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    Le Ruban blanc
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    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 4 juillet 2020
    Le Ruban blanc décrit la mécanique glaçante du mal et de la reproduction du mal, à travers l’immersion dans un village allemand à la veille de la Première guerre mondiale.
    Sous des dehors de respectabilité, les personnages du film se révèlent au fur et à mesure pervers, vicieux, méchants, criminels.
    Ils sont en effet d’abord présentés comme moralement droits : la sage-femme qui s’occupe de ses enfants handicapés ; le médecin qui revient plus tôt de l’hôpital pour retrouver son jeune fils qui s’inquiète ; le père Felder qui s’incline devant la dépouille de sa femme ; Anna, la sœur attentionné qui rassure son petit frère sur l’état de santé de leur père. Mais on découvre très vite qu’ils sont enfermés dans un cycle infernal devenant tour à tour victimes (le médecin chute à cheval, la sage-femme découvre son fils rendu presque aveugle, Anna violée, le père Felder pendu) et bourreaux (le médecin tripote sa fille, la sage-femme qui le couvre, le père Felder qui réprime son fils, Anna que l’on soupçonne d’avoir tendu le câble responsable de l’accident de son père et peut-être même, plus horrible encore, d’avoir aveuglé l’enfant handicapé dont elle n’aime pas la mère).
    Comment ce petit village en est-il arrivé à cette surenchère de violence ?

    Première mécanique : la recherche de la pureté, qui obsède notamment le pasteur. Dans ce but, il refuse à sa progéniture une véritable enfance, avec son droit à la bêtise, à l’insouciance, à la tendresse. Ses châtiments sont terribles et il se comporte en seigneur vis-à-vis d’eux (les enfants lui baisent la main avant de dormir). Le pasteur, par son éducation rigoriste à l’extrême, supprime toute joie de vivre et amour dans sa maison. S’est-il simplement trompé dans les moyens, alors que la fin (la pureté, l’innocence) était louable ? Non, car la recherche même de la pureté va contre la vie. La pureté est une et fixe, quand la vie est plurielle et en mouvement. Il nie ainsi toute individualité à ses enfants, qui ne deviendront pas des êtres qui célèbrent la vie mais des diables morbides (Klara qui cruxifie l’oiseau de son père). Plus largement, c’est dans tout le village que les émotions de chacun sont annihilées. Le fils Felder, qui exprime sa colère et son désir de justice après la mort de sa mère, sera sévèrement réprimandé par son père. La baronne, souhaitant quitter le village, devra subir l’interrogatoire de son mari qui lui intime de rester.
    Deuxième mécanique : cette recherche de la pureté, et donc de la fixité se décline dans l’ordre social. La structure de ce village semble immuable : la noblesse, le clergé, le médecin, les paysans. Les mêmes évènements rythment l’année (fête de la moisson, confirmation). On ne devine l’époque qu’aux vêtements. Si le fils Felder et la baronne se font violemment réprimander, c’est aussi parce qu’ils se lèvent inconsciemment contre l’ordre établi : le fils met en cause le baron, la baronne son mariage. Mais la structure du village ne laisse aucune place à la remise en cause de l’autorité. L’organisation est presque totalitaire : un idéal imposé à tous et impossible à atteindre, des enfants muselés, des figures de l’autorité despotiques et intouchables, une idéologie qui pénètre dans l’intime et le privé. Peu importe la violence – sociale, familiale, sexuelle, verbale, physique… – tant que l’ordre et les apparences sont sauvées. Les forts sont protégés, et les faibles punis. Parce qu’aucune voie légale n’est possible pour dénoncer une injustice, il ne restera que la vengeance la plus sombre. Et les injustices sont nombreuses : Éva est renvoyée sans raison, et Klara mise au coin alors qu’elle tentait de calmer un chahut.
    Éduqués dans cette société qui nie l’amour et la vie, les enfants ne seront donc pas capables de former une société meilleure. Comme leurs parents, ils croieront faire le bien et punir les fautifs. En fait, ils s’attaqueront aux plus faibles d’entre eux (notamment l’enfant handicapé, retrouvé presqu’aveugle), et s’attacheront, comme leurs parents, à la façade de la respectabilité (Klara et son père lors de la confirmation).

