On peut être fan de Nolan et être impressionné par la qualité scénaristique (mais pas que) de ses films, et pourtant être réservé sur certaines de ses œuvres. Le troisième opus de l'excellente trilogie Batman n'est pas le meilleur. A mon sens, Nolan s'est trouvé confronté à un grave problème : faire mieux, toujours plus sombre, toujours plus dur, toujours plus grandiose, toujours plus complexe. On en arrive à un point où le film s'étouffe dans la grandiloquence dont il se drape. Dès le début, Nolan afait le choix de présenter Batman non comme un énième super héros mais comme une figure quasi messianique dans un affrontement entre le bien et le mal. Si Batman en sort grandi, et se distingue ainsi de la panoplie inépuisable de super héros sans intérêt (je pense à Marvel), il est parfois enfermé dans des schémas pseudo philosophiques pesants. Dans "The Dark Night", le personnage du Joker donnait un ton de folie qui cassait complètement les codes. Ici, la lourdeur scénaristique est patente : a force de superposer des complots à des complots, des super méchants nihilistes à des escrocs d'envergure, des bombes atomiques et des combats à main nue, le réalisateur se découvre et laisse des failles scénaristiques béantes. Des absurdités se glissent ici et là, les combats du bien contre du mal sont stéréotypés et les questionnements existentiels de Batman confinent aux errements d'un philosophe atteint par le scepticisme. Foin de toutes ces arguties ! Oui, je l'annonce, le génie Nolan prêche par prétention. Vous le croirez ou non, mais les propos pompeux à tous les étages, les complots archi compliqués, les combats entre personnages à l'historique romanesque stéréotypé (la Cendrillon revancharde, la jeune Catwoman voleuse mais pour la bonne cause seulement quand ça lui plaît, le Robin des Bois au garde à vous, le policier pénétré au plus profond de son être de son devoir, le méchant archi méchant parce qu'il est méchant...) vous tapent rapidement sur le système. On voudrait moins de monde autour de Batman, moins de sentiments, moins de complots archi complexes et absurdes. Ne croyez pas que ce Batman soit mauvais. Il reste superbement filmé, le scénario est également correct. Mais Nolan doit revenir à davantage de simplicité. La plupart de ses films sont des chefs d'œuvre parce qu'il arrive à nous y embarquer dans un scénario ingénieux mais pas alambiqué pour autant. Ici, on se perd dans des circonvolutions, du manichéisme et de la grandiloquence qui nous laissent croire que Nolan va nous apprendre tout sur la vie en (certes) trois longues heures. Moins de prétention, moins de pompeux, plus de simplicité et toujours autant d'ingéniosité, c'est ce qu'on attend de Nolan