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    Vengeance sur Action : pourquoi Johnny Hallyday a-t-il remplacé Alain Delon au pied levé ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    À l'occasion de la diffusion de Vengeance ce soir sur Action, retour sur le switch Delon / Hallyday dans le rôle principal du polar de Johnnie To.

    Vengeance - Sortie le 20 mai 2009

    De Johnnie To avec Johnny HallydaySylvie TestudSimon Yam

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Un père vient à Hong Kong pour venger sa fille, victime de tueurs à gages. Sur son passeport est marqué "cuisinier". 20 ans plus tôt, il était un tueur professionnel.

    QUAND JOHNNIE RENCONTRE JOHNNY

    Johnnie To, maître du polar hong-kongais, a mis en scène plusieurs chefs-d'oeuvre du genre, du diptyque Election à Exilé en passant Breaking News et PTU. Un long-métrage se démarque de sa filmographie très fournie, Vengeance.

    Grand admirateur de Jean-Pierre Melville, Johnnie To souhaite réaliser un polar à la façon du Cercle Rouge ou du Samouraï, avec Alain Delon dans le rôle principal. L'idée a germé dans la tête du cinéaste dès mars 2006. Au mois de mai, le réalisateur présente Election 2 à Cannes. Après le festival, il s'envole direction Paris pour rencontrer le mythique comédien pour parler du film autour d'un bon dîner à la française.

    Delon se montre très intéressé par le projet et un second entretien est prévu au moment où Johnnie aura une première ébauche du scénario à faire lire à l'acteur. Les deux hommes se rencontrent à nouveau en mars 2007, à l'occasion de la rétrospective consacrée au metteur en scène à la Cinémathèque. Cependant, Alain Delon préfère que To ne lui raconte pas ses avancées sur le script : "C'est toujours bien quand on raconte, mais après, quand on lit, on est déçu. Alors, ne me racontez rien !", scande l'artiste.

    Soit, Johnnie To revient à la charge en juin 2007 et envoie à Delon un traitement de 20 pages dévoilant les grandes lignes de l'intrigue. Le film a un nom de code : "Gunfight". L'acteur n'est pas du tout satisfait de ce qu'il lit, rejette le projet puis disparaît totalement sans autre forme de procès.

    ARP Sélection

    Un mois plus tard, ARP Sélection, qui se chargera de produire et distribuer Vengeance, est sollicité par un ami banquier pour donner son avis sur un scénario proposé au chanteur Johnny Hallyday, dont il est proche : "Johnny aimerait avoir un avis de professionnels, lui-même hésite, mais il a tellement envie de tourner." ARP fait une réponse très franche au banquier : "C'est indigne de lui ! Il vaut mieux ne rien faire que de tourner dans des films où on exploite son statut de vedette, sans le considérer comme un acteur ". Touché par la franchise du distributeur, Hallyday souhaite le rencontrer.

    Rendez-vous est pris avec l'idole des jeunes en octobre 2007, l'occasion pour Johnny de parler cinéma, de sa grande envie de se remettre à jouer, de Jean-Pierre Melville, John Woo et... Johnnie To. Le chanteur est très fan de l'univers du cinéaste. L'étincelle jaillit ! Costello, le héros de Vengeance, ce n'était pas Delon, c'était Johnny ! Gros bémol, To n'a pas la moindre idée de qui peut être Johnny Hallyday.

    Nous sommes alors en février 2008. Le réalisateur se trouve à Berlin pour projeter son nouveau film, Sparrow. ARP en profite pour lui montrer L'Homme du train de Patrice Leconte et les deux derniers concerts live de Johnny. Un mois plus tard, Johnnie To est conquis. S'il a aimé L'Homme du train, il a surtout été frappé par les concerts du chanteur. Les deux artistes se rencontrent dans un restaurant que Johnny connaît bien à côté des Champs-Elysées. En grands amateurs de bonne cuisine, Johnnie et Johnny s'entendent parfaitement. Le tournage commencera à l'automne 2008.

    "Mes producteurs m'avaient donné des DVD de certains films, et de quelques concerts. J'ai tout de suite vu qu'il avait une grande masculinité. Les concerts m'ont fait comprendre l'immensité de sa popularité. Je n'imaginais pas l'idole qu'il était ! Mais ce n'est qu'en le rencontrant que j'ai su qu'on pourrait travailler ensemble. Il fallait que je le vois pour comprendre tout ce qu'il dégage. Son allure, sa silhouette, sa présence, son visage, et ses yeux incroyables, chargés d'un passé qu'on imagine intense. Le courant est tout de suite passé entre nous, malgré la barrière de la langue. On s'est plu, en tant qu'êtres humains. J'ai compris qu'il y avait entre nous une compréhension, et une vraie confiance. Dès lors, je savais qu'on pourrait faire un film ensemble." -Johnnie To

    Johnnie To au micro pour la sortie de La Vie sans principe

     

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