    Ceux qui échappent à cette logique mortifère sont les jeunes. L’instituteur, Éva, la nurse italienne, le fils Felder ont entre 17 et 31 ans, pas tout à fait adultes mais sortis de l’enfance. Ils sont pour la plupart issus d’un autre village, et n’ont pas encore reproduit le cadre oppressant de la famille. L’instituteur n’est pas un modèle de rigueur : il n’a pas préparé ses élèves à chanter pour la fête de la moisson ; il les laisse chahuter avant le cours de catéchisme. Il aime les bons plaisirs et cherche à agrémenter son déjeuner d’une truite. Il joue du piano sans avoir le niveau de la baronne. En bref, il n’est pas exigeant, mais cette molesse le préserve de la méchanceté ambiante. Il n’ira pas répéter au pasteur la bêtise de son fils, qui a joué les funambules sur la rampe d’un pont. La nouvelle nurse italienne, elle, autorise Sigi à voir ses amis. Le fils Felder se révolte contre le baron qu’il rend responsable de la mort de sa mère. Quant à Éva, elle est l’innocence et la pureté même, mais manque de caractère, on ne l’admire pas. Son idylle avec l’instituteur est perturbée par l’injonction de rester vierge : elle refuse d’accompagner son bien-aimé qui lui propose un simple pic-nic. Encore une fois, la volonté de pureté se traduira par une méfiance installée entre deux amoureux.

    Cette communauté, hors du temps et de tout nationalisme, paraît très éloignée de la guerre. Mais que peut-on espérer d’une société viciée et pourrie de l’intérieur ? Une violence toujours démultipliée. Ce Dieu vengeur, qui se venge des fautes de parents sur les enfants, s’attaque à ce village comme à toute l’Europe. Peut-être, bien plus tard, les enfants rechercheront comme leurs parents la pureté – cette fois-ci, la pureté de la race.
    Loin d’être un récit historique, ce film est une mise en garde contre contre l’obsession de la pureté et de l’innocence.
    Audace26
    Audace26

    6 abonnés 103 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 juin 2020
    Une magistrale fresque historique de la vie d'un village allemand d'avant la grande guerre.
    En noir et blanc, un portrait ciselé d'une vie rude et violente
    guillebotis
    guillebotis

    2 abonnés 54 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 mai 2020
    L'action s'arrête toujours à la fraction de seconde où tout est suffisamment dit. Rien n'est commenté, le récit est laissé à la seule appréciation du spectateur, tel un documentaire.
    En plus de sa beauté formelle, de la perfection de la direction d'acteurs, on assiste à la démonstration clinique de la réaction en chaîne d'une éducation qui a tout faux. Dans l'objectif de magnifier la pureté de l'enfant idéal hérité du XIXème siècle, symbolisé par le ruban blanc, les moyens les plus fangeux sont utilisés par le père (le pasteur) : humiliations, châtiments corporels, culpabilité sexuelle, entraves incessantes de toutes les pulsions enfantines et adolescentes (on ligotait les mains d'un pré-adolescent sur son lit pour l'empêcher de se livrer aux tentations charnelles), le tout dans une ambiance domestique d'une tristesse infinie. Il est démontré ici que cette éducation sème, avec une efficacité diabolique, les germes de la haine, de l'insensibilité et du crime, actés dès l'enfance. On comprend que cette pédagogie ait pu fabriquer des robots nazis quelques décennies plus tard. Sous les vêtements repassés du dimanche, la fange : un médecin qui viole sa fille de 14 ans, qui conspue sa maîtresse dans les termes les plus scabreux, une baronne sèche et malheureuse qui ne songe qu'à s'enfuir, un ouvrier-paysan qui saccage le champ de choux du baron, un incendie criminel, un suicide... et des enfants qui choisissent à leur tour leurs victimes parmi les plus faibles pour leur infliger les pires sévices. In fine, un pasteur qui ne peut que nier l'évidence du désastre de sa férule impitoyable et bien-pensante à moins d'en perdre la raison. Hélas tout ceci n'est pas un cauchemar mais le portrait socio-historique saisissant, en Allemagne du nord juste avant la 1ère guerre mondiale, d'une communauté villageoise complète (instituteur, pasteur, médecin, sage-femme, baron et baronne et nurse, ouvriers paysans), ce film est inoubliable.
    Florian Mortreux
    Florian Mortreux

