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    Blow Up
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    187 critiques spectateurs

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    Eselce
    Eselce

    1 206 abonnés 4 238 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 26 janvier 2016
    Il s'agit d'un film réalisé dans les années 60 et qui ne mérite pas de spectateurs aujourd'hui. C'est indigeste. Mauvaise musique, personnage principal inintéressant et antipathique (Un véritable paparazzi). A recadrer dans son époque. Le film n'a pas fait de bon temporel sans prendre un sérieux coup de vieux. Cela dit, je reconnais que le scénario a de l'idée, pour l'époque. Il faut juste patienter une bonne heure avant d'en découvrir une ébauche. Puis, l'ennui revient au galop avec des scènes de vie d'un paparazzi débauché des années 60 et un final à la française, sans aucun intérêt. Une vraie perte de temps, pour moi.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 17 janvier 2016
    Blow-Up est un film étonnant, mon premier Antonioni, et certainement pas le dernier. Techniquement, c'est un vrai bijou, les plans magnifiques s'enchaînent les uns après les autres, les lieux et les couleurs se marient parfaitement, la caméra n'existe plus tant l'esthétique du film nous absorbe... Mais l'apport majeur est, selon moi, le personnage campé par David Hemmings. Je crois n'avoir encore jamais vu au cinéma de personnage plus impulsif, spontané, instable presque, comme irradié par un bouillonnement créatif pur. Son attention n'est jamais vraiment fixée en un même endroit et est continuellement changeante. Ses interactions avec les autres sont tout aussi fugaces, il s'attache et se détache le plus simplement du monde. Lorsqu'il s'ennuie, il ne s'excuse pas, et passe à autre chose, en quête d'une nouvelle découverte. Il a besoin que l'on attise sa curiosité pour se sentir vivant et la routine semble l'horrifier. Lorsqu'il photographie un couple dans un parc, et que la femme, l'ayant vu, lui supplie de lui rendre ces clichés volés sans lui expliquer pourquoi, il décide de mener l'enquête pour élucider ce mystère. Alors, le film s'étire en longueur... Mais il s'agit là de longueurs utiles pour comprendre le personnage. Ce sont des longueurs où l'on apprécie cet être volatil jusque là, explosif par moments, se poser, se concentrer, étudier ces photographies dans les moindres détails... L'écriture du personnage est fascinante, et David Hemmings incarne à la perfection cette identité si singulière. Pour cette raison, Blow-up est un film que l'on savoure sur le moment oui, sans toutefois comprendre parfaitement pourquoi, mais qui nous travaille plutôt ensuite de l'intérieur, une fois fini. Il représente ce cinéma qui ne s'arrête pas à l'image seule, mais creuse plus profondément ses sillons dans l'esprit du spectateur pour y pondre quelque chose de vivant, un souffle créatif et inspirant.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    923 abonnés 4 840 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Antonioni filme des espaces et pourrait même si c'était possible filmer le temps..... Il y a du Lynch c'est évident. Enfin c'est plutôt le contraire mais c'est assez contemplatif et envoûtant même si cela reste obscur.
    MemoryCard64
    MemoryCard64

