Tache bien compliquée que de faire suite à l'énorme réussite que représentait "The Dark Knight", symbolisé par un Gotham mis à mal par un Joker aussi mémorable que terrifiant. Mais une fois de plus, Gotham est en danger, que ce soit de l'intérieur ou à l'extérieur.
Malheureusement c'est là où "The Dark Knight" brillait que "The Dark Knight Rises" me déçoit, à commencer par ses personnages. Si Bane est une réussite, le Bruce Wayne reclus, fugitif, vieillissant et faiblard faisant un come-back en Batman n'est guère convaincant, tout comme des seconds rôles à l'image de Miranda Tate qui prendra de plus en plus d'importance, une catwoman aussi caricaturale et énervante que sexy et imbattable ou encore le jeune policier John Blake qui n'est nullement intéressant.
Le film pêche notamment dans sa construction. En plus d'être trop long, il semble que Nolan ne sait pas forcément qui mettre en valeur et passe d'un personnage à un autre sans grande cohérence et fluidité et en laissant certains personnages de côtés pendant trop longtemps, le récit est trop dispatché sans que ce soit maîtrisé. C'est aussi le scénario qui est moins convaincant et notamment dans sa finalité et c'est dommage car le début était assez intriguant et prenait bien son temps. Nolan met peu à peu en scène une révolution par les "pauvres" et les exclus contre les riches et l'ordre établi qui termine forcément en chaos avec comme symbole cette fausse "justice", message très conservateur et surtout très peu subtil (comme l'ensemble des "messages" du film) qui ne m'a guère plu et s'éloignant des vrais questionnements que posaient "The Dark Knight". De plus, l'évolution du scénario (surtout sa dernière partie qui est bâclée) et des personnages (en partie Bane et Tate) ne sont pas du tout convaincant, avec certains cas tombant même dans un symbolisme mal venu.
Et enfin, j'ai ressenti une certaine lassitude vis-à-vis du côté réaliste et sombre du film, tombant par moments dans l'exagération et l'auto-caricature, tout comme le côté fragile et vacillant de Batman, (trop) appuyé par des propos et des dialogues tombant là aussi dans l'excès et parfois une pseudo-psychologie guère intéressante. L'évolution de l'histoire est finalement assez prévisible et la mise à mal du Batman est bien moins intense que dans l'opus précédent.
Par contre, tout n'est pas à jeter bien entendu. La vraie réussite du film s'appelle Bane, méchant dont les apparitions sont subtilement dosées par Nolan, charismatique, puissant et effrayant qui fait bien plus que de tenir tête à Batman. De plus, Nolan montre toujours une certaine maîtrise derrière la caméra, que ce soit dans sa façon de filmer les scènes d'action ou de mettre du rythme et par moments de la tension à l'image de ce premier face à face entre Bane et Batman. Pour le casting, si on peut regretter que Marion Cotillard bénéficie d'un personnage mal écrit ainsi que d'une direction qui me semble hasardeuse, Tom Hardy crève l'écran en Bane et les seconds rôles répondent souvent présent.
Bref, je ne m'attendais pas forcément à ça. Dans mes souvenirs remontant à la séance cinéma, ce "Rises" m'avait déjà déçu mais pas à ce point-là. Si le film reste tout de même un minimum correct, il pèche clairement dans son écriture où la réflexion proposée n'est plus aussi forte que dans l'opus précédent (loin de là même), ainsi qu'à des personnages (tout comme leur évolution) pas toujours intéressant et tombant dans la caricature.