Après "Bowling", une équipe de film réinvestit la Bretagne une fois de plus pour donner naissance a un nouveau monstre infâme : "Les Seigneurs". A la différence que cette fois, la Bretagne (binious inclus) passe pour une région moyenâgeuse sans internet ni réseau, où les gens (des autochtones, diantre!) confondent débit internet avec débit du robinet.
Réunissant une ribambelle de comiques (au sens large) télévisuels (histoire de rappeler qu'après tout, le destin du film est d'y être diffusé en prime), le niveau de maturité du film se rapproche facilement de celui d'un enfant de deux ans. Ici, on rit (ou pas) de caca, de slips sales et de vomi (qui plus est, celui de Ramzy). Le niveau de l'interprétation ne va pas plus haut que les quelques vagues qu'on voit dans le film: Joeystarr par exemple, avec sa gueule de clochard renfrogné (très crédible en joueur de foot, mais pas autant que Franck Dubosc) ne fait que vomir ses répliques: on n'y comprend guère!
Face à un scénario si complexe (dont les conflits -la fin par exemple, sont résolus par la fée Clochette) et des personnages habilement caractérisés, seuls trois mots viennent à l'esprit: mais c'est nul! En effet, c'est nul. Pour justifier son existence, le film mêle (autre point commun avec "Bowling") sa piteuse intrigue avec un problème social (ici, c'est une usine menacée de fermeture -avec un caricatural ton chauvin anti-européen en fond), sans le moindre souci de cohérence. Car "Les Seigneurs" est l'exemple type du film budgeté à 20 millions d'euros, dont les stars gagnent presque autant qu'un vrai joueur de foot et qui se permet de glorifier la simplicité et l'humilité. Il y a là un vrai problème.
Visuellement, le film est très pauvre (mouvements de caméra inutiles, rotations gerbantes). Niveau musique, l'ensemble est un gloubiboulga de tubes connus maintes fois digérés et vomis.
La ligne d'intrigue incluant le personnage de Frédérique Bel (qui est amenée sur l'île afin de visuellement satisfaire des joueurs en manque de sexe) est glauquissime. On pouvait au moins s'attendre a une critique du monde du football (la scène avec Jean Reno laisse entrevoir l'ébauche d'une opinion sur la reconversion des anciens joueurs). Hélas, non.
Pour saupoudrer le tout, l'habituelle morale réactionnaire (la famille séparée réunie, tout les problèmes sont pardonnés) vient chapeauter cet ensemble médiocre. Il n'est pas dans mon usage d'utiliser ce genre de formule et il ne faut pas, mais ici, pas le choix: "Les Seigneurs", c'est de la merde.
Source: Plog Magazine, les Critiques des Ours
http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2012/10/les-seigneurs.html