    36 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 octobre 2015
    Blow-Up entretient un rapport étroit avec la photographie. Bien sûr il s'agit d'un élément clé du scénario, mais on le retrouve aussi dans le personnage principal, sa passion pour cet art étant très lié à sa personnalité, et dans quasiment chaque plan du film. Surcadrages, plans d'ensemble rappelant des photos de paysages, images divisée par plusieurs objets/éléments du décors : Antonioni signe une véritable déclaration d'amour à la photographie. L'introduction du héros est haute en couleurs. Ayant rendez-vous avec un modèle pour un photoshoot, il se révèle vite odieux mais arrive à pousser la jeune femme à se livrer entièrement à l'objectif. Il la photographie comme s'il lui faisait l'amour, ce qui donne à la scène beaucoup de poésie, malgré un côté terre à terre provoqué par la misogynie non dissimulée du jeune homme. Il sait mettre en valeur les femmes mais il n'aura de cesse de les traiter comme des objets pendant tout le film. C'est assez clair que selon lui ce ne sont que des poupées manipulables, mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir quand on voit qu'elles sont toutes cruches, avides ou superficielles (un commentaire sur le monde de la mode ?). L'intrigue démarre vraiment au bout d'une quarantaine de minutes (sans pour autant générer d'attente auprès du spectateur), lorsque le photographe remarque quelque chose d'anormal dans un série de photos d'un couple prise à la sauvette dans un parc. Il se met alors à chercher des détails confirmant cette impression dans les agrandissements des clichés. Se met alors en place un jeu de perceptions et d’interprétations : est-ce que la scène (que l'on a vécu à travers les yeux du photographe) s'est réellement déroulée ainsi ? Est-ce que les images mentent ? Ce jeu de piste mènera à une conclusion des plus intéressantes. Antonioni propose une réflexion sur les images et l'influence qu'elles peuvent avoir sur le spectateur. Cette thèse s'exprime via le scénario, mais aussi via la technique du film, les images "cartes postales", le cadre quasi idyllique du Londres des années 60, le rythme calme et l'ambiance posée. Le fond et la forme sont plus liés que jamais.
    Extremagic
    Extremagic

    54 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 janvier 2016
    Ce qui m'a surpris quand j'ai vu Blow Up, parce que d'Antonioni je ne connaissais que Profession Reporter et que ça m'avait bien plu malgré l'ennui quand j'étais plus jeune, c'est que c'est vachement moderne avec une ambiance rock et que c'est assez déconcertant au départ. La deuxième chose c'est qu'on m'a toujours vendu ce film comme étant l'histoire d'un photographe qui est témoin d'un meurtre simplement qu'il ne s'en rend compte que sur ses photos. Alors oui, seulement que ça, ça arrive à la moitié du film et qu'au fond on s'en fiche pas mal. Je m'explique, si j'ai préféré la première partie du film c'est déjà pour son personnage non-chalant et provocateur presque cynique sur les bords, il est riche, il est beau et on se passionne pour lui, et puis toute cette réflexion sur l'image, la photo, le rôle du photographe, etc. Et puis bien évidemment il y a Redgrave - cette femme est incroyable - et la relation qu'elle instaure avec le photographe j'ai beaucoup aimé, la manière dont elle se développe, on ne sait pas trop ses raisons mais tout ça cache forcément une part de manipulation. Et puis ce qu'il y a de bien c'est qu'au fond la réflexion sur l'image ne tombe pas dans le déjà-vu hitchcockien du voyeurisme, ça aborde d'autres sujets, c'est plutôt neuf. Et puis arrive ces fameuses photos, on nous hype bien tout le long du film pour ces photos et on est pas déçu, cette idée du détail qui construit une intrigue, les photos qui se répondent, le gros plan jusqu'à l'abstraction qui alimente l'imagination, plein de choses à dire toutes passionnantes ! Mais au fond à partir de là c'est le scénario que je ne comprends plus. C'est vraiment dommage, je m'attendais à une véritable intrigue policière mais que tchi. En plus c'est complètement incohérent, c'est du vrai deus ex machina et on avait pas besoin de ça pour toujours être dans l'ambiguïté, là j'ai été complètement sorti du film. Genre le corps est toujours là à la fin de la journée, comme par hasard le photographe n'a pas son appareil (tu parles d'un pro !), pourquoi est-ce qu'il aurait besoin de demander l'avis de Ron - personnage qui sort de nulle part - pour aller le prendre en photo et comme par hasard le lendemain matin le corps n'est plus là ? C'est quand même gros tout ça ! Autant on croit vraiment à la première partie du film parce qu'on se concentre sur le personnage, l'intrigue importe peu, c'est sans conséquence, cette histoire d'hélice dont on se fiche totalement au final. Mais la toute fin rehausse clairement le niveau, cette idée du match de tennis en mime c'est vraiment chouette, par contre je n'ai pas vraiment compris pourquoi le son n'arrivait que sur le contre-champ, on comprend bien que c'est le résumé du film, le plaisir de se raconter des histoires à partir du détail, la volonté d'être le héros de sa vie, etc. Après je pense que cette scène aurait pu aller encore plus loin. Peut-être que je dis ça parce que j'avais vu la scène de foot de Timbuktu et que c'était la même idée et que ça m'avait beaucoup plus plu mais bon. Disons que le film est bon, avec une excellent réflexion sur la photo et l'image en général, par contre dès qu'on rentre au coeur de l'intrigue, qu'on quitte les personnages pour se concentrer sur l'enquête bah c'est cousu de fil blanc et trop gros pour qu'on y croit. Déception en fin de compte...
    Santu2b
    Santu2b

