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    Le Juge et l'Assassin
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    ClashDoherty
    ClashDoherty

    207 abonnés 838 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 août 2008
    Que dire devant telle perfection ? Acteurs parfaits (Noiret, Brialy, Huppert, on le sait, sont toujours parfaits, mais voir Michel Galabru aussi grandiose dans un rôle aussi dramatique est une merveille pour cinéphile) Il est ici bien loin du personnage de l'adjudant-chef Gerber, et on se demande vraiment pourquoi il n'a pas continué dans cette voie, car il tient ici le rôle de sa vie (récompensé justement par un César).
    Reconstitution minutieusement parfaite de la France de la fin du XIXème siècle, tant du point de vue social que politique. Ce film est aussi une remarquable vision d'un tueur en série fou et sanguinaire, bien que dramatiquement à plaindre. Il faut à tout prix voir "Le juge et l'assassin". Le meilleur de Tavernier avec "Que la fête commence" et "L.627". Voyez donc comment ce réalisateur est éclectique et talentueux !
    kinophil
    kinophil

    19 abonnés 262 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 7 octobre 2011
    Superposition du portrait d’un serial killer campagnard et des références au climat politique de l’époque (affaire Dreyfus, La Commune) avec en toile de fond le climat pro-peine de mort au moment de la réalisation du film (Sardou : »Je suis pour ») et le débat sur la responsabilité de l'assassin. Film à thèse, angéliquement socialiste avec foule chantante et drapeau rouge agité. Cinéma sympathique de style engagé et comme souvent un peu caricatural dans la démonstration, courant dans les années 70’ mais qui a un peu vieillit. Beau rôle de Galabru, belles balades dans les montagnes ardéchoises, mais à trop vouloir en faire, le film devient un peu longuet et manque pas mal de rythme.
    Davidhem
    Davidhem

    88 abonnés 336 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 novembre 2008
    Un an après le film nommé "Que la fête commence", Bertrand Tavernier et son acteur fétiche Philippe Noiret collaborent à nouveau dans un film sombre qui relève du drame psychologique. Le film en lui-même atteint les plus grands sommets du film noir Français. Dans ce long-métrage, personne n'est ni tout blanc ni tout noir. Le réalisateur décide d'organiser un duel entre Philippe Noiret dans le rôle d'un juge ambitieux et cynique à un tueur en série peu commun et empreint à l'illumination formidablement interprété par Michel Galabru dans un rôle dramatique où l'acteur trouve enfin le moyen d'exprimer la plénitude de son immense talent. Ce film en plus de posséder des acteurs talentueux propose de plonger dans la misère humaine de la fin du dix-neuvième siècle. Le réalisateur dispose en plus d'un scénario riche et dense de telle sorte qu'il ne subsiste aucun temps mort. Le film relate l'histoire d'un homme qui viole, qui tue des jeunes femmes puis qui est capturé par les forces de police et qui attend son jugement en exigeant d'écrire des articles dans les journaux pour sensibiliser l'opinion en échange de ses aveux. Le plus étrange paramètre dans tout cela concerne le malaise que provoque le réalisateur en acceptant de confronter deux hommes très différents sur le plan légal, l'un juge, l'autre criminel, mais réussit grâce à une réalisation brillante à rendre le personnage joué par Galabru sympathique malgré ses crimes horribles et le personnage de Noiret parfaitement détestable, ce dernier étant présenté comme un opportuniste prêt à tout pour monter en grade dans les plus grandes magistratures de France. A la question "Peut-on tolérer qu'un homme gravisse les échelons d'une élite en envoyant un homme à la guillotine?", la réponse du peuple est clairement "non" surtout à cette époque durant laquelle les valeurs de gauche et le socialisme prenaient leur essor. Bertrand Tavernier réalise une oeuvre brillante et intéressante dont la phrase finale qui donne à réfléchir.
    fandecaoch
    fandecaoch

