Au fond, je savais pertinemment à quoi m'attendre avec le Godzilla made in Emmerich, et c'était lui faire une fleur que d'émettre un doute quant à la supériorité de la dernière version en date. En ce sens, ce premier remake américain du légendaire Kaijū japonais est l'exemple typique du divertissement sympathique pour un môme, et une fois révolu le temps de l'enfance ce dernier apparaît sous son vrai jour : un sacré navet. Sans plus digresser, on peut donc qualifier ce Godzilla de raté dans tous les sens du terme (ou presque), n'étant "sauvé" (qui est un bien grand mot) que par ses effets spéciaux on ne peut plus corrects (avec Emmerich pas de surprises sur ce plan, le budget n'était pas ridicule) ; abordons d'ailleurs le design du monstre, plus que revisité pour le coup (les puristes ont dû serrer des dents), et qui bien que trop "dinosauresque" de mon avis reste aussi osé que satisfaisant (mais on lui préférera sans hésitation l'original). Pour le reste, le visuel fait preuve d'une banalité affligeante, entre mise en scène téléphonée, explosions à tout va et compagnie, énième preuve d'un Roland Emmerich en manque cruel d'inspiration (et d'originalité, cela va sans dire). Dans la forme l'ensemble se veut donc passable, et, assurément, il en est bien pire concernant le fond : bien entendu Godzilla ne se prête pas de prime abord à une intrigue sensationnelle, mais le fait est que les ficelles grossières usées ici font peine à voir. En bref le scénario est une déroute totale, arborant péripéties et rebondissements limites insipides, auxquels s'ajoutent (comme si cela ne suffisait pas) d'importantes longueurs (le film est d'ailleurs bien trop long) ; sur ce point, plus qu'une éventuelle carence d'action, c'est la faiblesse inhérente aux personnages qui entre également en jeu. Ceux-ci sont en effet en tous points décevants, pour ne pas dire agaçants, comme l'illustrent si bien le fadasse Nick Tatopoulos (Matthew Broderick n'en mène pas large) ou encore l'invivable Audrey Timmonds ; dans une même veine, leurs diverses interactions plombent de par leur prévisibilité une intrigue globale déjà pas fameuse, et que dire du groupe de français ! Tel un cheveu sur la soupe, ces derniers ajoutent au manque de crédibilité du long-métrage, notamment car amusant (pour être poli) malgré eux : des stéréotypes en veux-tu en voilà (le mythe du Jean-machinchose, le croissant etc) et un Jean Reno cabotinant à n'en plus finir (à défaut de pouvoir relever le niveau déplorable du film). Enfin, cerise sur le gâteau, la séquence du Madison Square Garden avec ce remake de Godzilla virant au remake de Jurassic Park : les bébés monstres donnant la chasse font en effet penser à l'anthologique scène des vélociraptors, à ceci près que le résultat est ici déplorablement ridicule, ni plus ni moins. En résumé, ce G.I.N.O (Godzilla in name only, appellation plus qu'adéquate en la matière) n'usurpe d'aucune façon son statut de navet, en sa qualité de divertissement raté tenant d'une mauvaise série B ; et s'il n'y a rien à sauver dans le fond, il en va finalement de même pour la forme, dont les quelques (rares) bons points paraissent en l'espèce bien dérisoires. Emmerich signait donc là un sommet de banalités consternantes, à l'ambiance pas prenante pour un sou et aux personnages/dialogues idiots.