    216 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 juin 2018
    Le plan, bien connu, orne la plupart des couvertures d'ouvrages cinématographiques : Thomas photographiant une top model allongée au cours d'une séance électrique, avant de remettre sérieusement en question sa pratique. Voici donc "Blow Up" datant de 1966, enfant chéri de tous les théoriciens du septième art. intense réflexion sur l'objet photographique et le visuel en général. Le fécond cinéaste y interroge pêle-mêle la futilité de l'image ou encore l'impact de l'art contemporain. Pour ce faire, Antonioni n'hésite pas non plus à déconstruire les codes du film policier pour servir son propos. On peut enfin y ajouter des qualités plastiques évidentes (l'ambiance londonienne est magnifique) ainsi qu'un final on ne peut plus intrigant et réussi. Cependant, il y a tout de même certains éléments qui ne peuvent être passés sous silence. L'intrigue s'avère en effet extrêmement lente et ennuyeuse. Ainsi l'histoire policière en elle-même met une heure à démarrer réellement ! L'influence de "Blow Up" sur le cinéma contemporain est indéniable. Nous avons donc salué le monument. De là à être en pâmoison devant lui c'est une autre histoire...
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein
    Ramm-MeinLieberKritiker-Stein

    118 abonnés 543 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 juillet 2015
    Une vision intimiste des conséquences d'un meurtre, sous une atmosphère italienne renfermée sur ses problèmes. On ne vit que grâce au regard d'un photographe qui déteste "l'autre", qui l'insulte, le méprise et le rejette. Antonioni filme son personnage en gros plans, le laissant circuler comme librement dans un cadre pensé selon des angles géométriques. Alors oui, "Blow up" est et restera l'un des plus fabuleux film de la nouvelle vague italienne juste pour sa réalisation mais aussi pour son sens du détail et son contenu. Le son ne venant que du plan et jamais du montage, on s'étonne de quelques morceaux de jazz, diffusés par une platine propre et nette, comme la vie rangée du personnage principal (magnifiquement interprété par un David Hemmings hallucinant). On se met à comprendre la vision, voire la mentalité de l'homme, puis sa personnalité, que certains décriraient comme rustre et obscène, mais qui est pourtant ressemblante avec les fantômes croisés chaque jour dans une rue presque vide... Mais Antonioni ne s'accapare pas ou peu d'autrui, laissant passer une "pétasse" dans un bar ou perdant la trace d'une jeune femme mystérieuse qui offrait une occasion pour trouver de l'inspiration, d'où la même symbolique du placement des angles qui vient et revient, le photographe se torturant les méninges pour trouver de nouvelles idées, à l'image de son oeuvre, qu'il veut ainsi et pour lui, et qui rappelle les manières pour mettre en scène un film. L'exercice de style, grandiose, s'inscrit comme réceptacle de la face thriller de cet objet cinématographique toujours inattendu, mais ne transformant jamais l'ambiance de base pour permettre autre chose que la résolution d'un meurtre. Au détour d'un parc où s'affrontent des mimes se dévoile une identité, névrosée et charnelle, complexe et troublante, grâce à cette caméra qui agit de la même façon que la balle de tennis : invisible, et pourtant qui s'envole pour ne plus laisser de doute quant à sa trajectoire. Et c'est un pari osé : on pourrait trouver ça grotesque, mais, bien loin de là, on trouve cela fabuleux, car il intervient à la toute fin d'une histoire avec ses us et coutumes, juste avant qu'on perde toute trace de l'acteur, et qui laissera un terrain où l'herbe eut bien poussée, intacte, malgré l'impulsion du vent qui n'agit pourtant que comme une caresse.
    keating
    keating

    49 abonnés 582 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 juin 2015
    Un peu comme "Profession Reporter", ce film d'Antonioni me fascine par moments, mais m'ennuie poliment le reste du temps..