    940 abonnés 2 232 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 avril 2016
    Le Juge et l'Assassin : J’attendais avec impatience de voir ce film et quel claque, quel monument. Ça c’est du cinéma, ça c’est une œuvre de grande qualité. Avec une histoire travaillé et réfléchit, des dialogues impeccables, une réalisation maitrisée, un casting énorme avec des acteurs monstrueux et talentueux. Non vraiment, pour ce film, il y a que des compliments qui me vient et c’est même devenu un de mes films préférés, ce n’est pas rien. Il y tellement de qualité et de consistance. Déjà, l’histoire très complète, très humaine et psychologique qui révèle et parle ou critique de beaucoup de sujet et point de la société et de l’être humain : deux classes social s’affronte, la folie d’un homme, la folie de la société, la justice… Et on nous présente aussi tout une époque, avec cette société très révolutionnaire qui sépare le peuple entre les religieux pur et dur et ceux pour la loi, la justice… Comme je disais, beaucoup de sujet traité avec justesse et authenticité. De plus que l’histoire est basé sur des faits réels, car l’histoire, c’est un homme qui après une rupture amoureuse va devenir fou après avoir tenté d’assassiné celle qui l’aimé, et il va est relâché dans la nature et il va devenir un véritable tueur en série, tueur et violeur de jeune femme. Et ce n’est pas fini, car il y a aussi une vraie affaire de justice et une enquête et même la, on doute sur sa folie, sur ses raisons… C’est très bien mené, les dialogues sont parfait : rien a rajouté no a enlevé car c’est des dialogues de qualités. Mise en scène pareil, c’est bien mis en valeur, des paysages de nature sublime, des zooms maitrisés, un souci du cadrage, avec voila, c’est du cinéma et c’est du Bertrand Tavernier. Et pour finir, que dire des acteurs, des monstres du cinéma, une confrontation : Michel Galabru qui tient sont rôle le plus dramatique, il est incroyable, bouleversant et authentique comme d’habitude, il mérite amplement son césar, et il est face a Philippe Noiret : juste, avec du charisme et de la prestance. Donc voila, un film qui prend aux trips, a la fois touchant car on a pitié des personnages mais très grave et dramatique.
    ghyom
    ghyom

    69 abonnés 150 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 juin 2014
    Je n'ai pas forcément grand chose à dire sur ce film. Pas qu'il soit mauvais ou quelconque pourtant. Mais je n'ai juste pas d'inspiration particulière. Un film qui est de toutes façons à voir rien que pour la performance extraordinaire de Galabru (dont la carrière fut malheureusement trop cantonnée à faire de l'alimentaire). Noiret est comme toujours parfait. La toute jeune Isabelle Huppert est pleine de charme et de fraîcheur et Jean-Claude Brialy délicieux d'humour et de malice. Portrait de 2 fous, symboles de la société de la IIIè république : bourgeois antisémites et "bons chrétiens" respectables contre ouvriers anarcho-socialistes, plus qu'une opposition, les 2 faces d'une même pièce.
    landofshit0
    landofshit0

    242 abonnés 1 745 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 21 mai 2013
    Certes Galabru est ici dans un autre registre de personnage, seulement Tavernier comme à son habitude n'arrive pas à humaniser ses personnages ils restent en surface et sont sommairement traités. Tarvenier veut faire du grand cinéma,mais il lui manque tout un tas de paramètres pour arriver à en faire,le plus gros étant son incapacité à les rendes vivant,dès lors il est impossible d'avoir la moindre empathie ni pour le juge ni pour l'assassin.
    tonyhw
    tonyhw

    39 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 17 mars 2021
    Malgré son statut de classique, "Le Juge et l'Assassin" ne fait clairement pas partie des meilleurs films de Tavernier à mes yeux. Aucun rythme, peu de tension, personnages opaques voire agaçants... On s'ennuie presque, à l'image de Jean-Claude Brialy qui semble la plupart du temps égaré ou pour le moins peu concerné. Seuls les décors (paysages et villages) retiennent vraiment l'attention. Dommage, avec un sujet pareil il y avait certainement matière à faire mieux, beaucoup mieux.
    dougray
    dougray