    1 abonné 26 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 mai 2020
    Féru de films dramatiques, noirs, percutants et complexes, mêlant psychologie, pédagogie et théologie, pour des raisons personnelles, j'attribue cinq étoiles à ce chef d'oeuvre troublant.
    Peu m'importe la forme, je me passionne sur le fond car de nombreux films ont été réalisés avec de petits moyens et sont magnifiques.
    Les enfants du baron, maître temporel de la petite collectivité, ont été confiés aux soins d’un précepteur. Et voilà que de petits crimes sont commis : le docteur fait une grave chute de cheval parce qu’on a tendu une corde sur son chemin, le fils du baron est molesté… La mise en scène de Haneke d’abord, puis le scénario orientent les soupçons vers une bande d’enfants sages... Mais, n'est-ce pas le baron lui-même qui est ce criminel ?
    Ce film me rappelle étrangement "Freistatt", tourné également dans la Saxe allemande.
    pasutoruuu
    pasutoruuu

    4 abonnés 12 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 septembre 2021
    Voici le deuxième long métrage que je vois de Michael Haneke et encore ici, ce fut une claque. Le réalisateur choisit de filmer en noir et blanc ce qui rend ce film encore plus beau et souligne de façon plus explicite le côté inquiétant de celui-ci. Comme à son habitude, Haneke nous livre une galerie de personnages inquiétants presque dénués d'une once d'empathie et d'une froideur extrême (d'ou le blanc) en particulier les hommes excepté l'instituteur. La performance des acteurs est très bonne (mention spéciale pour les enfants), comme à son habitude, Haneke les munient d'un franc parler, d'un language plus que correct qui fait le même effet que dans FUNNY GAMES qui renforce encore plus ce sentiment dérangeant dans cette petite communauté allemande protestante. Haneke, encore une fois nous montre des images affreuses mais tout en les suggèrant qui fait là l'une des forces du film et de tous les films d'Haneke. Le film ne tombe jamais dans l'ennui et se munie d'un scénario qui nous captive du début jusqu'à la fin. Là où Haneke prouve qu'il est un très grand cinéaste c'est qu'il nous dresse le portrait d'enfants machiavéliques alors qu'un enfant est censé signifier l'innocence et la pureté or dans ce film, la pureté est caractérisée par un enfant handicapé mentalement et l'innocence par les enfants "normaux" ; le réalisateur scinde donc le portrait de l'enfance de deux manières différentes et c'est ce qui est très fort dans ce film puisque il sort des sentiers battus avec ce film original.
    En conclusion, le noir et blanc, ces personnages inquiétants, l'ambiance du film qui crée un malaise tout du long et le style Haneke font de ce film un chef d'oeuvre.
    Palme d'or méritée.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 5 juillet 2016
    Voici le deuxième long métrage que je vois de Michael Haneke et encore ici, ce fut une claque.
    Le réalisateur choisit de mettre en scène ce film en noir et blanc ce qui rajoute à la beauté du film (il est encore plus beau que si il aurait été en couleur) un côté inquiétant. Comme à son habitude, Haneke nous livre des personnages inquiétants, très froids (d'où le blanc) et dénués d'empathie en particulier les hommes ormis l'instituteur. La performance des acteurs est très bonne que ce soit les adultes comme les enfants et comme à son habitude, ces personnages parlent d'un language plus que correct qui renforce encore plus ce sentiment dérangeant à l'égard des personnages. Haneke, encore une fois nous montre des images terribles mais tout en suggèrant (comme dans FUNNY GAMES) qui fait là l'une des forces du film. Le film ne tombe jamais dans l'ennui (ce que je redoutais plus que tout) et se munie d'un bon scénario qui nous captive donc du début jusqu'à la fin du film.
    Là où le film est très fort aussi c'est que le réalisateur nous dresse le portrait d'enfants un peu machiavéliques alors qu'un enfant est censé normalement signifié L'innocence et et la pureté et dans ce film, la pureté est caractérisée par un enfant handicapé et l'innocence par des enfants mesquins ; Haneke scinde donc le portrait de l'enfance de deux manières différentes et c'est cela qui est très fort puisque il brise les codes à travers ce film original.
    En conclusion, le noir et blanc, les personnages dérangeants, une bonne intrigue et le style Haneke font de ce long métrage perturbant un film à classer dans le panthéon des très grands films du cinéma.
    Palme d'or méritée !!
    ANDRÉ T.
    ANDRÉ T.

