Il est Elle
A travers un récit simple, celui de l'apprentissage de l'acceptation et de la différence, Il est Elle, réalisé par Clément Michel (J'ai 2 Amours) dépeint le processus de transition de Julien, assigné garçon à la naissance mais qui se sent fille. Tandis que l'adolescente aspire à embrasser son identité et lutte avec ses idées noires pendant cette période décisive, ses parents voit leur quotidien ébranlé par la découverte du mal-être de leur enfant. Un choc qui va créer un déchirement au sein de leur vie de famille en apparence idyllique, pour le meilleur et pour le pire.
Andréa Furet, actrice elle-même transgenre et vraie révélation du film, récompensée du Prix de la Meilleure interprétation féminine au Festival de Luchon, nous transmet un torrent d'émotions avec beaucoup de grâce et de retenue. Ses parents, incarnés par les toujours impeccables Jonathan Zaccaï (Infidèle) et Odile Vuillemin (Les Innocents) sont profondéments humains, dans leurs défauts et leurs errances face à ce bouleversement. Une fiction essentielle sur la transidentité, et un parfait complément au documentaire Petite fille de Sébastien Lifshitz diffusé fin 2020 sur Arte.
Prochainement sur TF1
Les Héritières
Attendu d'ici cet été sur Arte, le téléfilm Les Héritières, réalisé par Nolwenn Lemesle (Des Morceaux de moi), suit durant toute une année scolaire le parcours de Sanou, une adolescente brillante de Seine-Saint-Denis ayant fait son entrée en Seconde au sein du prestigieux lycée Henri-IV à Paris. Un nouvel environnement ultra compétitif et majoritairement (très) huppé dans lequel elle va avoir du mal à se faire une place. D'autant plus, qu'en parallèle, afin d'obtenir une bourse qui lui permettrait d'accéder à une chambre proche du lycée, elle va devenir la tutrice de Khady, une élève de Troisième de son ancien collège classé REP+, vraie boule d'énergie et de colère passionnée de breakdance, qui pourrait bien elle aussi vivre une année décisive. Et suivre ses traces ?
D'une justesse et d'une sobriété folle, Les Héritières séduit avant tout pour sa troupe épatante de jeunes comédien.ne.s. Tracy Gotoas (Au-dessus des nuages) et Fanta Kebe (Tu préfères ?) en tête, qui sont les vraies révélations de cet unitaire, mais aussi des visages un peu plus connus des téléspectateurs français, comme Lucie Fagedet (Skam France) et Sam Chemoul (Plus belle la vie). Au-delà des questions qu'il soulève sur la compétitivité qui fait rage et les disparités sociales qui existent dans les établissements d'excellence, le scénario sensible de Laure-Elisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt fait ressortir tout le dilemme qui habite Sanou, tiraillée entre sa famille qu'elle ne veut pas renier, de l'autre côté du périph, et son désir de croire en ses rêves de réussite.
Prochainement sur Arte
Je l'aime à mentir
Réalisé par Gabriel Julien-Laferrière (Neuilly sa mère), Je l'aime à mentir est une comédie romantique qui fait du bien. Et comme on en voit trop peu en France. Ecrit par Carole Greep et le comédien Guillaume Labbé (Je te promets), ce téléfilm plein de pep's suit les mésaventures de Zoé qui, dans la jungle des réseaux sociaux, vient de trouver l’homme de sa vie ! Une idylle qui dure 2 heures… avant que Robinson ne tombe dans le coma suite à une crise d'épilepsie. Un quiproquo plus tard, la voilà fiancée à cet homme et en charge de ses 2 enfants le temps de son séjour à l’hôpital. Mais à force de mensonges et au contact de l’univers de ce charmant inconnu, ne finirait-elle pas par croire à cet amour ? Et que se passera-t-il au réveil de Robinson ?
Principalement vue dans des fictions plutôt dramatiques ces dernières années, Julie de Bona retrouve, pour notre plus grand bonheur, le registre de la comédie qui lui va comme un gant et qu'elle avait déjà exploré avec La Smala s'en mêle ou Coup de foudre à Noël. Elle fait des étincelles dans la peau de cette rêveuse - et amoureuse - un brin déjantée qui s'invente une vie pour les beaux yeux de son prince charmant endormi. Parce qu'elle veut croire, elle aussi, au conte de fée. Le couple qu'elle forme avec Samir Boitard (Le Secret d'Elise, Prise au piège) fonctionne à merveille et on se laisse emporter dans la douce folie de cette comédie romantique qui surpasse largement la plupart des "Coups de foudre" de TF1.
Prochainement sur M6
Bulle
En compétition dans la catégorie séries, face à L'homme que j'ai condamné, L'école de la vie, ou encore la saison 4 de L'Art du crime (qui est repartie avec le prix de la Meilleure série), Bulle est une petite pépite que l'on doit à la chaîne suisse RTS. Réalisée par Anne Deluz, cette fiction extrêmement touchante en six épisodes nous transporte à Bulle, un petite ville du canton de Fribourg en pleine mutation industrielle. C’est dans ce paysage de carte postale, cette "bulle" protectrice et consensuelle, que vivent les Aubert dont l’équilibre explose lorsqu'ils sont brutalement confrontés à la maladie d’Alice, 35 ans. Une onde de choc qui va toute bouleverser pour cette famille et faire ressurgir le passé, réel, fantasmé ou occulté.
Magnifiquement portée par Elodie Bordas, bouleversante de justesse dans la peau d'Alice, Bulle doit beaucoup à sa très jolie distribution qui comprend également Suzanne Clément, Nicolas Bridet, et Claudia Cardinale, géniale en grand-mère de l'héroïne. Et explore les dysfonctionnements d'une famille comme les autres par le prisme du cancer qui remet tout en perspective et force à se confronter à certains non-dits et autres secrets du passé. Avant qu'il ne soit trop tard ? Avec sa galerie de personnages finement dessinés, Bulle nous fait espérer une diffusion prochaine en France. Peut-être sur Salto qui propose déjà plusieurs séries suisses récentes, dont Cellule de crise (également en compétition à Luchon) et Quartier des banques ?
Pas de diffuseur français annoncé