    205 abonnés 1 904 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 août 2017
    Bien qu’il soit porté aux nues par les critiques et considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de son réalisateur Bertrand Tavernier, "Le juge et l’assassin" m’a un peu laissé sur la faim. Non pas que le film m’ait déplu ! Mais je trouve qu’il souffre d’un certain nombre de défauts trop souvent oublié lorsqu’on l’évoque et qui l’empêche, à mon sens, d’être totalement réussi. Certes, on retient, à juste titre, le numéro des deux interprètes principaux, à savoir Michel Galabru en assassin fou à lier (qui recevra son seul César à cette occasion) et Philippe Noiret en juge ambitieux. Galabru est effectivement bluffant car il parvient à casser son image (tellement réductrice et injuste pour cet acteur merveilleux) de comique ringard sans, pour autant, renier son jeu habituel. On retrouve, ainsi, son accent méridional et ses éclats de voix… au point de rendre le personnage limité, voire grotesque. Ce n’est, pour autant, pas une critique dans la mesure où le tueur dont s’inspire le film (Joseph Vacher rebaptisé ici Joseph Bouvier) était visiblement très proche de ce portrait. L’interprétation outrancière de Galabru tranche, du reste, avec celle de toutes ses partenaires… à commencer par celle de Noiret, souvent oublié lorsqu’on parle du film au profit de son "adversaire" alors qu’il campe un juge passionnant dans son arrivisme et sa moralité douteuse (là encore, le portrait semble proche du Juge Fourquet qui a fait condamner Vacher). Plus qu’un reversement des repères habituels (Tavernier ne va pas jusqu’à faire de son assassin un "gentil"), le portrait de ce juge s’inscrit dans la logique du propos du film, à savoir une dénonciation des injustices sociales de l’époque, à travers le cas de cet assassin, incontestablement fou mais qui, en raison de l’obstination d’un juge ne voulant pas passer à côté de l’affaire de sa vie, finira par être considéré comme responsable de ces actes et guillotiné. Tavernier élargit sa critique en replaçant les faits dans le contexte de l’époque, gangrenée par l’antisémitisme galopant, le colonialisme, la mainmise de l’Eglise ou encore l’affaire Dreyfuss. Malheureusement, Tavernier pousse sa logique un peu trop loin à mon sens puisque, visiblement craintif que l’affaire Vacher et la description des mœurs de l’époque soient insuffisants, il force le trait, avec un manque de subtilité surprenant en faisant du juge (qui avait déjà bien des défauts) spoiler: un violeur
    et en se livrant à une comparaison assez maladroite entre les enfants assassinés de façon assez abominable par Bouvier et… spoiler: les enfants mourant dans les mines
    ! Ce parallèle n’apporte pas grand-chose au récit et fait franchement cheveu sur la soupe spoiler: (comme la séquence finale façon "Germinal" !)
    . Autre problème : le rythme qui, à plusieurs reprises, fait défaut en raison, notamment, des longs monologues de Bouvier en voix-off, accompagnés d’une musique à la limite du supportable, d’un montage qui aurait gagné à être plus serré, d’un certain nombre de sous-intrigues qui ralentissent le récit (à commencer par la relation entre le juge et Rose) ou encore de chansons entièrement déclamées (là où un extrait aurait été amplement suffisant !). Cependant, la mise en scène de Tavernier m’ayant toujours laissé assez dubitatif, je suis peut-être un des rares à avoir été gêné par ces défauts. Heureusement, le film est parsemé de moments surprenants par leur légèreté, voire leur drôlerie inattendue. Les échanges entre Bouvier et le juge sont souvent incroyables à ce titre mais ce sont, surtout, les séquences du Procureur (joué par le fantastique Jean-Claude Brialy) qui remportent la timbale à ce titre, tout comme les réactions décalées de la mère du Juge (Renée Faure). Le juge et l’assassin est donc un film intéressant, qui retrace un des faits divers les plus terribles du 19e siècle (Vacher étant considéré comme un des premiers serial killer français) et qui bénéficie d’une interprétation de haute volée… sans pour autant être le chef d’œuvre escompté.
    Kubrick's Club
    Kubrick's Club