    68 abonnés 482 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 décembre 2015
    QUEL FILM SUPERBE !
    tant de thèmes abordés: le bien et le mal, relations entre "dominants" et "dominés", tout ce qui est caché, en nous et derrière les portes ou les fenêtres.
    La beauté des images, noir et blanc (bien et mal ?), les nombreux personnages fouillés, vrais et émouvants (la sage-femme, le vieux père qui a besoin du travail chez le baron, le pasteur redevenu "humain".
    Le refus du pasteur, d'admettre la mise en cause de ses enfants par l'instituteur...reste terriblement "actuelle", son humanité enfouie aussi...

    Que de belles scènes...
    Mikaël Haneke, n'est pas un "sous-bergman" les thèmes abordés sont les mêmes mais la tension dramatique, le découpage, le rythme sont différents....
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 27 juin 2013
    Une Palme d'Or n'est pas toujours gage de qualité mais quand "Le ruban blanc" est préféré à l'excellent "Un prophète" d'Audiard (Grand Prix) et au stupéfiant "Thirst, ceci est mon sang" du surdoué Park Chan-Wook (Prix du Jury ), on ne peut, en tant que cinéphile, que si intéresser.
    Oeuvre sublime en noir et blanc, glacial et redoutable. Portrait de la société allemande du début du 20ème siècle, Protestante, patriarcal, quasi féodal et sclérosé. De cette société prônant la vertu comme règle ( et non pas idéal) pour mieux, dans la discrétion des foyer, oeuvrés aux vices. Tout ici n'est qu'hypocrisie. Ce ruban blanc, symbole d'innocence, est taché de sang et de larmes.
    Oui le film de Haneke est austère, oui il ne plaira pas à tout le monde ( comme tous les films), oui il y a plus de questions que de réponses mais le long métrage du réalisateur allemand vise juste.
    Un chef-oeuvre hypnotique et dérangeant.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 18 mai 2013
    Le noir et blanc confère au film une esthétique élégante. Les dialogues sont superbes quoiqu’un peu alourdi car mal-ajustées par endroits. Dans une société comme la nôtre, où le sanguinolent est monnaie courante, Haneke a su montrer le monde rural du début du 20ième siècle dans toute sa violence à travers ses codes sociales figées, les conditions de vie difficiles des petites gens, ses principes dures, la façon de se conduire très rigide, la toute-puissance paternelle régissant la société... C’est dans ce carcan étouffant que nous est dévoilés, à travers des actes barbares, le mal-être et l’étrange idéal religieux de ces enfants subissant punitions physiques et sévices moraux de leur père (pasteur d’un rigorisme toute Luthérienne), ou comment ils se prennent pour la Main droite de Dieu en comprenant à leur manière les lois de leur foi et suivent ses idéaux à la lettre. Les différents indices (l’expression infime d’une actrice nous faisant penser qu’elle cache un lourd secret, les constatations de la voix off…) font monter une tension oppressante sans jamais dévoiler le dénouement qu’il nous faut deviner.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 11 février 2013
    Je suis de ceux qui pensent que ce film est un chef-d'œuvre!