    Je comprends tout à fait l'intérêt qu'on puisse y trouver, sur des thématiques très cinématographiques : la notion de réalité et d'imaginaire, le regard, le rôle de l'artiste et son côté obscur-industriel. Tout cela a très bien été analysé par d'autres que moi.

    Je comprends toute cette richesse, au niveau cérébral, mais je ne la ressens, je ne la vis pas assez dans le film. Les seules scènes qui me transportent vraiment sont : spoiler: celles du concert, du développement des photos du parc, et surtout celles du tennis à la fin, magnifique symbole où tout existe par l'image et le son, sans un mot. Le tennis est mon sport préféré, et en voici la meilleure utilisation au cinéma, avec dans un tout autre genre "Strangers on a train" d'Hitchcock bien sûr!


    Le reste du temps, je n'arrive pas à vivre le film, à m'attacher aux personnages ; la lenteur et le vide de certaines scènes me font lâcher prise. Sur une thématique comme le rapport réel-imaginaire, il est dommage de voir qu' Antonioni reste si longtemps dans le réel brut..

    Je préfère revoir, sur des thématiques similaires, "Conversation Secrète" de Coppola ou dans une moindre mesure "Le voyeur" de Powell ; là je comprends les idées avec le même plaisir, mais je les vis également beaucoup plus que dans "Blow-up".
    Shékiinä .
    Shékiinä .

    43 abonnés 678 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 mai 2015
    Un film intriguant sur le pouvoir de l'image. Le film de référence sur la photographie. Il n' a certes pas beaucoup de rythme mais c'est ce côté ''serein'' qui fait que ce film est troublant, on passe de scènes mystérieuses ( spoiler: le visionnage des clichés photos
    ) à des scènes artistiques et originales ( spoiler: le mime du jeu de tennis
    ).
    Max Rss
    Max Rss

    169 abonnés 1 713 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 13 mai 2015
    Alors qu'il contemple les clichés qu'il a pris dans un parc, un photographe voit un détail qui l'intrigue, et par une suite d'agrandissements (d'où le titre du film) se rend compte qu'il a été le témoin involontaire d'un meurtre. Que l'on soit novice ou averti en la matière, un film de Michelangelo Antonioni ne laisse jamais indifférent. Film en avance sur son temps, « Blow Up » ne déroge pas à la règle. Il s'agit là d'un objet original mais qui laisse une tenace impression d'envoûtement et de répulsion à la fois. Esthétiquement parlant, le film est un véritable bijou, tout tombe pile poil. Une nouvelle fois, la mise en scène d'Antonioni semble libre de toutes contraintes. Le cinéaste italien peut s'exprimer comme il le souhaite. Le point culminant est atteint lors de cette analyse des photos où le spectateur est limite happé. Chaque plan, chaque regard arrivant où il faut et quand il faut. Si plastiquement, la réussite est totale, l'écriture quant à elle, laisse très sérieusement à désirer. Il est difficile de ne pas être tout bonnement plombé par ce rythme très lent et par ce manque de rebondissements. Il faut attendre tout de même plus d'une heure avant qu'il ne se passe quelque chose. C'était strictement le cas aussi dans « Profession : reporter », tout était dans le non-dit, mais ça passait mieux. Malgré un sujet de base original et une vraie réflexion sur quelles sont les frontières entre le fictif et la réalité, et sur l'impossible communication entre les êtres, Antonioni ne parvient jamais à intéresser son spectateur de manière continue. A défaut d'être passionnante, la case « Blow Up » est quasi obligatoire pour toute personne s'intéressant de près ou de loin au cinéma.
    maxime ...
    maxime ...