    34 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 7 mai 2010
    Film étrange, et à l’origine d’une grande prestation d’acteurs, avec un Michel Galabru en « éventreur du Sud » qui simule la folie comme explication de ses crimes face à un Philippe Noiret clairvoyant, farouche et non sans arrière pensé dans cette enquête. Là où le film surprend véritablement c’est la tournure que lui donne Bertrand Tavernier, avec un parallèle aussi audacieux que tendancieux, entre les 12 morts imputés à Bouvier sur la période 1893-1898 durant laquelle 2500 jeunes de moins de 15 ans périrent dans les mines, « assassinés » par ces antidreyfusard qui détiennent le pouvoir, l’argent et la justice selon le message implicite du réalisateur! Film qui mérite bien qu’on n’y porte notre attention, tant pour la vision singulière de son auteur que son casting.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    2 775 abonnés 3 954 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 mars 2021
    La force du Juge et l'assassin, c'est son ambigüité morale, car la figure monstrueuse de l'assassin violant, sodomisant, découpant et égorgeant des petits enfants est montré dès l'ouverture du film comme un pauvre type paumé, sans doute fou, abimé par la vie et la société, tandis que le juge, propre sur lui est loin d'avoir les mains aussi propres qu'il voudrait bien le croire...

    C'est pour ça que le film est si bon, en s'inspirant de faits réels, il va réussir à peindre une société de classe où les pauvres n'ont aucune chance, où les chemineaux (j'aurais appris un mot avec ce film) sont considérés comme des parasites dont il faudrait débarrasser la société, où les soins adaptés ne sont pas accordés...
    Et donc si le juge a sans doute raison de vouloir arrêter ce que l'on appellerait aujourd'hui un tueur en série, bien qu'il le fasse plus pour lui, son avancement, que pour protéger la population, son absence de doute, ses méthodes vont montrer l'inhumanité d'un système.

    Et surtout, la conséquence de ça, c'est que le spectateur ressent de la pitié pour cet assassin, maltraité par la société et manipulé par son juge. Ce n'est pas de la justice, c'est un simulacre du justice et les personnages le savent bien. Les discussions entre Villedieu, ancien magistrat en Cochinchine, et le juge l'illustrent bien. Il est clairement dit que parce qu'il est pauvre il n'a aucune chance.
    D'ailleurs j'apprécie beaucoup le personnage de Villedieu, dont la prise de distance avec ce que fait le juge va de pair avec celle du spectateur...

    Pour autant, il faut le souligner, le juge n'est jamais lourdement montré comme le méchant de l'histoire, c'est lui qu'on suit, on connaît sa famille on le voit interagir avec elle, ce qui lui donne une certaine humanité. Il est juste un bourgeois de son époque qui se comporte comme un bourgeois, ayant peur pour sa classe, peur que la société qui l'a assis à sa tête s'effondre.

    Et pour ça je trouve que Tavernier fait fort, n'importe quel autre réalisateur aurait soit atténué le côté malfaisant du juge pour le faire passer pour un héros, ou bien n'aurait pas osé le mettre en héros et se serait trouvé un autre personnage principal...
    Parce que là il faut bien le dire, ni l'assassin, ni le juge ne sont des personnages enviables... Mais parce que Tavernier va tâcher des les juger le moins possible, va les traiter comme n'importe quel autre personnage, malgré leurs actions, il se dégage d'eux quelque chose de terriblement humain.
    Le seul personnage qui est bien vu par le spectateur et qui prend toute son importance dans le final c'est celui d'Isabelle Huppert, la maîtresse du juge. Elle représente un nouveau monde possible.

    Vraiment cette fin est sublime, montrant le changement d'époque et surtout relativisant les meurtres commis par le personnage de Galabru : la société de classe bourgeoise tue bien plus d'enfants que n'importe quel assassin...
    C'est fort.
    maxime ...
    maxime ...

    190 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 novembre 2015
    Michel Galabru est exceptionnel ! Il m'a littéralement scotché, je ne m'attendais pas à pareil surprise. Les autres noms à l'affiche répondent eux aussi présent, Philippe Noiret, Jean-Claude Brialy, Isabelle Huppert ... Le Juge et l'Assassin est un très grand film d'acteurs. Pour le reste, l'histoire est passionnante malgré quelques longueurs. La composition de Tavernier est comme à son habitude, remarquable et documenté. Toujours plusieurs intrigues ( ici le procès de Dreyfus ) à travers le récit principal, d'ailleurs cet affrontement entre le juge Rousseau ( Noiret ) et Bouvier ( Galabru ) tiens toutes ces promesses, la dualité y est permanente. Ce film prend un partit pris très audacieux, contestable, mais très courageux à tel point qu'on s'en retrouve tout chamboulé sur le " châtiment " réservé à l'assassin. La méthode plus que contestable employé par le magistrat y est pour beaucoup, la justice a un gout acide ... Jean-Paul Sartre écrit dans La Nausée “ J'admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté ”, je trouve cette citation en parfait " harmonie " avec le propos de ce film.
    Chaill
    Chaill

