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    Mission Impossible - Protocole Fantôme sur 6ter : comment cet épisode a redéfini la saga avec Tom Cruise ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Diffusé sur 6ter, "Mission : Impossible - Protocole Fantôme" n'est pas seulement l'un des épisodes les plus spectaculaires et lucratifs de la saga : c'est aussi celui qui l'a redéfinie, à l'aube des années 2010.

    Sorti en décembre 2011 dans les salles mondiales, Protocole Fantôme était devenu, avec 694,7 millions de dollars de recettes, le plus gros succès de la carrière de Tom Cruise, titre que Fallout lui a ravi sept ans plus tard. Cette mission, l'acteur a pourtant failli ne jamais pouvoir l'accepter. Pas pour une question de volonté mais parce que la Paramount avait rompu le contrat d'exclusivité qui les liait en août 2006. Sans doute pour lui faire payer les résultats decevants de Mission : Impossible III au box-office autant que la promotion qu'il avait vampirisée en parlant davantage de sa vie privée que du long métrage de J.J. Abrams. Bien que producteur, il perd alors les droits de la saga dont Brad Pitt aurait pu être le nouveau héros selon une rumeur. Mais les choses ne bougent pas jusqu'au mois de mai 2008, où l'hypothèse d'une réconciliation commence à circuler. Elle se concrétise en deux temps : un an plus tard, puis fin mars 2010, lorsqu'un réalisateur est choisi.

    Mission : Impossible - Protocole fantôme
    Mission : Impossible - Protocole fantôme
    Sortie : 14 décembre 2011 | 2h 13min
    De Brad Bird
    Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg
    Presse
    3,9
    Spectateurs
    3,8
    Voir sur Paramount+

    Exit J.J. Abrams, qui reste néanmoins présent à la production, et place à Brad Bird pour un baptême du feu, puisqu'il s'agissait du premier long métrage en prises de vues réelles pour ce transfuge de Pixar. Venu d'un univers, l'animation, où rien ne semble impossible, le réalisateur va appliquer au long métrage le même principe que pour ses Indestructibles, avec une petite inversion à la clé : au lieu de traiter son histoire de super-héros comme de l'espionnage, ce sont ses espions qui deviennent des super-héros. Surtout un. Car c'est avec Protocole Fantôme qu'est instauré pour de bon ce qui apparaît aujourd'hui comme l'une des marques de fabrique de la franchise, à savoir ces moments où Tom Cruise trompe la mort, seul et sans recours à des trucages numériques.

    C'EST PARTI POUR UNE TOUR

    C'est donc aux 828m du Burj Khalifa de Dubaï, plus haute tour du monde, qu'il s'attaque pour littéralement permettre à Ethan Hunt de renouer avec les sommets. En apprenant que Protocole Fantôme serait le premier film hollywoodien à se tourner aux Émirats Arabes Unis, l'hypothèse de voir Tom Cruise escalader le bâtiment revenait comme une blague dans la presse, jusqu'à ces photos de tournage vertigineuses de la star harnachée à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Un véritable exploit qui repousse les limites de l'impossible et occupera le coeur de la promotion. Plus que le retour de Simon Pegg au casting ou l'arrivée de Jeremy Renner, dont le studio voulait, à l'époque, faire le nouveau héros de la saga en remplacement de la star actuelle, jugée vieillissante.

    Une idée qui fait encore sourire aujourd'hui, car l'acteur nommé aux Oscars pour Démineurs n'a jamais réussi à se mettre au niveau de Tom Cruise. Et c'est peut-être pour cette raison que son personnage de William Brandt, présenté de façon intéressante, est ensuite passé au second plan avant de briller par son absence dans Fallout sans que cela ne gêne le récit. Mais nous y reviendrons plus tard et il constituait alors l'une des attractions de Protocole Fantôme, film qui, comme son prédécesseur, emmène Ethan et son équipe tout autour du monde, du Kremlin de Moscou à Mumbai, en passant par Dubaï. Autant de lieux dans lesquels Brad Bird fait parler sa virtuosité pour nous concocter une aventure trépidante et aux accents cartoonesques, dans son humour comme ses situations.