    197 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 14 avril 2018
    Blow Up est le second long métrage de Michelangelo Antonioni que je vois après Le Cri il y'a de cela un an. L'atmosphère de ce long métrage diverge, ici le tout est bien plus oppressant et moins axé sur le désespoir et la tristesse mais prend racine dans un Londres équivoque qui donne a réfléchir. Ce film se nourrit d'angoisse et de vice, le tout en conservant une distance qui donne à son metteur en scène une hauteur et une véritable stature. Il cherche à capter l'époque, sa liberté mais aussi ses dérives et réussit son pari avec brio. David Hemmings interprète son personnage avec minutie, il oscille entre la crapule et le dandy excentrique sous couverts d’ambiguïté assumé, il est flippant ! Un film méthodique et tendancieux qui fait la part belle à la mise en scène et à son esthétisme, à revoir dans quelque temps pour l'apprécier à sa juste valeur ...
    Robin M
    Robin M

    62 abonnés 283 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 février 2015
    Blow Up fait partie de ces œuvres qui bousculent le cinéma autant dans sa forme que dans son appréhension. Palme d’Or au Festival de Cannes en 1967, l’œuvre de Michelangelo Antonioni répond à cette volonté de transfigurer le cinéma, et ses codes, pour amener le spectateur à réfléchir sur la réalité de l’image et par-delà à sa propre réalité. Blow Up est une illusion qui repose sur la confrontation entre l’homme et la technique qui modifie la perception du temps. Thomas (David Hemmings), photographe de studio, arrête le réel par le biais de la captation photographique lors d’une sortie dans un parc dans lequel il s’intéresse à deux amants. Une fois la pellicule développée, cette scène d’amour se transforme en une scène de meurtre par le biais des modifications techniques. L’agrandissement des détails amène la réalité à ne devenir que des formes abstraites qui renvoient à la nature des tableaux de Bill (John Castle), peintre contemporain partageant le studio. La réalité se frotte alors au problème de l’unicité du point de vue : Thomas photographiant des amoureux ; la photographie renvoyant à un meurtre ; Antonioni apportant son propre regard par le biais de sa caméra qui guide le spectateur ; le spectateur qui choisit de croire ou non à la thèse du meurtre.

    L’œuvre se clôt justement sur cette question de la croyance en l’image. Le groupe de jeunes marginaux qui ouvrait également l’œuvre réapparait autour d’une des scènes les plus signifiantes sur la place de l’image. Grimés en mime, ils entament une partie de tennis sans aucun équipement. L’absurdité de la situation se métamorphose néanmoins en une forme de réalité par la croyance mise par les acteurs. En effet, le collectif entre dans le jeu en suivant la balle invisible des deux « joueurs ». Cette notion de groupe modifie alors la position individuelle de Thomas, incrédule, en la rendant marginale. Antonioni accentue ce changement de perception en ajoutant le son d’une véritable partie de tennis et en suivant la balle invisible avec sa caméra. Il prend alors pleinement son rôle de réalisateur en offrant aux spectateurs une altération de la réalité par le biais de l’image : il donne littéralement vie à l’action. L’adhésion de Thomas se matérialise enfin par le ramassage d’une balle. Le réalisateur italien pense la croyance, notamment celle en l’interprétation, comme une valeur performative. Néanmoins en créant ainsi une réalité irréelle, il pose la question de la véracité du meurtre puisque la solitude de Thomas dans le cadre à la fin met en lumière son échec à convaincre les autres personnages.

    Ce manque d’implication d’autrui dans la paranoïa de Thomas met en avant une autre originalité du traitement scénaristique de Blow Up : la notion d’événement ou de non-événement. Le personnage de Thomas ne s’inscrit pas pleinement comme la centralité de l’univers multiple de l’œuvre. Les autres protagonistes continuent à suivre leur propre trajectoire (cf. le dilemme sentimental de Patricia, la création artistique de Bill, la soirée arrosée de Ron). Fait rare, Antonioni jongle avec une archipel de personnages sans tomber dans la facilité du film choral et en gardant un regard mono-personnel. L’unité de l’événement majeur du film, le meurtre, n’a ainsi d’intérêt – et donc de prééminence – que pour les acteurs qui y participent : la victime, le(s) meurtrier(s) et le témoin. Pour les autres, il s’inscrit comme un événement étranger à leur propre hiérarchie des évènements. Un constat qui se retrouve également dans la vie même de Thomas qui troque subitement sa paranoïa (extraordinaire) pour coucher avec deux jeunes filles (ordinaire). Bow Up, auquel on pourrait reprocher une lente mise en place, trouve justement sa force dans son traitement de la temporalité du quotidien de son personnage en montrant l’irruption de l’événement (le soudain) dans le non-événement (le quotidien).

