club, fasciste ? les grandes batailles de la critique

    "Intouchables", un film "raciste" ? "Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain", "populiste" ? Les Critiques sont-ils des "assassins" ? Petit tour d'horizon des plus grandes querelles autour de la critique de cinéma, de la Nouvelle Vague à aujourd'hui.

    Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr
    "Le Festival a connu sa journée la plus dégradante et la France sa plus sinistre humiliation" (Europe 1)

    1973. La France est représentée au Festival de Cannes par deux films on ne peut plus polémiques : La Grande bouffe, réalisé par Marco Ferreri, dans lequel un groupe de personnes s’enferme dans une maison pour commettre un "suicide gastronomique", et La Maman et la Putain, sur le désir et l'infidélité, réalisé par Jean Eustache.

    La critique française s’inquiète alors de la production nationale, notamment à cause de La Grande bouffe, qui suscite une réaction générale habilement rapportée par un reporter du JT du soir : "Voici quelques qualificatifs que j’ai relevés dans une seule dépêche à propos du film La Grande Bouffe de Marco Ferreri, présenté par la France : ubuesque, rabelaisien, nihiliste, scatologique, pornographique, trivial, insoutenable et cruel. Ça devrait être un gros succès commercial".

    Le journal d'extrême droite Minute décrit les auteurs du film comme "des terroristes de la culture", Le Figaro parle d’un "Oscar mondial de la vulgarité", L’Humanité critique "la minceur du propos", la chaîne Europe 1 affirme que "le Festival a connu sa journée la plus dégradante et la France sa plus sinistre humiliation", Télérama dénonce un film "obscène et scatologique, d’une complaisance à faire vomir", et Paris Match exprime sa "honte pour [son] pays, la France, qui a accepté d'envoyer cette chose à Cannes afin de représenter [ses] couleurs".

    Ci-dessous et pour le plaisir, les images d'archives captant à chaud la réaction du public après la projection...

    Ingrid Bergman, présidente du jury, se dira elle aussi indignée que "la France ait cru bon de se faire représenter par les deux films les plus sordides et les plus vulgaires du festival". La Maman et la Putain sort néanmoins couronné par un Grand Prix Spécial (que Bergman aurait été "forcée" d’attribuer, d’après ses mots), et La Grande bouffe obtient le Prix de la Critique Internationale.

    (Un long dossier sur la réception critique de La Grande Bouffe est disponible sur la revue québécoise Hors Champ).

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