    12 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 juin 2014
    Ayant lu un article sur l'affaire Vacher (ici Bouvier), j'attendais avec impatience de visionner ce film. La première moitié décrit fidèlement la vie du renégat et en parallèle les investigations du juge qui se passionne pour ces meurtres. Bouvier est confondu par le juge, qui va tenter alors de gagner sa sympathie pour mieux le faire avouer ses crimes. Rapidement le film perd alors tout son rythme et se perd en palabres et autres chansons, à croire que Tavernier cherchait à combler l'heure qui lui restait à tourner. Le métrage perd alors son intensité et on s'ennuie ferme. A saluer néanmoins la fidelité de l'oeuvre par rapport à l'histoire, la finesse des dialogues et le talent des comédiens, Galabru en tête.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    994 abonnés 4 077 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 17 mars 2018
    En revoyant "Le juge et l'assassin", on se dit que Bertrand Tavernier est sans aucun doute le réalisateur français contemporain ayant le plus de goût et d'aptitudes pour le film en costumes. En effet, pas moins de dix films d'époque jalonnent la foisonnante filmographie du réalisateur-cinéphile (on pourrait dire le cinéphile-réalisateur). A contre-courant des enseignements souvent tyranniques de la Nouvelle Vague, Bertrand Tavernier fait encore une fois appel au duo Aurenche et Bost. C'est en effet Pierre Bost qui sur le tournage de "L'horloger de Saint-Paul" montre au jeune réalisateur un début de scénario consacré à l'histoire de Joseph Vacher, militaire réformé qui après avoir voulu tuer une jeune femme sur laquelle il avait jeté son dévolu et raté une tentative de suicide s'était lancé de 1894 à 1897 dans une randonnée mortifère (au moins 20 meurtres et viols) sur les chemins de la France du Sud-est. Avec Vacher, la France tenait sans aucun doute un de ses premiers tueurs en série, près de vingt ans avant Henri Désiré Landru dit le "Barbe-bleu de Gambais" qui fut le premier à "imprimer" l'inconscient collectif national. Après le succès critique de "Que la fête commence" (premier réalisateur couronné par l'Académie des Césars en 1976), Tavernier qui ne perd pas de temps en chemin ressort l'ébauche en question et y travaille avec Jean Aurenche, Pierre Bost étant décédé dans l'intervalle. Décidant très vite de proposer le rôle du juge à Philippe Noiret, Tavernier est en territoire connu, sachant ce qu'il peut exiger du comédien. Avec Pierre-William Glenn à la photographie, Philippe Sarde à la composition musicale et Jacqueline Moreau aux costumes, c'est une équipe très professionnelle, sans doute une des plus efficaces des années 1970 qui se met en place autour d'un réalisateur en pleine réussite. Mais l'idée géniale qui parait évidente à postériori a été de faire appel à Michel Galabru qui sera particulièrement troublant dans le rôle de Joseph Bouvier, un peu à la manière de la reconversion réussie par Tony Curtis dans "L'étrangleur de Boston" de Richard Fleischer en 1968. Le comédien qui décrochera un César bien mérité et sans doute trop modeste, attribue tout le mérite de sa performance à Bertrand Tavernier. Il convient tout de même de rappeler que sociétaire de la Comédie Française dans les années 1950, Galabru s'était frotté à tout le répertoire classique même s'il est vrai que sa carrière filmographique faite de nanars alimentaires ne plaidait pas pour lui. Dans le contexte d'une France encore très rurale exposée d'emblée par le plan large du générique montrant Bouvier arpentant avec son bâton les vallons de la campagne ardéchoise, Tavernier à travers le face-à-face entre le juge et l'assassin, prends le pouls d'une France que la Révolution française n'a pas encore réussi à réellement transformer, la bourgeoisie supplantant la noblesse comme classe dominante. Un peu comme l'avait fait Luis Buñuel en adaptant "Le Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau (1964), Tavernier souligne le fossé incommensurable qui demeure entre les classes sociales à travers les rapports entre le juge Rousseau et Bouvier mais aussi par moult petits détails qui montrent bien le mépris avec lequel sont considérées les classes laborieuses (dans les milieux informés actuels ont les nomment "ceux qui ne sont rien"). Le plus bel exemple en est fourni par Rose (Isabelle Huppert), la maitresse de Rousseau soigneusement reléguée dans l'ombre pour ne pas gêner les projets d'ascension du juge de province ambitieux. Idem pour le procureur joué par un Jean-Claude Brialy qui rappelle ici quel grand acteur il était, sorte de mauvaise conscience du juge qui sent bien que l'ordre établi ne sortira pas indemne d'une Révolution Industrielle qui renie déjà les promesses qu'elle avait fait naître. L'ensemble est parfaitement équilibré, montrant le souci du réalisateur d'éveiller les consciences tout en ne rejetant pas la fonction de distraire qui incombe au cinéma dans le sens plus noble du terme. Une seule fausse note est à noter à la toute fin du film quand Tavernier se laissera aller à une conclusion politique orientée sans aucun doute sincère mais un peu mal amenée notamment avec la présence d'un panneau final qui insinue que les victimes de Bouvier ne pèsent pas grand chose au regard des milliers de victimes causées par les activités industrielles. On aurait tout de même envie de lui demander pourquoi dans ce cas il nous a fait passer près de deux heures devant ce fait divers. Le réalisateur lui-même s'il ne remet pas en cause la pertinence de sa conclusion convient qu'il aimerait en revoir la forme si l'occasion de remonter le temps lui était donnée.
    Estonius
    Estonius

