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    Spielberg, Kubrick, Nolan... A chaque (grand) réalisateur son film de guerre
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    "Dunkerque" de Christopher Nolan, qui sort en DVD / Blu-ray, est là pour nous rappeler cette évidence : la réalisation d'un film de guerre a toujours été un passage obligé pour les grands cinéastes. La preuve par 14.

    Columbia Pictures

    Brian de Palma

    Le cinéaste attendra 1989 pour livrer sa propre vision du film de guerre, avec l'éprouvant Outrages. Basé sur un article écrit par le journaliste du New Yorker Daniel Lang publié en 1969 et intitulé Casualties of War (qui est d'ailleurs le titre en VO du film), le film est tiré d'un fait divers atroce survenu en pleine guerre du Viêtnam. En 1966, une escouade de soldats US kidnappent une jeune viêtnamienne, qui est violée et tuée.

    L'article attire l'attention du scénariste David Rabe et Brian de Palma, qui souhaitait depuis la fin des années 1970 réaliser un film d'après l'article du journaliste, puis de son livre. Mais devant le sujet du film, délicat et anti commercial, les studios ne se sont pas bousculés devant sa porte pour le financer. Même quand on s'appelle Brian de Palma et qu'on a réalisé trois solides films peu auparavant, avec Carrie au bal du DiableFurie et Obsession. Il a fallu attendre que la route soit ouverte avec The Deer Hunter, Apocalypse NowPlatoon et Full Metal Jacket pour que de Palma parvienne à faire son film. Sorti en plein mois d'août 1989 aux Etats-Unis, le film sera un échec commercial. Une sanction injuste pour une oeuvre qui a la vigueur d'un uppercut, où les personnages comme les spectateurs deviennent les complices de ce terrible fait divers, tout en soulignant la faillite morale de l'individu et même d'une nation.

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

    En 2007, de Palma adoptera une stratégie similaire (partir d'un terrible fait divers survenu durant l'invasion US en Irak pour mieux dénoncer la politique des Etats-Unis) avec son Redacted, qui ne connaîtra malheureusement pas de glorieuse carrière en salle. Pour le cinéaste, ce film était un écho évident à son oeuvre Outrages, tandis que l'Histoire bégayait à nouveau : "Les Français ont appris les leçons de leur guerre d'Indochine. Nous autres Américains n'en avons finalement pas été capables avec notre guerre du Viêtnam. Courageusement, vous n'avez pas marché dans les pas de George Bush. Et pour cela, on s'est livré dans mon pays au "French Bashing". Toutes les personnes qui étaient soupçonnées d'être contre la guerre étaient considérées comme anti-patriotiques. On disait alors que ces personnes étaient comme la vieille Europe, usée et fatiguée. Ce sont les termes même de Donald Rumsfeld (ancien Secrétaire d'Etat à la Défense)".

    Brian de Palma nous en parlait au micro, au moment de la sortie du film en France. L'homme n'avait rien perdu de son mordant.

     

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