Le Havre nous conduit dans une France surannée, mais avec quelques anachronismes (journal daté de 2007,...), qui, de concert avec le récitatif de l'acteur principal, plante le décor d'un port normand dans sa réalité mais non sordide. Le film joue avec les clichés librement, les maîtrise et les utilise à souhait, du penchant pour l'alcool de Marcel au bar des habitués. Mais une histoire superbe aussi, dans sa toute simplicité, celle d'un enfant, Idrissa , qui, venu d'Afrique, rencontre un soutient indéfectible auprès des habitants de ce faubourg du Havre qui, de presque triste au début, entre ses vieilles façades et ses tables en formica, en devient attachant et même beau. Un jeu avec une esthétique crue à souhait, qui semble se cantonner au Havre lui-même (elle disparaît lorsque Marcel se rend à Calais). Un Havre qui, malgré tout, enchante : il faut se garder des clichés, ou, comme le réalisateur, en jouer avec grâce.