    2 381 abonnés 5 189 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 mars 2018
    Un grand film qui 40 ans après sa sortie est toujours d'actualité même si le contexte a changé. L'interprétation est magistrale, on avait l'habitude de voir Noiret brillant, mais voir Galabru jouer comme ça, quel choc ! Isabelle Hupert est discrète mais belle et Brialy toujours aussi classe. Bonne mise en scène, mais c'est parfois un peu longuet, certains points restent obscurs (le spoiler: suicide de Brialy, la relation Huppert-Noiret
    ) et puis on aurait aimé moins de manichéisme surtout quand il devient lourdeur. Pas parfait mais très bon et indispensable
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    205 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 janvier 2009
    Pour son troisième long-métrage, Bertrand Tavernier s’atèle à la thématique languienne de la subjectivité de la justice. «Le juge et l’assassin» (France, 1976) s’ouvre sur les blanches collines des Alpes où un soldat trace sur la neige son amour pour une femme qui le refusera. Inspiré d’une histoire vraie, comme bien souvent dans le cinéma de Tavernier, le film confronte un juge tenace, ambitieux et persuadé de la culpabilité de ses accusés et l’un d’eux, un homme rendu ivre de rage et de pulsion par les sévices de la première guerre mondiale. De l’un à l’autre, Tavernier dispose une dialectique qui traduit l’échange entre deux folies : celle engendrée par la soif du pouvoir et celle imposée par les traumatismes de la guerre. De Fritz Lang, Tavernier reprend l’aporie qui résulte d’une telle lutte. Entre raison et folie, il est impossible de trouver le dialogue. De ce fait les relations qu’entretiennent le juge Rousseau (Noiret) et l’assassin Joseph Bouvier (Galabru dans sa plus belle incarnation) reposent sur l’illusion et le mensonge. Pourtant, Tavernier prend le soin de nous présenter les deux protagonistes comme semblables. Tous d’eux enamourer d’une belle jeune femme, tous d’eux issu de la même génération, tous d’eux arborant à la même moustache élégante, ils sont pourtant les pôles contraires de la justice. Ce qui les différencie ne provient pas tant de leur situation dans le film mais plutôt de leur éducation, de leur origine sociale. La théorie de Taine contemporaine à la période du récit (XIXème siècle), selon laquelle un individu est projeté à ne devenir que ce que son milieu lui a permis d’être, est parfaitement illustré. Le juge venant d’une bourgeoisie aisée et Bouvier étant l’enfant d’un misérable village des Alpes, leur destin se voit déterminés. La réussite du cinéaste est d’accepter ce constat et de se positionner d’un point de vue critique vis-à-vis de lui. La musique de Sarde et la photographie «natureliste» de Glenn le permettent.
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