    "Ce n'est pas comme si chaque mission allait être plus dure que la précédente, si ?" (Benji Dunn)

    Entre l'évasion inaugurale dans la prison russe, le matelas gonflable d'Hanaway (Josh Holloway) qui se déploie instantanemént, l'infiltration du Kremlin grâce à un écran qui projette ce que voit le garde, le final dans le parking mobile ou encore la fameuse escalade du Burj Khalifa, dont Sabine Moreau (Léa Seydoux) chute tel le Coyote des Looney Tunes après un combat acharné avec Jane Carter (Paula Patton), Brad Bird nous donne plus d'une fois l'impression d'assister à un long métrage d'animation emmené par des personnages de chair et d'os. Un parti-pris qui s'accorde avec l'évolution physique du personnage d'Ethan Hunt, pour qui le mot "impossible" ne semble plus vouloir rien dire, quitte à ce que cela soit accueilli avec perplexité et/ou le sourire par ses partenaires, parfaits relais du spectateur.

    REPENSER L'IMPOSSIBLE

    Conservant la notion d'équipe réinstaurée par J.J. Abrams après le solo de Mission : Impossible II, Protocole Fantôme installe beaucoup de tendresse et de bienveillance entre les membres réunis par Hunt, à tel point que le petit groupe nous rappelle la famille Parr des Indestructibles, les super pouvoirs en moins. Brad Bird s'empare ainsi de la formule mise en place par son prédécesseur et de quelques codes de la saga, les masques en tête, mais réhausse son côté spectaculaire de plusieurs crans en multipliant les morceaux de bravoure. Avec un recours le plus limité possible aux effets numériques, ce qui a permis au film de bien veillir et de conserver sa fraîcheur au fil des visionnages, là où celui de John Woo a plus vite été daté.

    Comme dans l'opus sorti en 2000, Ethan Hunt redevient un super-héros et s'adonne de nouveau aux joies de l'escalade. Mais Mission : Impossible - Protocole Fantôme ne néglige pas son côté humain et nous implique ainsi plus dans le récit, ou le désir de Jane de venger la mort d'Hanaway survenue dans la scène d'ouverture. À l'exception de Benji, en charge du côté "comédie" malgré son évolution et son importance dans le final, chaque membre de l'équipe cache blessures et secrets. Surtout Brandt, analyste de la CIA aux aptitudes de combat un peu trop poussées et dont le passé contribue à faire du héros un personnage tragique. Il est en effet lié à son épouse Julia (Michelle Monaghan), dont on nous annonce la mort avant de révéler qu'elle est toujours en vie, cachée, et que son époux a dû renoncer à la voir pour mieux la protéger et éviter qu'elle ne soit prise pour cible.

    Ethan perd ainsi l'un des rares liens le rattachant au monde réel, alors qu'il ne peut plus vraiment compter sur l'IMF, dont les agents sont désavoués suite à l'attentat au Kremlin qui lance définitivement le récit. La mission se déroule donc hors des sentiers battus et on se demande s'il ne faut pas y voir un lien avec le fait que, malgré leur réconciliation, Tom Cruise et la Paramount continuent de faire vivre la saga mais ne travaillent plus ensemble de façon exclusive comme avant. Même si le personnage a toujours eu des soucis avec les autorités, il faut avouer que la coïncidence semble grosse. Il en va de même avec sa première apparition, de dos et dans la pénombre d'une cellule de prison où le personnage se "cache" après avoir mis en scène la mort de sa femme.

    Paramount Pictures.

    Nettement moins en odeur de sainteté qu'à l'époque des premier et second opus, Tom Cruise semble ici revenir sur la pointe des pieds et faire profil bas avant de reconquérir son monde : avec le mélange d'humour et d'action de la scène d'évasion de la prison d'abord, puis en se surpassant et faisant preuve d'un investissement XXL pour nous inviter à "repenser l'impossible", comme le dit l'une des bandes-annonces. Une opération de reconquête qui s'avère payante puisque Mission : Impossible - Protocole Fantôme s'est imposé comme l'opus le plus lucratif de la franchise à l'époque de sa sortie et jusqu'en 2018, et revient très souvent en tête lorsqu'il s'agit de faire un classement des épisodes.

    Fort de la mise en scène de Brad Bird, aussi virevoltante que dans le générique réorchestré de façon audacieuse par Michael Giacchino, le long métrage s'avère pourtant plus fort visuellement et dans sa façon de raconter son histoire que sur le plan thématique, beaucoup plus léger que dans les précédents. Il n'en reste pas moins un divertissement jubilatoire et de haute volée, qui permet à sa star de renouer avec les sommets, au propre comme au figuré, et de finir avec le sourire avant de disparaître au cœur d'un nuage de fumée. À l'échelle de la saga, il se révèle également très important en établissant un standard que les opus suivants chercheront à dépasser et en faisant intervenir Christopher McQuarrie, scénariste qui officie ici en tant que script doctor et s'apprête à prendre du galon.

    Avez-vous remarqué tous les détails cachés du film ?

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