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    Inju, la bête dans l'ombre
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Inju, la bête dans l'ombre" et de son tournage !

    Schroeder, si jeune et des Japonais...

    Passionné par la culture japonaise depuis des années, fan de Kenji Mizoguchi et Yasujiro Ozu, Barbet Schroeder a été marqué dans sa jeunesse par La Maison de bambou, tourné au Japon par Samuel Fuller. "Je suis totalement fasciné par les jardins zen", confie le cinéaste, qui ajoute : "Et puis j'avoue facilement une fascination très forte pour la sexualité japonaise. Car elle est totalement dépurvue de culpabilité et de moralisme." Le thème du sado-masochisme, présent dans Inju était d'ailleurs au coeur d'un de de ses précédents films, Maîtresse.

    Présenté à Venise

    Inju, la bête dans l'ombre est présenté en compétition à la Mostra de Venise en 2008.

    A fond le Japon !

    Barbet Schroeder a tenu à ce que la quasi-totalité de l'équipe -une centaine de personnes- soit japonaise, aussi bien devant la caméra (les exceptions se nomment Benoît Magimel et Maurice Bénichou) que derrière (seuls le chef-op' Luciano Tovoli, l'ingénieur du son Jean-Paul Mugel et le premier assistant Olivier Jacquet ne sont pas japonais). Le cinéaste s'était déjà immergé ainsi dans une autre culture lors du tournage de La Vierge des tueurs, dans le pays de son enfance, la Colombie. La-bas, il avait également expérimenté le tournage à deux caméras, un dispositif qu'il a de nouveau employé pour Inju, la bête dans l'ombre. Ajoutons que le tournage s'est déroulé principalement à Tokyo car, explique le réalisateur, "il est littéralement impossible d'obtenir l'autorisation de tourner à Kyoto" (où se situe l'action du film). Il ajoute, non sans fierté : "Et tourner à Gion -ne serait-ce que le plan de fin de générique- fut une épreuve de force. Ce plan est une prouesse."

    Ranpo sort de l'ombre

    Inju est un roman, paru en 1928, et signé Edogawa Ranpo, illustre auteur de polars japonais né en 1894 et décédé en 1965. Son nom est un hommage phonétique à Edgar Allan Poe, même si Edogawa est aussi le nom d'un quartier de Tokyo... L'oeuvre de cet auteur populaire et influent est marquée par la violence, y compris sur le plan de la sexualité, et l'étrangeté. Barbet Schroeder précise que Ranpo a servi de modèle au personnage de Shundei Oe : "Adulé du grand public, très respecté et en même temps terriblement méchant... Dans notre civilisation occidentale, il est impensable qu'un écrivain malfaisant et sans aucun remords soit autant adulé."

    Complexe Alex

    Barbet Schroeder revient sur l'ambiguité de son héros, l'écrivain interprété par Benoît Magimel : "Alex Fayard est très marqué par l'oeuvre et le succès de Shundei Oe. Ce n'est pas un universitaire. Il est si fasciné qu'il commence par écrire des livres à la manière de Shundei Oe, mais il dénature l'original, et le rend plus mièvre pour atteindre la reconnaissance internationale. C'est donc un peu un usurpateur qui débarque au Japon, aveuglé par son assurance d'écrivain et son arrogance d'Occidental. Mais c'est aussi un innocent prêt à être troublé. Ou un innocent aux mains pleines, comme voudra."

    Un jour est né "Inju"...

    Le réalisateur se souvient : "Il y a cinq ans, Raoul Ruiz m'a offert Inju de Edogawa Ranpo. Il pendait que c'était un sujet pour moi. J'ai trouvé le roman effectivement fascinant mais cette histoire de rivalité entre écrivains japonais m'avait semblé trop difficile à adapter. C'était impossible. Quelques années plus tard, je reçois par la Poste un scénario, intitulé également Inju, écrit par Jean-Armand Bougrelle -qui vivait au Japon. Lui aussi était convaincu que je pourrais en faire quelque chose et c'est lisant son adaptation que j'ai été définitivement séduit par cette histoire. Bougrelle avait eu l'idée décisive que l'un des deux romanciers rivaux soit un étranger, un Français spécialiste de l'oeuvre de Shundei Oe, un avatar de Ranpo lui-même."

    Le goût de la beauté

    Ancien critique aux Cahiers du cinéma, Barbet Schroeder a également voulu, à travers Inju, rendre hommage au 7ème art : "Inju est aussi un film sur le cinéma, une réflexion sur la fascination que provoque le cinéma. Et en particulier le cinéma dit "de genre". Par exemple, j'ai pris beaucoup de plaisir à filmer mon propre "film de sabre" (genre chambara) en ouverture d'Inju et à multiplier les hommages au "film noir". Pour que ce plaisir soit aussi celui du spectateur, il fallait que le film devienne un pur objet de contemplation, une surface lisse et réfléchissante. C'est pour ça que j'ai tenu à tourner en "super-35 mm" à la recherche des secrets perdus d'un certain cinéma, pour conférer au film -avec l'aide de Luciano Tovoli- une beauté dans laquelle on puisse se perdre, une splendeur de labyrinthe." Inju marque la septième collaboration de Schroeder avec Tovoli, grand chef-opérateur, qui a travaillé à plusieurs reprises avec Michelangelo Antonioni, Maurice Pialat ou... Francis Veber !

    Geiko, kesako ?

    Le réalisateur, qui a veillé à ce que la représentation de la culture japonaise soit le plus proche possible de la réalité, a notamment soigné le persnnage de la geiko, qui n'existait pas dans l'histoire initiale. Il explique : "Le sujet m'a semblé aussi intéressant qu'épineux : les Japonais détestent la représentation que l'Occident fait des geishas. Le mot est d'ailleurs impropre. Parler d'une geisha et non d'une geiko, c'est comme dire "toréador" au lieu de "toréro". C'est une "japonaiserie". Ils ne tolèrent pas le malentendu qui consiste à réduire ces femmes à de vulgaires courtisanes. Et Hollywood les a totalement scandalisés et traumatisés en confiant le rôle d'une geisha à une actrice chinoise ! (...) J'ai donné tout pouvoir sur le plateau à l'une des trois geishas dépositaires de la tradition du célèbre quartier de Gion afin que le moindre détail, le moindre geste soit absolument vrai. Je l'appelais affectueusement ma "Police Culturelle" ! "

    Magimel, pas un ennemi pour Schroeder

    Barbet Schroeder confie avoir découvert Benoît Magimel dans La Pianiste. Avant Inju, le réalisateur et le comédien ont failli collaborer sur le projet Mesrine. C'est en effet Schroeder qui devait au départ réaliser le film consacré au célèbre gangster. Vincent Cassel étant en désaccord avec le scénario prévu à l'époque, s'était désisté, et la production avait envisagé de confier le rôle à Magimel. Mais celui-ci avait décliné la proposition. Puis c'était au tour du réalisateur de se désister. Le film, en deux volets, L'Instinct de mort et L'Ennemi public n°1, a finalement été réalisé par Jean-Francois Richet et Vincent Cassel, et sa (double) sortie en salles a été fixée à l'automne 2008, quelques semaines après celle d'Inju...

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