    La non-implication dans l’histoire de Thomas par les autres protagonistes fait écho à la société anglaise décrite par Antonioni. Dans ce Swinging London, la société est partagée entre deux dynamiques. D’un côté, une mobilisation pacifiste et utopique – esquissé au travers d’une manifestation contre le nucléaire – ; de l’autre, un délitement des consciences par un rejet psychédélique de la réalité (musique, drogue, sexe). Cette dualité se retrouve néanmoins dans une société de l’image caractéristique des années 1960. La réalité ne prend corps que par et pour l’image qui remplace la parole et l’écriture. Cette dernière joue un rôle central dans la construction des significations du réel – le meurtre ne trouve une existence que par le prisme de la photographie – et dans la construction de la vie sociale – les femmes se divisant sur la question de l’acceptation ou le refus de l’image –.

    Blow Up est, enfin, une œuvre initiatique en suivant le parcours de Thomas souhaitant passer d’un photographe « alimentaire » (faire des photographies de mode sans plaisir et émotions) dans un studio qui annihile tout possibilité de spontanéité à un « vrai » photographe qui se concentre sur la structuration du temps au travers d’un recueil avec des sujets « graves » (sa nuit dans un asile). Antonioni pose les jalons de compréhension d’un art moderne tendant toujours plus vers l’abstraction, de l’incompréhension des « gribouillages » de Bill aux pointillismes des agrandissements des photographies. Il finit d’ailleurs par devenir un point évanescent dans le cadre du réalisateur lors de la dernière scène perdu dans une immensité verte. Thomas transcende ainsi sa notion de l’art en voyant la création non pas comme une finalité (la mode) mais comme une création en soi et pour soi. Le sens, notamment celui qu’il donne à sa photographie, est forcé justement par son besoin de sens.

    Blow Up est une œuvre riche qui devient l’emblème même de l’époque dans laquelle elle s’inscrit. Elle signe la magnificence d’un cinéma comme socle d’une certaine philosophie de l’image. Avec Blow Up, Antonioni apparaît comme une sorte de magicien de l’image créant le réel en montrant justement ses failles.
    Mephiless s.
    Mephiless s.

    56 abonnés 697 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 février 2015
    J'ai trouvé le scénario très original et vraiment intéressant, les acteurs sont bons aussi mais j'ai trouvé le film assez vide malgré une excellente mise en scène d'Antonioni.. Au final, on s'ennuie pas mal, et il y a peu de rebondissements, mais ce film vaut largement le coup pour son histoire mais aussi pour la représentation du mouvement hippie.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 16 octobre 2014
    Au fil de cette étrange odyssée, Antonioni interpose soirées festives, scènes d'adolescents libérés et de hippies, et musique rock dans un paysage lugubre et stylisé, coloré de couleurs pop art. Une profonde réflexion sur la réalité ainsi que l'image que nous en avons. Le réel face à l'irréel. Rien est expliqué, tout est à interpréter. Les pistes se multiplient, se troublent, sans jamais être mené à un endroit précis.
    Shephard69
    Shephard69

    282 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 11 octobre 2014
    Un film étrange, un OVNI plutôt difficile d'accès. Visuellement génial avec une photographie incroyablement ciselée et travaillée mais d'un ensemble alourdi par un rythme franchement mou, une intrigue qui prend beaucoup de temps pour s'installer, un personnage central peu charismatique. Une œuvre qui m'a fait penser à "Orange mécanique". Impeccable, sublime mais un poil prétentieux.
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