    Dès la première minute on est pris par l'ambiance. Les acteurs et notamment les "jeunes gens" jouent de façon incroyablement "réaliste" les tensions de la micro société qu'est ce village. J'ai lu dans les critiques, quelques clichés sur une supposée spécificité de l'Allemagne de ce début de siècle, mais il est probable que les mêmes relations existaient dans des villages français, italiens ou espagnols...
    C'est une société rurale avec ces équilibres, qui va disparaître un peu partout en Europe, et un Siècle incroyablement violent qui commence avec ces 70 millions de morts...
    Peu de réalisateurs européens ont su ou ont pu décrire la chronique des violences ordinaires, physiques et morales dont les uns et les autres sont tour à tour, acteurs ou victimes de façon quasi universelle.
    A notre époque ou le sang coule à flots dans des productions autrement plus "violentes", les "réserves", quant à la "dangerosité" de certaines scènes pourraient faire sourire, s'il ne s'agissait en fait d'un véritable miroir de nous-mêmes...

    BBD
    poneyexpress10
    poneyexpress10

    2 abonnés 50 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 novembre 2012
    C'est du travail d'orfèvre. Avec une précision diabolique, des acteurs dont les moindres attitudes sont millimétrées, à la fois distant et juste, Michael Haneke nous donne à voir non pas une époque, ce serait un film historique, mais la mentalité d'une époque. En Autriche dans un village, où l'ordre régit les comportements sociaux et individuels, entre les différentes couches sociales et au sein des familles. Le mot qui vient c'est illustration de l'ordre, véritable étouffoir pour ces ruraux. En Amérique on a la ritaline au 21e siècle, ici on use de manière très subtile d'une dialectique qui vise à contrôler l'enfant en le culpabilisant de ses fautes. Les gens ont parfois deux visages: le médecin est un pervers, qui se oblige sa fille à des rapports incestueux: on se demande tout le temps dans le film, quand va surgir la figure du mal. Comment on s'en prend à un enfant handicapé en le défigurant. Tout semble lisse et borné, des repères très marqués, malgré cela l'inconscient surgit, et fait dériver la mécanique, un sens de l'organisation (dont on affuble souvent les Allemands) qui dérape complètement. Pourtant la religion pourrait servir de guide, là on n'est pas dans « Dieu est mort donc tout est permis », tout le monde dans ce village a conscience de ce qui sépare le bien et le mal, on ne sauvera au final que le personnage d'Eva et de l'instituteur: l'épilogue va dans ce sens.
    Cela peut faire penser au « village des damnés », et si Haneke explorait le mal aujourd'hui, le saut dans le temps, ne l'égare pas de sa thématique. C'est aussi un explorateur de l'inconscient et de la folie. Son film semble répondre à l'image qu'on se fait de l'Autriche Hongrie, de la Mittel Europa, de ses intellectuels, ses prix nobel, sa culture, et donne un espace de réflexion pour ceux qui souhaitent saisir une période.
    Nicothrash
    Nicothrash

    292 abonnés 2 921 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 novembre 2012
    Haneke a toujours cette facilité à filmer des choses dures avec une froideur et une rigueur incroyable mais cette fois, ce "Ruban Blanc" laisse passer beaucoup d'émotions pures à l'instar de son dernier film en date : "Amour". De ce fait, ses oeuvres paraissent bien plus accessibles sans pour autant dénaturer son travail, la preuve par l'image avec un noir et blanc sublime qui appuie d'autant plus la retranscription d'une époque lointaine de 100 ans et heureusement révolue, du moins en très grande partie, une époque où l'éducation ne pouvait être que stricte et religieuse mais d'une hypocrisie flagrante lorsque l'on voit d'une part le résultat de cette éducation parfois violente sur les enfants et d'autre part ce même résultat sur le monde des adultes tous plus méprisables les uns que les autres. Des conséquences d'autant plus importantes que la scène se déroule au sein d'un petit village isolé. Les acteurs sont époustouflants, notamment les enfants, magnifiquement dirigés et Haneke met en exergue de manière extrêmement réaliste et sobre les secrets de famille honteux, les non-dits en vigueur à cette époque par une violence cruelle mais aussi par la dureté de certains mots, aussi efficaces que des coups. Autant le dire, les 2h20 ne se font pas du tout ressentir et le récit est passionnant et choquant à la fois, cette fresque est une flagrante réussite et la Palme d'Or n'est vraiment pas usurpée, j'aurai juste aimé une fin un peu plus claire mais cela reste un détail insignifiant face à la virtuosité de ce réalisateur hors du commun. Bravo.
    alexdelaforest
    alexdelaforest

    36 abonnés 205 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 janvier 2013
    Un chef d'oeuvre absolu dans la forme et le fonds. Le film permet de mieux comprendre l'état d'esprit hiérarchisé et sclérosé de la société allemande avant la première guerre mondiale. Au final l'annonce de la guerre apparaît comme un soupape permettant aux conservatismes de se maintenir en place.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 22 septembre 2012
    Il faut vaincre ses réticences. On s'attend à une œuvre hiératique et vaguement ennuyeuse, handicapée par le choix du noir et blanc : on a tort.
    Oui, ce film est dépouillé et sévère - mais pas plus que l'univers des personnages, grevé par le rigorisme protestant et l'insupportable poids d'une communauté paysanne repliée sur elle-même. Oui, c'est un film d'atmosphère - et pourtant on se prend au jeu de savoir qui sont les auteurs de la série d'attentats mystérieux et de sévices sadiques qui bouleversent la vie du village.
    Les adultes sont cruels, odieux et inquisiteurs, et les enfants - leurs innocentes(?) victimes - trop propres, trop polis, trop curieux, distillent la même inquiétude que ces monstres jolis qui hantent parfois les films d'horreur.
    spoiler: On ne connaîtra jamais le fin mot de l'affaire : les enfants du village sont-ils vraiment les auteurs des actes violents qui jalonnent cette histoire, comme le croit le narrateur, l'instituteur du village ? Pourquoi ces violentes dénégations du pasteur ? Pourquoi cette fuite précipitée de la sage-femme ? On l'ignore, et peu importe : le film garde ainsi sa part de mystère et permet au spectateur d'en prolonger l'écho.

    Ce film est servi par une photo impeccable, qui met soigneusement en valeur le cadre et l'histoire.

    Une belle réussite, qui mérite ses récompenses.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 22 juin 2012
    Que dire d'autre de ce film sublime de Michael Haneke à part que c'est tout simplement un incroyable et épatant chef-d'oeuvre ( que de pléonasmes en une seule phrase ! ) . Non , on ne peut que tirer son chapeau face à un long-métrage qui mérite amplement sa palme d'or tant tout est dans le souci de perfection . Le Ruban blanc se situe dans un petit village au vingtième siècle , à l'aube de la Première Guerre mondiale ( en 1913 exactement ) . C'est un village allemand où se déroulent des faits étranges , des incidents suspects ( spoiler: le point de départ étant l'accident du médecin qui est tombé à cause de câbles qui avaient été installés là volontairement
    ) , des drames . Le film est l'occasion de faire le portrait de l'Allemagne protestante , assez rigide et stricte ( l'éducation des enfants est des plus dures : on retiendra notamment la punition des enfants du pasteur qui sont fouettés et aussi la scène où le pasteur reproche à son fils de s'être "abuser les nerfs les plus fins de son corps" ) . Le film est ponctué de moments bouleversants ( spoiler: le petit enfant recueillant l'oiseau blessé et l'offrant à son père après que celui-ci ait perdu le sien et bien évidement ce moment où la jeune fille Anna raconte à son petit frère l'issue de la vie et en particulier la notion de la mort
    ) et durs ( spoiler: les larmes bouleversantes et les cris intenses du jeune trisomique défiguré et aveuglé , les propos que tient le médecin face à la sage-femme et sa maîtresse
    ) . La mise en scène est vraiment fabuleuse avec l'utilisation d'un noir et blanc extraordinaire , la photographie , la forme , la qualité visuelle ... tout y est . Le Ruban blanc c'est vraiment un long-métrage où chaque plan _ beaucoup de plan-séquence dont un sur une porte fermée mais même les plus banaux en apparence tels qu'un plan sur un visage d'enfant_devient une pure merveille esthétique et artistique .
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